Partie III : Le bal (section 3)

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Après mon arrivée, le brouhaha reprit encore plus puissant qu'avant. J'entendis certains demander qui j'étais, d'autres expliquer que j'étais la protégée de Ma Dame. Dans tous les cas, le bruit était si fort que j'entendis à peine le nom de Germina quand il fut annoncé. Cela m'aurait fait rire si je n'étais pas émerveillée par la salle de bal.

Cette dernière était en réalité une immense véranda annexe à la demeure. Construit à la manière d'un dôme, son toit était fait intégralement de verre. De ce fait, les étoiles brillaient au-dessus de nos têtes, si belles que je me tordis le cou à les observer. Sans compter la décoration florale, cette pièce était sans doute la plus belle de la demeure.

J'aperçus ma tante s'approcher de moi. Soulagée de voir un visage familier, je l'accueillis avec un léger sourire.

- Tu as fait une sacrée entrée.

Je m'inclinais légèrement. Je l'avais peut-être vue quelques heures plus tôt, je devais tout de même la saluer durant le bal.

- J'avais quelque chose à prouver, expliquais-je.

Elle acquiesça gravement, comme si elle comprenait ce dont je voulais parler. Elle était habillée d'une robe violet foncé, très sobre par rapport au reste des invités.

- Voilà chose faite. Dorénavant, évite d'attirer l'attention sur toi.

Ma tante n'attendit pas ma réponse pour s'éloigner. Au début, je crus qu'elle agissait ainsi parce qu'elle était encore en colère contre moi avant de me rendre compte qu'en me laissant seule, personne ne m'approcherait. En effet, l'étiquette voulait qu'avant d'engager la conversation avec une inconnue, il fallait qu'une tierse personne fasse les présentations.

Cependant, les seuls autres individus que je connaissais ici étaient Ma Dame, que je ne souhaitais absolument pas croiser, et Monsieur Elias, qui apparemment n'était toujours pas arrivé. Avec personne pour m'introduire, j'étais destinée à passer la soirée dans mon coin.

Je soupirais. Finalement, ce bal allait être très long.

Je commençais à déambuler dans la salle. À défaut de parler aux invités, je pouvais écouter discrètement leur conversation. Peut-être trouverais-je un membre de la Haute Société.

Laissant traîner mes oreilles, je fis tout de même attention à ne pas croiser le chemin de Ma Dame. Il ne restait plus qu'à ce qu'elle me demande de chanter devant tout ce beau monde. De toute façon, la salle était assez remplie pour que je ne risque pas de la rencontrer.

- L'avez-vous vu ? Entendis-je soudainement la voix d'un homme s'exclamer.

Son ton exalté me fit ralentir le pas. Parlait-il de Monsieur Elias ?

- Non pas encore, répondit une femme de la même manière. On m'a dit qu'il enchaînait les scandales. Le dernier en cours mentionne la domestique d'une autre maison. La pauvre a perdu son emploi mais à quoi s'attendait-elle en fricotant avec un tel goujat...

J'avais du mal à imaginer le Monsieur Elias, si rigide et droit dans ses bottes, être au cœur d'une telle histoire.

- Oh quand on parle du loup, s'interrompit la femme.

- Ce n'est pas bien d'écouter les conversations des autres, murmura au même moment un homme dans mon oreille.

Je me figeais. Je reconnaissais cette voix. C'était celle de Monsieur Elias. Il était donc bien celui dont parlait ce couple ?

Faisant volte-face, je découvris avec surprise un faciès très différent de celui du fils de Ma Dame. Cet homme était à vrai dire tout son contraire, même s'il partageait environ le même âge et la même corpulence. Il avait une peau aussi claire que moi, des cheveux de blés et des yeux verts beaucoup plus sombres que les miens. En plus de cela, il abordait un sourire éclatant que je n'avais jamais pu apercevoir sur le visage de Monsieur Elias.

La Nouvelle Vie d'OdianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant