Partie VIII - Le Roi (section 4)

13 3 0
                                    


Ron sortit le premier et me tendit la main afin de m'aider à descendre les marches à mon tour. J'acceptais son aide avec un sourire moqueur :

- Vous ressemblez presque à un gentleman.

- Presque, releva-t-il avec un clin d'œil.

Je levais les yeux au ciel avant de les baisser immédiatement sur l'édifice qui me faisait face. Même si j'étais à la Capitale depuis plus d'une semaine, je n'avais jamais vu le Palais Royal autrement qu'en photo. À l'effigie d'Ariadore, il n'était pas très imposant tout en restant d'une beauté incroyable. Je comprenais pourquoi certains se déplaçaient pendant des mois afin de venir l'observer. Entre sa façade composée d'innombrables fresques gravées dans du métal doré et son couloir d'arches permettant d'atteindre la porte d'entrée qui me semblait minuscule vue d'ici, j'étais subjuguée.

Ron et moi nous mîmes à avancer vers celle-là en silence. Nous passâmes en dessous des arches et je remarquais que sur certaines d'entre elles était sculpté le visage d'un Monarque. Je me demandais lequel de celui de Ron ou d'Elias y figurerait un jour.

Au moment où nous atteignîmes notre destination, la porte s'ouvrit et une femme à l'allure aussi stricte que ma tante en sortie. Elle me dévisagea de haut en bas, me faisant réaliser que je portais la même robe dans laquelle je m'étais rendue chez Monie en passant par des chemins de boue. Même si je n'avais pas eu vraiment d'autre possibilité, toutes mes robes étant restées dans la maison d'Elias, je regrettais de ne pas avoir pu enfiler quelque chose de plus raffiné afin d'aller voir le roi Ethanael.

- Imane, s'exclama Ron d'un ton enjoué qui contrastait avec l'expression morose de la femme, est-ce une manière d'accueillir l'héritier du trône et son invité ?

- Le Roi s'entretient toujours avec les représentants de Vésuve, nous informa-t-elle, ignorant par la même occasion la remarque de mon compagnon. Si vous voulez bien me suivre, je vous propose de patienter dans le salon de plaisance jusqu'à ce qu'il puisse vous recevoir.

- Bien sûr, accepta l'héritier sans se départir de son sourire. Tu sais à quel point j'aime tout ce qui comporte le mot « plaisance ».

La dénommée Imane l'ignora une nouvelle fois, ce qui l'amusa d'autant plus, et nous proposa de la suivre dans les méandres du château.

Je fus étonnée de découvrir qu'à l'intérieur, le Palais Royal ressemblait étrangement à la demeure de Ma Dame. À commencer par son tapis pourpre décorant l'entrée, en passant par les escaliers de marbre et les couloirs remplis de tableau et allant même jusqu'au salon dans lequel Imane nous conduisit, j'avais l'impression d'être de retour chez Ma Dame.

En la bannissant, le Roi n'avait pas laissé son amante démunie. Il lui avait construit un Palais Royal miniature.

Je comprenais en partie pourquoi Ma Dame n'avait jamais réussi à se défaire de ses ambitions. Avec un rappel constant autour d'elle de ce qu'elle avait perdu, elle n'avait jamais pu tourner la page. Il aurait fallu pour cela qu'elle quitte sa demeure et abandonne le peu qu'il lui restait et qui comptait à ses yeux.

J'avais de plus en plus de mal à la haïr.


L'attente fut la plus longue de ma vie, et c'était dire. Je ne touchais pas au thé qu'Imane me servit avant de s'éclipser ni ne m'asseyais sur les fauteuils du salon. J'étais bien trop anxieuse pour cela. Faisant les cent pas à la manière d'Elias, je tentais de faire le vide dans ma tête, ou au moins de l'organiser de sorte à ce que lorsque je sois devant le roi Ethanael, je ne perde pas ma voix ainsi que toutes mes fonctions cérébrales.

La Nouvelle Vie d'OdianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant