Fire Emblem Three Houses : Byleth Eisner

Chapitre 9 : part 1

L'opulente poitrine de Manuela se tient au-dessus de moi. Sa robe peu académique laisse voir un profond décolleté qui attire le regard. L'enseignante de magie blanche fait aussi le travail de soignante. Elle est penchée par-dessus moi afin d'inspecter une blessure sur mon avant-bras gauche. La légère pression de ses doigts sur ma peau m'a réveillé. Je sens que mon corps lourd n'a pas bougé depuis un long moment. Lorsqu'elle se redresse enfin elle libère un petit hoquet de surprise en voyant mes yeux ouverts qui surveillent ses mouvements.

- Vous êtes enfin réveillée mon enfant ?

Mon enfant ? Je suis toujours surprise par l'emploi de cette expression. Je tente de me relever sur mes coudes. Mais l'ancienne cantatrice place ses deux mains sur mes épaules pour me maintenir allongée.

- Tututu ! Vous avez dormi presque 5 jours. Il faut que vous repreniez des forces à présent. Je pars vous chercher à manger.

Cinq jours, je soupire en passant ma main dans mes cheveux. Je suis capable de longs sommeils. Surtout après avoir fait usage du feu. Mais cinq jours c'est certainement mon record. Manuela a refermé la porte derrière elle. Dans la lumière de l'après-midi je vois Sothis lentement apparaître, elle s'étire, s'éveillant à son tour. " Tu sais tu as battu un autre record à Remire." J'observe la fantomatique apparition, attendant qu'elle développe. Elle soupire et regarde par la fenêtre. " Pour ta gouverne tout le monde va bien. Je peux les voir d'ici. Je ... Mais oui, je crois qu'ils dansent dans les jardins." Je demande à Sothis pourquoi elle fait ça. Elle se retourne, complètement à contre-jour, je ne vois que ses contours se dessiner dans la lumière. " Tu n'es pas contente d'apprendre qu'ils vont bien ?" Si, bien sûr, elle a raison mais j'aimerais être avec eux aussi. " Ma compagnie ne te plaît pas ?" Je regarde l'entité, elle s'est retournée et se tient avachie contre la fenêtre. Ses cheveux verts tombent plus bas que ses pieds replié sous elle comme si elle était assise sur une chaise invisible. Je ne lui répond pas, elle sait parfaitement ce que je ressens. Mes sentiments contradictoires pour elle. Je l'aime et je la déteste, sa présence me pourrit la vie tout en me sauvant perpétuellement. Une malédiction ou une bénédiction, j'imagine que je ne pourrais trancher la question qu'à ma mort. " Haha, oui tu as raison. Je me suis éveillée en pensant qu'il faudrait encore que je te gronde pour tes actes inconsidérés. Mais que pouvais-tu faire ? Hum ? Je me suis demandé ce que j'aurais fait à ta place ? Je n'avais aucune réponse." Je ressens le sentiment de mélancolie qui l'habite. Une déesse, oui c'est vrai, contrôler le temps est bien un pouvoir qu'on ne peut imputer qu'à une divinité. Mais la déesse Sothis, que l'Église encense, qui sait tout, qui peut tout, n'est pas cette enfant perdue, sans mémoire, enchaînée au corps d'une pauvre humaine, tout aussi amnésique qui peine à comprendre ses congénères. " Hey, ça va ! De un je ne suis pas une enfant ! De deux, ouais on ne fait pas la paire mais que veux-tu ?! Et puis, pourquoi tu te sens aussi minable ? Tu as pu sauver tout le monde non ? " Je soupire, elle a raison. Mais comment considérer cette dernière bataille comme une victoire au vu du nombre d'innocents qu'on a massacrés sur notre chemin.

La porte s'ouvre sur Manuela qui transporte un plateau sur lequel repose un énorme bol contenant une épaisse soupe. Elle pose le plateau sur une table qu'elle avance au bord du lit, m'aide à me redresser en positionnant mieux les oreillers dans mon dos et me propose une première cuillère. Je récupère le couvert de sa main avant qu'elle ne l'avance plus encore vers ma bouche.

- Je vous remercie mais je peux m'alimenter seule.

La soignante rit.

- Oui, bien sûr. C'est qu'en cinq jours j'ai pris certaines habitudes. Il fallait bien vous nourrir.

Elle se redresse et repart à son petit bureau qui est disposé dans le coin de la pièce. J'ingurgite lentement cette soupe qui n'est pas très bonne, observant Sothis du coin de l'œil qui continue à regarder au travers de la fenêtre. Je ne remarque pas qu'un nouveau visiteur se tient près de l'entrée restée ouverte. L'apparition de Sothis, que Manuela avait traversé en allant s'assoir, se retourne et dévisage l'homme avant de lentement disparaître. Seteth fixe la fenêtre encore quelques secondes avant de poser les yeux sur moi.