L'inconnu

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Le trajet dans l'ascenseur est silencieux. Je ne ressens pas le besoin de parler et lui non plus apparemment. Lorsque nous arrivons devant la porte de ma chambre je sors une clef et ouvre la porte. Je le laisse entrer, puis verrouille la porte de nouveau. Ma chambre est spacieuse et dans les tons bleu nuit et gris argenté. Un large lit à baldaquin trône au centre de pièce entouré de rideaux bleu nuit en velours. Les fenêtre sont cachées elles aussi par des rideaux épais. Une salle de bain spacieuse est accolée à la chambre avec une baignoire au centre et des lavabos en marbre. Le sol est une moquette grise claire. Mon client s'assoie près du bar dans un de nos confortables fauteuils. Il enlève sa cravate et la pose sur la table basse. Je pose la clef que je tiens dans ma main sur le bahut qui se tient à l'entrée de ma chambre, face au lit. Je ne suis pas gênée, j'ai l'habitude de tous les clients, mais celui-ci m'intimide fortement. Bien sûr, je ne laisse rien transparaître et je m'avance près de lui doucement.

« Alors mon beau, que veux tu que je te donne ce soir ? je murmure d'une voix sensuelle tout en m'approchant de lui. »

Son regard impassible me regarde faire sans dire un mot. Il prend un verre dans le placard vitré et se sert un whisky. Il en boit une gorgée puis sort un second verre et le remplit de whisky également.

« Bois. »

Sa voix est autoritaire. Je comprends alors le type de client que j'ai en face de moi. Un dominant, un homme qui a besoin de payer pour faire l'amour car certaines femmes n'acceptent pas de se faire dominer. Je bois une gorgée et m'approche de lui. Je m'assoie à califourchon sur lui. Il est si grand que sa tête me domine toujours de quelques centimètres.

« Dis moi ce que tu as envie de me faire ce soir, explique moi, lui murmurais-je à l'oreille. »

Pour toute réponse, il saisit sa cravate posée sur la table basse prends mes mains. Je comprends ses intentions et je joins mes mains. Il les attache, avec la plus grande précaution, avec sa cravate. Il se lève et sans que je ne puisse rien faire me porte avec ces deux bras et m'allonge sur le lit. Mon dos entre doucement en contact avec le velours bleu du dessus de lit. Il prend son temps pour fermer chacun des rideaux qui entourent le lit. Je regarde mon reflet dans le miroir accroché sur le baldaquin, au dessus du lit. Je reviens à mon client. Il se tient droit devant moi. Heureusement que les lits sont grands car sa tête aurait sûrement dépassée du cadre de celui ci. Il prends mes mains liées et les positionnent au dessus de ma tête. Il pose ensuite ses deux bras tendus autour de ma tête et nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres d'écart. Il me fixe de ses yeux gris livide, ses sourcils se froncent.

« Je ne te connaissais pas avant lundi dernier, commence-t-il, j'étais attablé au bar avec un collègue français qui m'avait parlé de cet endroit. Nous étions juste venu boire un verre. Et c'est à ce moment que je t'ai vu à l'autre bout du bar. Tu étais seule et complètement absente de l'endroit dans lequel tu te tenais. »

Je me rappelle soudain de lundi soir, entre deux clients, dont un particulièrement répugnant, je m'étais accordé une pause au bar du haul. Je me rappelle aussi que ce soir là, un inconnu m'avait payé deux verres au bar. Je ne m'étais pas attardé sur ce détail puisque c'est un événement qui se produit assez souvent. C'était donc lui ? Je ne l'avais pas remarqué parmi les autres clients auxquels je ne prête aucune attention. C'était donc lui.

Journal d'Arthémis, prostituée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant