Chapitre 26 :

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Malgré l'absence, personne n'est plus présent dans mon esprit que toi. 


Je venais d'avoir deux heures d'anglais et maintenant j'avais deux heures de cours de littérature. Je n'avais plus revu Maël depuis le soir où il était venu chez moi, c'était un vendredi et il y avait eu le week-end entre temps. Je ne savais pas très bien comment j'étais censée agir désormais. Ignorer ce qu'il s'était passé ? Ou nommer Maël mon nouveau confident ? Ha.Ha. Ce que je pouvais être hilarante. Je ne comptais pas en dire plus à Maël sur moi. Oui, ça m'avait fait du bien de me confier, mais c'était une erreur. J'avais brisé la première règle que j'avais établie pour mon nouveau départ : ne pas se confier sur le passé. Je n'avais pas dit grand chose à Maël, mais je lui avais montré que d'une certaine manière je tenais à lui. Que je ne le détestais pas. Et accorder sa confiance est la première étape pour se faire détruire. Ce qui était sûr, c'est que je ne voyais plus Maël de la même façon. Ce soir-là, j'avais constaté à quel point il était brisé, à quel point il se détestait. Avant, je le croyais simplement haineux. Détestant tout le monde. Désormais, je savais qu'en fait sa haine était pour lui-même. J'avais terriblement envie de connaître son passé,  il était si intrigant. Sauf qu'il l'avait dit lui-même : il était une bombe à retardement. Et je n'avais pas besoin de ça dans ma vie. 

Le cours commença et Maël n'était pas encore arrivé. Rien d'étonnant. Il était très souvent en retard. Dix minutes plus tard, quelqu'un entra sans toquer. A la vue d'une tignasse embroussaillée, je ne mis pas longtemps à comprendre qui était arrivé. 

- Monsieur Black, lorsqu'on est en retard, on toque à la porte généralement. 

Maël ne répondit rien, se contenta de lancer un regard nonchalant au professeur, l'air de dire : "OK, et qu'est-ce que ça peut bien me faire ?". Je haussai les yeux au ciel sans même m'en rendre compte et cherchai le regard de Maël quand il passa à côté de moi pour aller au fond de la classe. Il m'ignora et je sus que j'étais bien plus vexée que je ne le devrais. J'étais pathétique à me faire des discours comme quoi je ne lui raconterais plus jamais rien, puis à vouloir son attention dès que je le voyais. Bordel, cette dernière partie de la phrase ressemble à un discours d'adolescente amoureuse. Et je n'étais pas amoureuse de Maël. Rien que de devoir affirmer que je ne l'étais pas me fit comprendre que c'était une évidence. Je ne pourrais jamais être amoureuse d'une personne comme lui, ce serait du masochisme. Je lâchai un rire avant de me rappeler que j'étais au beau milieu d'une salle de classe. Tout le monde se retourna vers moi et le prof décida de ne rien dire lorsque je lui adressai un regard désolé. Je détestais avoir autant d'attention sur moi. Avant, j'adorais ça : j'étais une putain de m'as-tu vu. Je riais fort et me baladais entourée de tout un groupe. Avant la disparition de mon père, j'étais assez extravertie sans pour autant vouloir me faire remarquer. J'étais juste une fillette super sociale. Après, j'avais ignoré mes anciens amis et m'étais fait toute petite. J'étais devenue une loseuse que même son père avait abandonnée. Jusqu'à ce que je rencontre Jeremy et que je devienne celle qui sortait avec un gars plus grand qu'elle qui venait d'un autre lycée. Je devais avoir l'air confiante et puissante pour que Jeremy reste avec moi. Je devais être la meilleure. Je  ne comprenais pas trop pourquoi il avait voulu sortir avec moi, il avait deux ans de plus, ce qui était énorme pour une lycéenne, était magnifique et était un chasseur. Toutes les filles voulaient sortir avec lui et il en profitait. Mais, soudainement, il avait rencontré cette fille perdue dans un bar et avait décidé de lui sauver la vie avant de la détruire. Il était réellement tomber amoureux de moi, je le savais, mais d'une passion destructrice.

La cloche sonna, me sortant de mes pensées. Maël sortit de la pièce et ne m'attendit même pas. Ce qui était ridicule vu que l'on mangeait à la même table. Au moins, ces derniers temps, étrangement, on marchait côte à côte pour aller à la cafétéria. On ne parlait pas vraiment, mais cela paraissait logique. Et puis, c'était le seul cours que l'on avait que tous les deux, et il n'était qu'une seule fois juste avant la pause. Sinon, Charlie était avec nous et il nous faisait la conversation. 

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