Fire Emblem Three Houses : Byleth Eisner

Chapitre 13 : Claude

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Cela fait cinq années que nous avons quitté le monastère. Cinq ans que Fodlàn évolue entre affrontement et paix factice. Je n'avais vraiment pas le temps pour ces retrouvailles. Pourtant m'y voilà. Ils sont tous venus d'ailleurs, enfin, presque...

J'ai pris le soin d'envoyer quelques hommes il y a deux jours afin de m'assurer que le site était sûr. L'Empire a abandonné le monastère il y a de ça deux ans. Ce n'est plus un point aussi stratégique depuis que la grande impératrice a réussi à soumettre le royaume de Faerghus et que certains membres de l'Alliance lui ont prêté allégeance. Je me bats pour maintenir une frêle cohésion au sein des frontières de l'Alliance, tandis que le comte Gloucester s'acharne à me mettre des bâtons dans les roues. Cette réunion me permettra au moins de parler avec Lorenz avant le prochain conseil, je sais qu'il ne rejoint pas les idées de son père. Pourrais-je le convaincre de s'associer à moi pour mon prochain plan ? J'ai des doutes et je manque de levier de pression, même si je sais que Lorenz adhère à mes idées il est plus que probable qu'il restera loyal à son père. Je perd patience et je ne sais pas si je pourrais encore longtemps m'investir dans l'Alliance. Si ces retrouvailles n'aboutissent à aucun accord je repartirais et cette fois-ci définitivement. J'abandonnerais l'Alliance à l'impératrice et je prendrais soin des frontières, afin qu'elle ne puisse pas étendre la fureur qui l'habite à d'autres terres... à mes terres.

Je souris à ces visages qui m'entourent. Ils sont tous là. Tous sauf un évidemment. Je m'étais promis de ne pas y penser. Mais c'est impossible, pas ici, pas avec eux. Elle n'est pas là et ça me fait encore mal.

Nous dînons et trinquons à ces retrouvailles, bien qu'elles n'aient pas eu lieu dans les meilleures conditions qu'il soit. Les festivités pour fêter le millénaire de l'Église de Seiros n'auront jamais lieu. L'Empire y a mis un terme. Lorenz et moi nous lançons régulièrement des œillades. Il a aussi à me parler. Mais pas devant les autres. Il va falloir qu'il patiente. Je lui fais mon plus beau sourire juste pour le voir soupirer d'exaspération. Que croit-il, ce n'est pas ces quelques mois d'absence qui vont me changer. Je compte bien continuer à le taquiner. La nuit tombe et les étoiles ont rarement été aussi belles. Ces étoiles sont les même que nous avons contemplé tant de fois elle et moi. Merde... J'ai envie de pleurer, cinq ans d'absence et revenir ici m'est complètement insupportable. Je me lève avant que quelqu'un ne remarque quoi que ce soit. Ma poitrine s'est resserrée et chaque battement de mon cœur me déchire un peu plus. J'avance vers un pan de mur à l'abri des regards. Il faut que je m'appuie quelques secondes. J'inspire et me force à penser à Fodlàn, à ce que je dois dire à Lorenz, aux prochaines réunions de travail. Que va t'il se passer si Lorenz accepte mon plan, que pourront faire mes ennemis pour me contrer. J'échafaude un arbre d'actions et de réactions et chaque extrémité doit me conduire à la victoire. Je ne comprends pas que toutes mes dernières tentatives d'unification de l'Alliance aient pu échouer aussi lamentablement.

Je regarde le paysage qui m'entoure, face à moi les dortoirs, au rez-de-chaussée, la chambre la plus à droite est celle de By, était celle de By. J'ai longtemps cru qu'elle reviendrait, maintenant je dois m'y résoudre, elle est vraiment partie. Je me revois ici même à regarder dans cette direction pour voir si sa fenêtre est allumée. La lumière de sa lampe vibre un peu, comme l'abdomen d'une luciole, j'y vais. Il faut que je vérifie. Si elle ne dort pas c'est qu'elle doit nettoyer ses lames, où étudier un de ces livres d'histoire sur Fodlàn. Elle qui détestait tellement lire et a fini par apprendre tout ce qu'il y avait à savoir sur l'Église de Seiros et l'histoire de ces terres. J'ai mis du temps à comprendre pourquoi Seteth lui avait donné autant de devoirs. Mais il devait déjà tout savoir sur elle. Rhéa et lui ont été plus malins que moi, ils avaient des plans pour Byleth, je n'en saurais jamais rien. C'est horriblement frustrant. Je me frotte le visage. J'ouvre la fenêtre, elle n'est pas là. La chambre a été pillée, il n'y a plus rien, pas de lumière non plus. Cette pièce vide et sombre fait écho à mes sentiments. Il ne m'était jamais arrivé d'avoir ce genre d'illusions. Il faut que je parte d'ici. Je me dirige vers le feu de camps. Si je reste absent plus longtemps ils vont s'inquiéter.