Partie VI : L'enlèvement (section 7)

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Lorsque j'avais passé la porte de la demeure de Ma Dame pour la première fois, j'avais cru laisser le pire derrière moi. Pourtant, après avoir subi un chantage, des menaces, failli mourir plusieurs fois, avoir été sujette à des moqueries et des ragots... avoir été embrassée, j'avais du mal à croire que tout cela n'était que le début.

Inaya était peut-être en ce moment quelque part dans le royaume ou au delà. Allait-elle bien ? Était-elle blessée ? Comment allais-je la retrouver ?

Je ne pouvais plus compter sur l'aide d'Elias. Je ne savais même pas si j'allais le revoir un jour. Était-il même conscient de ma disparition ? Cela l'inquiétait-il ? J'aurais tellement voulu avoir une chance de m'expliquer avec lui, tout comme avec ma tante.

Inlassablement, ces pensées tournaient dans ma tête tandis que je patientais, ligoté et aveuglée sur une chaise. Soudain, j'entendis mon ravisseur ouvrir la porte.

Il retira mon bandeau, une brioche dans la main. À sa vue, mon estomac se tordit violemment. Je n'avais pas mangé depuis des jours, j'étais affamée.

- T'en veux ? Demanda-t-il en voyant mon air vorace.

J'acquiesçais. Il déchira un morceau et tendit la main pour le mettre lui-même directement dans ma bouche. Je ravalais le haut-le-cœur qui me prit lorsque ses doigts sales frôlèrent mes lèvres.

- Tu es bien gourmande Princesse, rit-il en réalisant que j'en voulais plus.

- Arrêtez de m'appeler « Princesse », grognais-je.

Le mercenaire eut un sourire insolent qui dévoila le peu de dents qui lui restaient. Puis, il avala tout rond le reste de la brioche sous mes yeux écœurés.

- N'est-ce pas ce que tu es, dit-il en s'approchant dangereusement. Une jolie princesse qui vient d'être enlevée par le grand méchant monstre. Je parie même que tu attends ton prince. Ne craint rien, il ne va pas tarder à arriver.

Je pris sur moi pour ne pas laisser ma surprise me trahir. Parlait-il d'Elias ?

- Si vous pensez réellement que quelqu'un va venir me secourir, vous vous êtes trompé de victime. Jamais personne ne payera pour moi, ne savez-vous pas qui je suis ? Une simple orpheline. Vous perdriez moins de temps à me laisser partir.

Pour prouver mes dires, je montrais du menton les vêtements de domestique de Monie que je portais encore.

- Ne t'inquiète pas pour moi, Princesse, sourit le mercenaire. Je sais très bien qui tu es et combien cette mission va me rapporter.

Il écarta les bras comme pour me prouver qu'il allait bientôt recevoir beaucoup d'argent.

- Vous vous trompez, répétais-je avec moins d'assurance.

L'homme éclata de rire.

- Je ne me trompe jamais ma jolie. Bientôt, ton prince te retrouvera, tu verras.

Je secouais la tête. Il ne devait pas parler d'Elias. Cela n'aurait aucun sens.

- Que lui voulez-vous ? Demandais-je néanmoins.

Le mercenaire haussa les épaules et attrapa son poignard pour jouer avec.

- Personnellement, rien. Celui qui m'a engagé, par contre, a un plan bien précis le concernant.

- De qui s'agit-il ?

Je le savais déjà, ou du moins j'en avais une idée. C'était la même personne qui m'avait attiré dans la cour, celui qui obéissant au doigt et à l'œil de Ma Dame.

Edmund.

J'étais certaine qu'il était derrière mon enlèvement, et à travers lui Ma Dame. Mais pourquoi ? Était-ce sa manière de m'éloigner d'Elias, maintenant que j'avais échoué à le séduire ?

La Nouvelle Vie d'OdianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant