Eris

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*photo d'Eris*

Je m'éclipse discrètement à mi-chemin vers les cuisines pour ouvrir la lettre. Mon cœur bat à la chamade. Comment a-t-il su que je travaillais ici ? Cela signifie qu'il connaît mon identité, qu'il sait sûrement où j'habite. Je ne sais même pas comment il a fait pour savoir tout ça sur moi. Il m'a peut être fait suivre. J'ouvre l'enveloppe brusquement et découvre qu'elle ne contient rien à part ma broche en argent. Je ne m'étais même pas aperçu que je l'avais laissé en sa possession. Je la mets dans la poche avant de mon tablier de serveuse et je reprends mon service comme si de rien n'était.

Lorsque je sors enfin du Paon Noir il est 22h10. Je ne suis pas en avance. Sur le trajet vers la maison, j'accélère le pas. Je ne sais pas si c'est l'anxiété de confronter Athéna ou la peur constante d'être suivie qui me fait avancer, mais j'atteins la maison avec seulement 5 minutes de retard. Quentin n'est pas à son poste. Je le remarque sans y prêter attention puisque je suis suffisament angoissée. Lorsque je pousse la porte, le haul est quasiment désert. Les serveurs préparent le comptoir comme chaque soir. La maison va bientôt se remplir alors je presse davantage le pas. Une longue paire de jambe vêtue de bas noirs attire mon attention. Je lève les yeux et découvre la silhouette d'Eris. Ses longues jambes contrastent avec la perruque noire carré qui trône sur son visage fin. Ses lèvres rouges sont assorties avec sa toge où est apposée une pomme argenté. Ses yeux d'un gris pâle me scrutent attentivement. Elle m'attend. Je fronce les sourcils et la rejoins en trottinant. Je n'aime pas trop cette fille. Eris à une chambre au deuxième étage, en face de celle de sa jumelle. Athéna les a nommé Eos et Eris . Eos avec ses longs cheveux blonds et ses yeux noisette est la caricature d'un lever de soleil. Eris en revanche porte bien son nom de déesse de la discorde. Elle a toujours un comportement hautain, même avec ses clients. À croire que c'est cela qu'il recherche avec elle, de la domination. J'arrive à son niveau, je suis essoufflée.

«  Athéna t'attends depuis vingt minutes, tu étais où ? Me demande-t-elle d'une voix autoritaire.

- Je travaillais, lui répondis-je d'un ton neutre. »

Elle me lance un regard en coin tandis qu'elle avance dans le couloir du fond du haul. La plupart des courtisanes n'ont comme travail que celui-là. Elle doit se demander ce que je fais d'autre, mais ne prend pas la peine d'ouvrir sa bouche une seconde fois. Étonnement, elle ne tourne pas vers le vestiaire. Je suis encore vêtue de ma jupe, de mon manteau noir et de ma paire de bottes.

«  Il faut que je me change, l'interrompis-je.

- Non. Athéna veut te voir dans son bureau et maintenant, dit-elle de la même intonation stricte. Alors dépêche-toi, veux-tu, ça fais aussi vingt minutes que je t'attends.

- Pourquoi Athéna t'envoie-t-elle toi ? Mes yeux étaient attentif au moindre mouvement de son visage.

- Parce que quand on me demande de faire un boulot je le fais jusqu'au bout, moi. »

Elle se planta devant moi avec un sourire rouge qui contrastait avec ses dents blanches. Elle tourna les talons et me laissa devant la porte du bureau d'Athéna. Ce que m'avait dit Eris ne présageait rien de bon. La nouvelle avait déjà fait le tour de la maison.

Journal d'Arthémis, prostituée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant