Partie III : Le bal (section 4)

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Je m'affalais lourdement contre mon sauveur. Autour de nous, j'entendis plusieurs personnes hoqueter.

- Odiana, vous allez bien ?

Je levais les yeux vers celui qui venait de m'épargner une honte monumentale et rencontrais ses iris miel. Étrangement, je l'avais reconnu avant même de croiser son regard.

- Je crois que oui, balbutiais-je.

Pendant un moment qui me parut une éternité, Monsieur Elias me garda contre lui. Il fixait mon visage avec un mélange d'inquiétude et autre chose d'indéchiffrable. Puis, il parla et le charme qu'il exerçait sur moi se rompit.

- Qu'avez-vous donc fait à la gravité pour qu'elle s'acharne ainsi sur vous ?

Il avait murmuré cela d'un ton plus ennuyé qu'amusé, ce qui m'embarrassa encore plus que si j'étais réellement tombée. Je me défis raidement de sa prise. Il me laissa faire sans protester et fit tomber lourdement ses bras le long de son corps.

- Je vous remercie, dis-je en m'inclinant poliment.

Autour de nous, plusieurs autres personnes suivirent mon exemple. Il devait tout juste être arrivé.

- Tu es là ! S'exclama la voix stridente de Germina.

Elle se précipita vers lui et en profita pour me bousculer d'un coup d'épaule. Cette fois, je ne me laissais pas déstabiliser mais je ne pus retenir la grimace quand je la vis se courber tellement bas qu'elle était presque allongée sur le sol.

Monsieur Elias la dévisagea avec un regard vide, l'air de se demander qui était la fille qui se ridiculisait devant lui. Il devrait pourtant la connaître si elle lui était assez proche pour lui parler de moi, comme Germina l'avait affirmé à ses amies.

Sans même s'incliner en retour, il releva la tête vers moi.

- Êtes-vous blessée ?

J'eus du mal à réaliser qu'il me posait une question. La dernière fois que nous avions parlé, il m'avait menacée à demi-mot. Néanmoins, la dernière fois que nous nous étions vus, je lui avais presque confessé un amour illusoire. Était-ce pour cela qu'il semblait soudainement plein de sollicitude ?

- Non, je vais bien, mentis-je.

A vrai dire, je m'étais peut-être foulée la cheville mais pas question de l'avouer devant un tel auditoire. Tous ceux qui nous entouraient écoutaient attentivement notre conversation.

- Elias ! S'écria Germina, indignée d'être ainsi ignorée.

Elle tenta de se relever malgré les froufrous de sa robe. Monsieur Elias prit du temps à se détourner de moi afin de la regarder faire sans faire un geste pour l'aider. Pourtant, il n'avait pas l'air d'être en colère contre elle, simplement perplexe.

- Qui êtes-vous ? Demanda-t-il finalement.

Je crus que Germina allait s'étouffer mais elle eut simplement un hoquet d'horreur.

- Vous vous moquez de moi, n'est-ce pas ?

Monsieur Elias se gratta l'oreille. Il était réellement dépassé. Même si cela était mesquin, je ne pus m'empêcher d'être un brin satisfaite. Au moins, son attitude me prouvait qu'il n'avait pas dit les horreurs que cette peste avait rapportées.

- Je m'appelle Germina Osborne, fille cadette du général Hermon Osborne.

Ce fut à mon tour d'être surprise. Cette peste faisait partie des quatre familles principales de la Haute Société. Voilà pourquoi son prénom me disait quelque chose. Son père était l'un des hommes qui avait permis à notre royaume de se défendre durant la Guerre du Quart de Siècle en dirigeant une bonne partie de ses armées. Aujourd'hui, il avait acquis tellement de puissance au sein d'Ariadore qu'il était l'un des principaux conseillers du roi. Pourquoi la fille d'un tel homme courait après quelqu'un comme Monsieur Elias ?

La Nouvelle Vie d'OdianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant