Chapitre 46 :

132 10 0
                                    


Dans la vie, fais confiance à ceux qui peuvent voir ces trois choses : ta peine derrière ton sourire, ton amour malgré la colère et la raison de ton silence. 


Maël me regarda longuement, me dévisagea et me cracha presque au visage :

— Rien, il ne se passe rien. 

Puis, il tourna les talons et s'en alla. Mon coeur se brisa un petit peu plus. Encore une fois, je m'étais laissée avoir. Il avait joué avec mes sentiments. J'avais été attirée par lui, un instant j'avais espéré qu'il dise quelque chose d'autre que "rien", mais sa réponse m'avait ramenée à la réalité. Je ne pouvais rien attendre de lui, Maël ne pouvait pas ressentir ce genre de sentiments. Moi non plus d'ailleurs, normalement... Je ne devrais même pas ressentir cette attirance pour lui, mais c'était tellement plus fort que moi. Pourquoi étais-je maudite à ce point ? Je devais me débarrasser de ce que je ressentais pour lui avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'il n'ait toutes les cartes en main pour me briser. J'avais besoin de me changer les idées. Je finis donc par suivre les pas de Maël et par rentrer à la villa. Je les retrouvai tous attablés, sauf Maël à mon plus grand soulagement, et tous me dévisagèrent. 

— Quoi ? demandai-je sèchement, un peu sur les nerfs. 

— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais ça n'annonce rien de bon, dit Aloïs. 

— Maël est rentré en furie il y a quelques minutes et te voilà dans le même état, continua Bastien. 

Emily me regarda avec inquiétude tandis que Charlie essayait de comprendre ce qu'il était arrivé. Il ne devait pas y comprendre grand chose, tout ce qu'il avait vu c'était une Alexie et un Maël tourmentés, une Alexie fuyant, puis un Maël lui courant après. Dans sa tête, cela devait être encore plus confus que dans la mienne. Quoique... je n'étais pas sûre que cela soit possible. J'ignorai le regard de mes amis et pris une orange dans le frigo. Je sentais encore leurs regards sur moi et cela m'agaçait, il fallait que je détourne leur attention.

— Ce soir, je fais à manger. Ce que vous voulez tant qu'on a ce qu'il faut dans le frigo. 

On avait vu meilleure diversion, mais au moins ils penseraient à ce qu'ils voulaient manger plutôt qu'à ce qu'il se passait entre Maël et moi pendant un instant. Après, je les chasserais de la cuisine pour préparer le repas et je n'aurais pas besoin de subir leurs regards interrogateurs. Finalement, ils se mirent tous d'accord sur des lasagnes et Bastien me demanda aussi une tarte à la framboise. Normalement, j'aurais eu la flemme, sauf que là j'étais prête à tout pour chasser leurs pensées me concernant. Comme prévu, ils sortirent ensuite de la cuisine. Me pensant enfin seule, je soupirai et me mis à chercher les ingrédients nécessaires pour les lasagnes. Viande hachée, fromage, herbes aromatiques, pâte à lasagne... Je me concentrai sur cela, ne laissant pas mes pensées vagabonder. 

— Je peux t'aider ? 

Je sursautai et lâchai un petit cri de surprise. Charlie était là, toujours vers l'endroit où il était assis auparavant, mais debout, et il n'avait sûrement jamais quitté la cuisine. 

— Non, ça va, t'inquiète. Je me débrouille pour vous faire votre plat. 

Il me regarda longuement, je savais qu'il ne me proposait pas seulement son aide pour la cuisine, mais j'avais sciemment décidé d'ignorer cette partie. 

— Vraiment, cela me ferait plaisir. Et personne ne gère la béchamel comme moi. 

Mensonge. Gros mensonge. Charlie ne savait même pas faire cuire des pâtes. Néanmoins, je savais qu'il n'allait pas me lâcher, donc je lui permis de m'aider. A cuisiner, rien de plus. Il sortit son téléphone, chercha sûrement une recette de béchamel, et on resta un moment dans le silence. Pour une fois, le silence n'était pas agréable, il était plein de non-dit.

Save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant