Chapitre 23 :

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Les dents du passé ont des crocs acérés. Plus vous ne lâchez pas prise et que vous vous ressassez vos mauvais souvenirs, plus votre présent portera les marques de ses blessures. 


- Oh mon dieu ! Yes, enfin !

Je venais de descendre à la cuisine et tous les regard s'étaient braqués sur moi lorsque Charlie s'était écrié. Un grand sourire apparut sur le visage de tous et je restais au seuil de la cuisine confuse. Qu'est-ce qu'il se passait ? Voyant que je ne comprenais pas, Charlie continua :

- Tu portes son T-shirt. 

Il fit un jeu avec ses sourcils, mais cela ne me fit pas rire. J'étais bien trop perplexe, ne comprenant vraiment pas où il venait en venir. 

- A Maël..., m'éclaira Emily. 

Sérieusement ? Le T-shirt que j'avais pris hier soir devait évidemment être le sien ? Je sentis mes joues rougir et je baissai la tête avant de m'expliquer :

- Euh...je l'ai trouvé dans la commode de la chambre d'amis. Je n'avais pas de pyjama et je ne voulais pas dormir en robe. 

J'étais vraiment gênée, et je regrettais d'avoir été bien trop perturbée par cette annonce pour ne pas avoir sorti un sarcasme et faire comme si je m'en fichais. Ce que j'aurai fait immédiatement si le T-shirt appartenait à Charlie, par exemple. Maintenant, la situation était encore plus humiliante. En tout cas, j'étais contente que Maël ne soit pas là pour assister à ce moment. Mais d'ailleurs pourquoi Charlie avait l'air si content ?

- Ah oui, je me rappelle, on s'était dit que l'on allait mettre nos vieux habits dans la chambre d'amis pour dépanner si besoin, se rappela Mathias. 

- Je vais aller me changer, annonçai-je. 

Ils hochèrent la tête et je repartis en direction de l'étage, les joues toujours brûlantes. Pourquoi ça avait dû être le sien ? Je montai les escaliers quand une voix m'interrompit :

- Attend, c'est mon T-shirt ça. 

- Ne mettez pas des habits à disposition si c'est pour être étonné que quelqu'un les porte après. 

Je montai le reste des escaliers à vive allure, instaurant le plus de distance possible entre lui et moi. J'allai chercher des vêtements dans la chambre d'Emily et retournai me changer dans la chambre d'amis. J'avais déjà enfilé un jeans et je me trouvai en soutient-gorge quand la porte s'entrouvrit. Je me penchai et me dépêchai d'enfiler un t-shirt avant de relever la tête. Maël était au seuil de la porte. Le regard braqué vers mes hanches. Son regard qui avait tout vu. Je me précipitai vers lui, mes yeux lançant des éclairs et commençai à lui crier dessus :

- On ne t'a jamais appris à frapper aux portes ? Va te faire foutre !

Maël ne dit rien, il fixait toujours mon bassin. Je le forçai à me regarder dans les yeux en levant sa tête avec ma main. Sans aucune délicatesse. Je pouvais voir de la pitié dans ses yeux et j'avais envie de le frapper. 

- Dégage. Et si tu en parles à qui que ce soit, ce seront tes dernières paroles, le menaçai-je.

Il entrouvrit la bouche, mais je le poussai dehors et refermai à clé derrière moi. Je m'écroulai contre le battant de la porte. Je pus encore sentir la présence de Maël derrière la porte pendant cinq minutes, puis je l'entendis s'éloigner. 

Quelqu'un vint toquer à la porte de la chambre d'amis plus tard dans la soirée. J'étais restée au moins trois heures assise en boule sur le sol. Je n'avais pas pleurer, non. J'étais bien trop en colère. Contre Maël, contre mon père, contre mon ex et contre moi. Comment avais-je pu être si faible ? Et comment avais-je pu laisser Maël voir cette partie là de ma vie. Autre que la pitié qu'il éprouvait pour moi, j'avais vu les morceaux de mon histoire s'assembler petit à petit dans sa tête. Je finis par me lever et dit à Mathias que j'arrivais dans cinq minutes. 

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