Confiance

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Je quitte le vestiaire, la maison est pratiquement déserte. Très peu de filles ont des clients aussi tard et les serveurs ont déjà nettoyé tout le restaurant. Je regarde l'horloge qui trône au dessus de la porte, elle indique 4h15. Je sors enfin dans la propriété quand je trouve Quentin en train de m'attendre devant le portail. Il n'arbore plus son sourire habituel mais un air très sérieux. Je le considère avec attention. Il a raison, il faut qu'on parle.

« Salut Quentin, lui dis-je en m'approchant de lui.

-Viens on marche un peu, il m'indique la direction opposé de mon métro. Je ne rechigne pas.

- Si tu veux.

- Pourquoi tu ne me réponds pas ? J'ai essayé de te
joindre sept fois !

- Tu sais aussi bien que moi que je travaillais, je n'ai pas le droit de prendre mon téléphone avec moi, affirmais-je en le regardant.

- J'ai compris que tu n'avais pas envie de me voir, mais t'énerver comme ça hier soir, je ne le méritais pas. Son regard affichais un air peiné.

- Je te l'ai déjà dit, ce n'étais pas envers toi. Il m'arrive que des galères en ce moment, soupirais-je.

- Raconte-moi. Tu sais que tu peux me faire confiance. Sur ces dernières paroles il me prend la main. Je le regarde un moment puis le laisse faire.

- Hier un russe m'a embrassé sur la bouche et aujourd'hui je baise mon voisin de palier,continuais-je d'une traite.

- Attends quoi ? Il t'as embrassé ? C'est qui ce mec ?

Ses moindres gestes trahissent de la colère. Quentin et moi nous étions déjà fréquentés il y a cinq mois mais ça n'avait pas fonctionné. Il savait que je pouvais coucher sans le moindre sentiment et il l'avait plus ou moins accepté. Mais il savait également à quel point les baisers étaient intimes pour moi. Je ne les partageais qu'avec mes copains de mon autre vie. Il avait su être patient avec moi à cette époque. Il comprenait que je n'avais plus envie de coucher en rentrant du travail, ce que nombreux de mes autres compagnons ne comprenaient absolument pas puisque c'est mon « métier » comme ils disent. Seulement Quentin et moi nous sommes séparés parce que mon travail avait fini par trop empiéter sur notre vie privé. C'est ce qui arrive toujours. Depuis lui je n'avais plus souhaité être en couple de nouveau, c'était trop de contraintes pour moi.

«  Laisse tomber je te dis, si je me suis énervé c'était à cause de lui c'est tout, annonçais-je d'une voix posée, et maintenant je ne peux pas rentrer chez moi de peur que mon voisin découvre qui je suis.

- Il ne t'as pas reconnu, me demanda-t-il.

- Non, j'y ai veillé.

- Viens dormir chez moi Thimy, murmura-t-il, tu sais que ma porte t'es toujours ouverte.

- Merci, lui dis-je pleine de reconnaissance.

Je ne veux rien de plus que son amitié mais je sais que je peux lui faire confiance et qu'il sera toujours là pour moi. Je le prends des bras et il ressert ses bras autour de mon dos.

Journal d'Arthémis, prostituée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant