Partie I : Nouveau départ (section 4)

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Monie m'accompagna ensuite jusqu'à ma tante et Ma Dame. En traversant la grande maison, je pus enfin admirer les lieux. Cela n'avait rien à voir avec la maison de ma tante. Ici, tout hurlait richesse et propreté, allant des tapis au carrelage éclatant et même aux différents tableaux. Ces derniers dépeignaient tous un jeune garçon, assis sur une chaise,qui fixait celui qui le regardait. Ses yeux presque jaunes détonnaient avec la couleur plus sombre de sa peau.

La foulée pressée de Monie ne me laissa pas le temps de l'admirer plus en détail. Nous descendîmes un escalier de marbre qui nous mena jusqu'à une grande porte gardée par deux valets. En nous voyant, l'un d'entre eux entra dans la pièce et annonça mon arrivée.

- Faites la entrer, entendis-je une voix féminine inconnue lancer.

Le second valet m'invita à suivre les pas du premier. Je passais la porte en prenant garde à tenir les pans de ma robe trop grande pour qu'elle ne traîne pas sur le sol.

La pièce, vraisemblablement un salon, était un bain de soleil. Un de ses murs était principalement composé de fenêtres qui donnaient sur un jardin de fleurs. Au plafond, un lustre aux milliers de diamants renvoyait le moindre rayon de lumière dans tous les sens. Au bout de la pièce, trois canapés pourpres étaient placés en arc de cercle autour d'une table contenant tout un tas de mets. Deux personnes y étaient installées. L'une d'entre elles était ma tante. Habillée dans une robe bleue claire, elle était assise raidement et, contrairement à son habitude, souriait. En face d'elle se trouvait celle qui devait se faire appeler Ma Dame.

Ma tante, grâce à ses grands yeux et ses cheveux flamboyants, avait toujours été considérée comme la plus belle femme de la pièce. Cependant, comparée à celle qui l'accompagnait, elle faisait pâle figure. Je n'avais jamais vu une telle beauté. Tous les éléments de son visage étaient en harmonie, en partant de sa peau brune nacrée, à la courbe pulpeuse de sa bouche jusqu'au bleu turquoise de ses yeux. Même l'air autour d'elle ondoyait gracieusement, sans parler de sa robe couleur pêche qui la mettait encore plus en valeur.

- Tu dois être Odiana, déclara-t-elle d'une voix claire.

J'acquiesçais en m'inclinant profondément.

- Je le suis. Et je vous remercie de nous avoir accueillies, ma tante et moi, dans votre somptueuse demeure.

La femme émit un charmant petit rire.

- Elle n'est pas du tout comme tu me l'avais décrite, Calianore.

Entendre quelqu'un appeler ma tante par son prénom me surprit. Personne ne lui parlait aussi familièrement. Elle avait toujours été Madame, Madame Calianore ou ma tante.

- Disons qu'elle a ses bons jours, marmonna cette dernière en me faisant signe de me relever. Viens t'asseoir à côté de moi.

- Non, l'interrompit Ma Dame avant que je puisse faire le moindre mouvement. Laisse-la venir s'installer à mes côtés. Je veux la voir de plus près.

Je lançais un regard interrogateur à ma tante. Cette dernière sourit poliment à son amie avant de me faire signe de lui obéir. J'allais donc m'installer à côté de Ma Dame dans le confortable canapé. À peine fus-je assise que ses longs doigts attrapèrent mon menton pour me dévisager.

- Tu es plus jolie que ce que ta tante a laissé entendre. Tes cheveux sont tellement noirs qu'ils devraient être encore plus sombre que ceux de mon fils.

Je repensais au petit garçon sur les tableaux. Il avait la peau beaucoup plus claire que celle de cette femme mais il pouvait s'agir son fils.

- As-tu des talents, mon enfant ?

La Nouvelle Vie d'OdianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant