Partie IX - Révélations (section 3)

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Finalement, je n'eus pas à me battre tant que cela pour récupérer Inaya. À la suite de nos retrouvailles, le roi Ethanael proposa de lui-même que je l'emmène dans nos appartements. Il devait vouloir parler de politique le plus rapidement possible, sans avoir à s'encombrer de nos problèmes de famille.

Mon père fit mine de protester avant de se raviser. De toute façon, rien de ce qu'il aurait pu dire n'aurait eu la force de nous séparer. Je la tenais fermement dans mes bras tandis qu'elle sanglotait encore contre mon épaule. Malgré son incommodante robe, elle me paraissait anormalement légère.

- Je vais également prendre congé, annonça la reine Urielle en se levant à son tour.

Elle ne demanda pas l'avis de son mari avant de s'éloigner. Juste avant de l'imiter, je lançais un dernier coup d'œil à Elias qui était déjà en train de s'entretenir tout bas avec Ron. Sentant le poids de mon regard, il se tourna vers moi et me fit signe que je pouvais y aller sans me soucier de lui. Il avait ses propres batailles à mener.

À côté de lui, le général Osborne continuait de me dévisager avec une lueur menaçante dans le fond de ses pupilles. Je décidais de ne pas m'en inquiéter maintenant. Chaque chose en son temps.

Je suivis donc la reine Urielle hors de la salle du banquet, soulagée de pouvoir éloigner ma sœur de mon père. Une part de moi aurait voulu rester afin d'écouter le reste de la discussion mais je devais d'abord penser à Inaya et à son bien-être. Vu la manière dont elle s'accrochait à moi, la présence de mon père n'avait pas l'air de lui être bénéfique.

- Vous avez eu raison de vous faire entendre, me confia soudainement la reine Urielle, qui marchait devant moi. J'aurais fait de même à votre place et Dieu sait que j'aurais aimé que quelqu'un le fasse pour moi.

Surprise, je ne trouvais pas de réponse à lui donner. De toute façon, elle n'en attendait pas. Sans s'arrêter, elle continua son chemin, empruntant le couloir opposé au mien. Elle aussi était une femme qui devait vivre avec les choix que d'autres avaient pris à sa place.

- Tu n'auras pas le même destin, soufflais-je doucement dans l'oreille d'Inaya. Je te le jure.

Elle n'eut pas de réaction et je compris qu'elle s'était endormie. Je me dépêchais alors de la porter jusqu'à mes appartements.

Monie m'y attendait toujours et l'ahurissement qui déforma son visage en voyant Inaya dans mes bras valut tout l'or du monde.

- Ne me dites pas que..., commença-t-elle et je lui fis signe de se taire.

- Elle dort, expliquais-je.

Je posais Inaya dans l'énorme lit et elle en sembla encore plus petite. Elle avait maigri, j'en étais sûre.

- Est-ce qui je pense ? Chuchota Monie.

J'acquiesçais, n'y croyant toujours pas moi-même. Prenant mon courage à deux mains, je lui racontais tout ce qui s'était passé durant le banquet.

- Je ne comprends pas, murmura-t-elle à la fin de mon récit. Vous êtes partie durant à peine plus d'une heure afin d'aller manger en compagnie du roi. Au lieu de cela, vous revenez avec votre sœur disparue dans les bras en m'annonçant que votre père est vivant et sûrement responsable de l'incendie. En plus de toute cela, vous n'avez pas vu l'ombre de la nourriture. Ce doit être le repas le plus inattendu de l'Histoire.

J'acquiesçais en caressant distraitement les mèches qui s'étaient égaré sur le front d'Inaya, endormie. Je n'arrivais pas à croire que je touchais sa peau et sentais son odeur, elle que je pensais avoir perdu pour toujours.

La Nouvelle Vie d'OdianaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant