Sentiments

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On s'appuie tous les deux sur le mur le regard dans le vide et il commence.

« Je sais que tu ne cherches rien de sérieux Thimy, ne t'inquiète pas, je ne me fais pas d'idée.

- Merci, soupirais-je, mais je ne veux pas te perdre non plus.

- Alors que veux-tu ? Il faut que tu comprennes que je ne suis pas à ta disposition.

C'était le moment où jamais de lui avouer mes réels sentiments à son égard.

- Quentin, le jour où nous nous sommes séparés, j'ai énormément souffert. Pas à cause de toi, mais parce que j'ai réalisé que je ne pourrais jamais me poser avec quelqu'un, affirmais-je en plantant mes yeux dans les siens. Mon second boulot m'oblige à avoir des horaire impossibles et il est incompatible avec toute forme de relation amoureuse. Il finit toujours par empiéter sur ma vraie vie et c'est un enfer. Quoi que tu veuilles dire, tu fais parti de ma deuxième vie. Tu travaille ici avec moi et c'est contraire aux contrats que nous avons signés. Alors non, je ne veux pas courir le risque de souffrir de nouveau, le jeu n'en vaut tout simplement pas la chandelle.

- Je vois, dit-il en détournant son regard du mien, dans ce cas il vaut mieux que nous continuions nos vies séparément.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire Quentin, on peut quand même garder nos rencontres secrètes, mais pas en faire une relation officielle. Je ne veux pas perdre nos moments, affirmais-je.

- Oui mais moi je ne veux pas ça avec toi. Il appuya sur chaque mot avec une voix dure et dénuée de sentiments. Alors je te souhaite une bonne continuation Arthémis. »

Il jeta sa cigarette sur les pavés maladroits du patio et passa la porte. Ses derniers mots m'avaient touchés en plein cœur. Le vent froid s'aventura contre mes jambes dénudées et me fit frissonner de la tête aux pieds. Il ne voulait pas ça avec moi. Le message était plus que clair pourtant mon cerveau n'arrivait pas à l'accepter. Qu'avais-je envisagé en même temps ? Qu'il accepterait sans broncher mes conditions parce qu'il m'aimait ? Quelle idiote ! Bien sûr que non. Quentin n'est pas un chien qu'on trimballe en laisse, il est libre. Et je l'ai trop utilisé, j'ai encore une fois jouer de mes charmes pour obtenir ce que je voulais, et je l'ai eu. Mais c'est fini maintenant. Ressaisis-toi Lison, termine ta soirée et rentre chez toi, demain tu pleurera si tu veux mais pas ce soir. Je me redresse et tapote le dessous de mes yeux qui commençait à se remplir d'eau. J'enlève ma tenue en rentrant dans le vestiaire et commence à enfiler mes vêtements. Ma main agrippe le tee-shirt blanc de Quentin. Sans même m'en apercevoir, je le porte à mon nez pour sentir son parfum. Hors de question que je porte ça. Je mets ma jupe et ma paire de botte et recouvre ma poitrine nue de mon manteau que je ferme à l'aide de sa ceinture. Je vais sûrement avoir froid mais le combo est efficace et on ne dirait pas que je ne porte aucun haut. Je prends le tee-shirt blanc et l'enfouis rageusement dans mon sac à main. Je sors sur le parvis de la maison et m'approche du grand portail. Je le vois posté devant, l'air impassible. En sortant je lui lance son haut violemment et il se le prend en pleine tête. Je n'attends pas sa réaction et tourne les talons pour m'enfoncer dans l'ombre de la rue des Dames. Mes bottes noires sont le seul bruit dans tout le quartier. Je regarde mon reflet dans une portière blanche d'une voiture garée. J'ai beau être élancée sur mes talons, ce soir je me sens plus bas que terre. Je regarde la marque de la voiture, encore une Tesla. Pas étonnant, nous sommes dans le 17ème arrondissement je vous rappelle. J'arrive chez moi peu avant 3h du matin et jette un coup d'oeil à la porte de mon voisin. Ça fait un bout de temps que je n'ai pas croisé Noah, je passerai le voir demain peut être. Je m'effondre sur mon lit en sanglotant et m'endors rapidement, les yeux gonflés.

Journal d'Arthémis, prostituée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant