Chapitre 42 :

137 8 0
                                    


C'est durant les pires tempêtes de ta vie que tu découvriras les vraies couleurs des gens qui disent se soucier de toi.

 

— Emily ! criai-je en lui courant toujours après.

Elle continua sa route sans prêter attention à moi, puis elle ouvrit la porte de sa chambre avant de s'y engouffrer et de fermer brutalement derrière elle. Je n'entendis pas de clé tourner dans la serrure, alors j'ouvris la porte à mon tour et rentrai dans la chambre, complètement essoufflée. Emily était sur son lit, la tête dans ses coussins. Pourquoi réagissait-elle comme ça à mon récit ? Lui avais-je rappelé un mauvais souvenir ? Je m'approchai d'elle, puis je m'assis doucement sur le lit à ses côtés avant de lui poser une main dans le dos.

— Qu'est-ce qu'il y a, Em ?

Elle se retourna sur le dos, me faisant voir ses joues baignées de larmes. J'essayai de comprendre son expression, je n'y voyais que de la pitié et peut-être un brin de colère.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Je viens d'apprendre que ma meilleure amie a eu un putain de père de merde et que je ne le savais pas. Enfin, si, je le savais mais pas à ce point. Je t'ai tout confié, Alex, pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit ?

— Mais je t'ai dis que mon père m'avait abandonnée il y a longtemps, je viens d'apprendre qu'il était en prison, je ne pouvais pas deviner en avance.

— Tu l'as appris il y a deux semaines.

— J'avais besoin de faire le tri.

— Tu ne comprends pas, Alexie, j'ai l'impression d'être la pire meilleure amie de l'univers. Tu devrais pouvoir te sentir assez à l'aise avec moi pour tout me confier. Et tu sais, je ne t'en veux pas vraiment à toi en fait, je m'en veux à moi-même de ne pas avoir été assez présente pour toi.

— Tu es la meilleure des meilleures amies que j'aie jamais eu, Emily. Je n'aime pas parler de moi, c'est tout. Cela n'a aucun rapport avec toi, je ne veux pas que les gens aient pitié de moi, je ne veux pas qu'il me regarde en se disant : « La pauvre, son père l'a abandonnée et sa mère a failli se suicider.».

Emily se releva pour s'assoir sur le lit. Elle braqua ses yeux dans les miens.

— Je ne pense pas du tout ça en te regardant. Tout ce que je pense c'est : Putain, cette fille est incroyablement forte.

Je lui fis un sourire triste.

— Seulement en façade...

Elle sécha ses dernières larmes et se recoucha sur le côté. Mon amie me fit signe de la rejoindre et je vins me blottir contre elle. Emily passa un bras par dessus moi et me demanda pardon. Je lui demandai pourquoi et elle me répondit juste que maintenant elle était là pour moi. Tu l'es déjà tellement, avais-je envie de lui répondre. Mais je ne dis rien et fermai les yeux.

Lorsque je me réveillai, Emily était toujours profondément endormie à mes côtés. Je me dégageai doucement, ne voulant pas la réveiller, et sortis du lit sur la pointe des pieds. Une fois dans le couloir, j'entendis des voix en bas. Je regardai l'heure sur mon téléphone : vingt-deux heures trente. Évidemment que les garçons n'étaient pas couchés. Je ne savais pas si j'avais envie de les confronter alors je décidai de me rendre dans ma propre chambre. Ou la chambre d'amis qui m'était attribuée, comme vous préférez.

Sauf qu'à la place de retrouver ma solitude, je me trouvai face à un Maël perdu dans ses pensées, assis sur mon lit. Je m'éclaircis la gorge et il leva la tête vers moi.

Save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant