Apparences

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*photo de Quentin et Lison, avec des cheveux longs*

Après un quart d'heure de moto, nous arrivons devant chez lui. Quentin habite Place Pigalle, à dix minutes de chez moi. Le logo d'une pharmacie affiche 4h30 et 10 degrés. L'automne arrive. Nous montons les escaliers en silence puis il ouvre la porte. Je connais son appartement. Il est un peu plus spacieux que le mien et donne sur une rue tranquille.

« Je mangerais bien un bout, lui dis-je en me retournant le regard plein de malice.

- J'ai compris je vais nous faire réchauffer des parts de pizza, répond-t-il en haussant les sourcils. »

Nous mangeons tout les deux un petit quelque chose en buvant chacun notre verre de vin rouge. Ça m'avait manqué de rigoler avec lui et de critiquer un par un les membres de la maison. Il m'avait manqué en réalité. Il doit sûrement être persuadé que je n'ai absolument pas souffert de notre rupture parce que je suis une femme forte et indépendante. Il se trompe, mais il ne le sait pas. Et il ne le saura pas. Je préfère qu'il m'imagine forte plutôt qu'en train de m'effondrer dans mon lit en rentrant du travail en réalisant que je n'arriverai jamais à construire une relation stable avec personne. La voilà la vérité, l'atroce vérité. Je ne continue pas mon second job parce que je l'aime comme il le pense tous, mais parce que je suis trop faible pour tout abandonné. Le froid sur mes jambes me sort de mes pensées. Je porte toujours ma jupes noire mais mes jambes nues commencent à frissonner.

« Je vais aller prendre une douche si ça ne te dérange pas, lui dis-je en me levant.

- Non t'inquiètes, tu n'as qu'à utiliser ma serviette, annonce-t-il avant de prendre une cigarette dans mon paquet.

- Je fais comme si je n'avais rien vu, le taquinais-je, mais le finis pas ! »

Il me regarde m'éloigner, un sourire aux lèvres. Je traverse sa chambre qui, pour une fois, n'est pas trop désordonnée. Je frôle son lit en m'efforçant de ne me rappeler aucun souvenir et parvient à sa salle de bain. Je ne veux pas y repenser, j'ai peur de m'attacher de nouveau. J'espère qu'il ne tentera rien ce soir, parce que je sais que je serai incapable de le repousser. La différence est si grande entre coucher pour le travail et coucher pour le plaisir que parfois je regrette de ne le faire que de manière professionnelle. Je laisse tomber mes vêtements sur le sol carrelé et je tourne le robinet de a douche. C'est une douche à l'italienne classique mais plus grande que celle de mon appartement. Le miroir de la salle de bain se remplit peu à peu de buée et mon reflet disparaît. En attendant que l'eau chauffe je défait le bouchon de son parfum. Il sent son odeur. Je sais que ça paraît bête mais je prête une grande attention aux odeurs. Et la sienne est divine, et avait pendant un moment imbibé mes vêtements. Quand nous nous sommes séparés j'ai même dû laver mes hauts plusieurs fois d'affiler. C'était ça le plus dur. Sentir son odeur chaque soir devant ce grand portail, portée par la brise de l'été qui arrivait. J'ai, depuis cette période, pris le réflexe d'allumer une cigarette dès que j'arrive rue des Dames pour dissiper la moindre nuance de son parfum. La fumée dans mes narines m'empêchait de me remémorer des souvenirs trop douloureux avec lui. Je me décide enfin à entrer dans la douche.

Journal d'Arthémis, prostituée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant