Partie VI : L'enlèvement (section 5)

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Trois jours plus tard

Le chariot était immobile depuis presque dix minutes maintenant. J'avais arrêté de trembler quelques heures auparavant et avais même réussi à dormir un peu. Ce fut un sommeil entrecoupé de cauchemars dans lesquels un homme apparaissait devant moi et enfonçais un couteau dans mon cœur. La première fois, il s'agissait du mercenaire qui m'avait enlevée, la deuxième de celui qui avait agressé Monie et la dernière... d'Elias. Il me regardait froidement en répétant les mots horribles qu'il m'avait dit la dernière fois que nous nous étions vus, juste avant que je me fasse enlevée.

- « Vous n'avez jamais été celle que je croyais. J'aurais préféré ne jamais vous rencontrer »

La porte du chariot s'ouvrit soudainement, laissant entrer une vive lumière qui m'éblouit. Je plissais des yeux en entendant quelqu'un monter avec moi. Il s'agissait du mercenaire.

- J'espère que vous avez passé une bonne nuit, Princesse.

Il s'approcha de moi alors que je tentais de reculer. Cependant, entre l'étroitesse de l'habitacle et les fers qui me maintenaient, je ne pouvais pas aller bien loin.

- Soif, marmonnais-je difficilement au détriment de ma gorge asséchée.

Je crus que l'homme allait me rire au nez mais il dégaina simplement une gourde et la versa au-dessus de ma tête. Je tentais tant bien que mal de récupérer le plus d'eau possible dans ma bouche. Malheureusement, il releva la gourde bien avant que je sois hydratée.

- Si vous voulez la suite, il va falloir être bien sage, m'avertit l'homme en tirant un tissu de sa poche arrière.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Une assurance.

Il leva le tissu vers moi et je compris qu'il allait l'utiliser comme bâillon. Je reculais ma tête le plus possible, l'évitant du mieux que je pouvais. Cependant, cela eut pour seul effet de l'énerver. Dans un geste violent, il m'attrapa soudainement la gorge et me plaque contre le mur du chariot.

- Ne testez pas ma patience, cracha-t-il dans mon oreille. Vous l'avez déjà bien trop épuisé.

Satisfait de me voir terrifiée, il se redressa.

- Très bien, maintenant mettons-nous en route Princesse.

Je n'avais jamais été embrassée alors la chaleur de la bouche d'Elias fut la première chose à me surprendre. La seconde fut ma réaction face à son audace. J'aurais dû le repousser, lui hurler qu'il n'avait aucun droit de faire cela et le faire jurer de ne pas recommencer. Pourtant, j'eus à la place la sensation de fondre de l'intérieur, comme si j'avais attendu cet instant sans le savoir et qu'enfin je pouvais le savourer.

Je passais mes bras derrière sa nuque et il glissa les siens autour de ma taille. Ce qui était au départ un baiser inattendu et timide se transforma en un feu ardent, faisant bouillir nos corps et nous emmenant dans une danse effrénée. Nous nous embrassions avec la frustration de notre dispute mais également avec la tendresse qui nous y avait poussé.

Lorsqu'il me repoussa, je crus qu'il m'arrachait mon propre corps, ne me laissant qu'un souffle court et des joues rougies.

- Quelqu'un approche, murmura-t-il au-dessus de mes cheveux.

En effet, maintenant que je ne me trouvais plus dans la frénésie du moment, je pouvais entendre des pas légers descendre les escaliers. Comme nous nous trouvions à côté de ce dernier, j'attrapais le bras d'Elias pour le pousser en dessous afin de nous cacher dans l'obscurité. Nous nous retrouvâmes alors collés l'un contre l'autre dans cet endroit exigu. J'entendais mon cœur battre sourdement dans mes oreilles, ou peut-être était-ce le sien, tandis que la personne passait à côté de nous. Quand elle fut partie, je me détendis contre Elias. Il passa doucement ses bras autour de moi et nous restâmes dans cette étreinte secrète encore quelques minutes.

La Nouvelle Vie d'OdianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant