La faute

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Il s'écarte et se laisse retombé sur le dos dans un long mouvement nonchalant. Je n'y prête pas attention. Je suis sur le dos et je sens sa semence en moi. C'est le seul témoin fiable qui me prouve que je ne suis pas en train de rêver. Je suis complètement sous le choc, ce gentlemen qui ne voulait rien d'autre que me posséder, qui était si puissant il y a encore quelques minutes...me répugnait. Ses lèvres me répugnait, sa seule présence sur le même lit que moi me donnait envie de rendre le contenu de mon estomac. Je regarde l'heure affichée sur un cadran de la table de chevet. Minuit cinq. Hors de question que je reste une seconde de plus dans la même pièce que cet homme. Je précipite sur le sol et rassemble presque aussitôt tous mes vêtements. Quand je le vois se lever du lit je ne réfléchis plus, je prends la clé de la porte et je la claque derrière moi. Je sors dans le couloir à lumière tamisée qui est parfaitement calme contrairement aux nombreux sentiments qui se bousculent dans ma tête. Je cours me réfugier dans la chambre en face de la mienne qui est celle de Métis. La porte est ouverte et cela me conforte dans l'idée que Métis n'a pas de clients pour le moment. Je ferme la porte à clef derrière moi. Les clefs de toutes les chambres des courtisanes sont identiques. J'entends la porte de ma chambre s'ouvrir, un moment se passe et je l'entend dire mon prénom. Mais pas pour me rappeler, c'était un murmure. Arthémis. Comme un regret. Je sens que mes jambes me lâchent et je tombe à genoux sur la moquette chocolat de la chambre de Métis. Je prends une inspiration. Je n'ai aucune envie de dénoncer le comportement de mon client parce que je me rappelle l'espoir dans les yeux d'Athéna. Elle croyait en moi, pour le garder deux heures et j'ai échoué. Je dois me sauver de la propriété le plus rapidement possible. Je sais que je n'avais aucun autre client que lui ce soir. Athéna avait prévu un débordement de l'horaire et ne m'avait donc rien prévue de la nuit. À part lui. À part Karl. J'arrive à me faufiler en discrétion jusqu'à l'ascenseur de derrière. C'est celui que prenne les célébrités qui ne veulent pas être vues dans des lieux de ce genre. Il est toujours désert, c'est une promesse de l'établissement. Je ne suis maintenant qu'en lingerie lorsque je sors au fond d'un des couloirs du grand haul. J'arrive à accéder au vestiaire en ayant évité les regards curieux. J'enfile mes vêtements en vitesse, à savoir un jean slim bleu clair avec un col roulé blanc, toujours accompagnés de mes bottes noires, de mon long manteau et de ma gavroche. Au moment ou je pose mon sac à main sur mon épaule droite Métis apparaît dans l'encadrement de la porte.

« Que se passe-t-il ma belle ? Me demande-t-elle l'air soucieuse, j'ai vu que tu t'étais réfugiée dans ma chambre. Je ne l'avais pas verrouillée et je l'ai trouvée fermée.

- Je t'expliquerai demain, affirmais-je, je n'ai vraiment pas envie de m'attarder ici ce soir.

- Ça a un rapport avec le Russe n'est ce pas ? Me questionna-t-elle en posant ses poings fermés sur ses hanches.

- Métis, dis-je alors que mes yeux se brouillaient déjà de larmes, j'ai dit pas maintenant.

- Tiens, elle écrivait sur un bout de papier. Mon numéro de téléphone. Je sais que c'est interdit mais si tu as un problème appelle-moi. »

Comme seule réponse, je la pris dans mes bras.

Journal d'Arthémis, prostituée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant