2. L'allégorie

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         Il devait être dans les alentours de 20h30 quand je me suis enfin décidé et motivé à me rendre à la fête de Léontine. Dans l'après-midi elle m'avait envoyé un message sur instagram et m'avait presque harcelé pour que je vienne. Finalement, elle n'avait pas si changé que ça, mais aujourd'hui son côté autoritaire me faisait plus rire qu'autre chose. J'ai pris un short et un t-shirt et, hésitant, j'ai mis ma paire de converse. Était-ce vraiment une bonne idée ? Je n'en savais rien alors j'ai essayé de ne pas trop m'en soucier. J'allais à une fête où je risquais de croiser les personnes que je détestais le plus au monde mais la seule chose qui arrivait à me prendre la tête à cet instant, c'était ma paire de chaussures. Parfois je me disais que je ne tournais vraiment pas rond, et ça me réconfortait.

En arrivant chez Léontine une trentaine de minutes plus tard, je fus étonné d'y trouver autant de monde. Le portillon en fer qui donnait sur son jardin n'était pas verrouillé alors je me suis permis d'entrer. Elle était sur la terrasse, assise sur des transats avec un groupe de filles. Dans la piscine à côté d'elle d'autres ados s'amusaient. J'étais sur de point de rebrousser chemin et de retourner vite m'enfermer dans ma chambre quand son regard s'est levé vers moi. Elle a souri et s'est levée de son transat pour venir m'accueillir.

- C'est génial que tu sois venu ! s'est exclamée Léontine en m'enlaçant sans gêne.

J'ai eu un mouvement de recul involontaire.

- Tu ne m'avais pas dit qu'il y aurait autant de monde, lui ai-je fait remarquer.

Elle a souri.

- Si je te l'avais dit, tu ne serais jamais venu et tu n'aurais pas pu profiter des délicieuses saucisses qu'on vient de faire griller.

Elle n'avait pas tort, si j'avais su qu'il y aurait Samantha et Grégoire, des anciens camarades que je connaissais depuis le CE1 et pour lesquels j'avais toujours éprouvé autant de sympathie que j'en avais pour ce bon vieux Scar du Roi Lion, j'aurais passé ma soirée à regarder un documentaire sur Newton.

Les voir tous les deux m'a dégouté, mais par chance Léontine ne s'est pas dirigée vers eux, elle est allée directement vers la terrasse qui bordait la piscine et je l'ai suivie tel un petit chiot perdu. Mon regard s'est attardé sur le jardin qui m'entourait, puis sur la baie vitrée ouverte qui donnait sur son salon. Mon ventre s'est noué de voir autant de monde, au moins une trentaine. J'étais partagé entre la crainte d'y retrouver des visages indésirables et le désir d'en croiser un tant attendu.

Léontine m'a tendu un sandwich à la saucisse plein de moutarde tout en me présentant au groupe de filles avec lesquelles elle était en train de discuter avant que j'arrive. Marylou, Flavie, Lily et Juliette. Si ce n'est Julie. Je n'avais rien suivi. Elles m'ont proposé de m'asseoir avec elles et j'ai accepté, n'ayant pas d'autres choix pour m'occuper de toute façon.

Pendant une bonne heure je suis resté assis à mâchouiller dans mon sandwich à la saucisse en les écoutant se raconter tous un tas de potins auxquels de ne comprenais rien. Qui était Théo ? Mélisse et Francine ? Au moins cela m'avait laissé le temps d'observer l'environnement qui m'entourait. La moutarde me montant au nez, j'avais capté avec méfiance quelques visages familiers dans la piscine, et quelques uns encore plus loin dans le salon. Mais rien d'alarmant, enfin, presque. Car ce qui devait arriver arriva.

Alors que Léontine était en train d'essayer de m'expliquer qui était ce fameux Miguel de terminal B et que je désespérais d'apercevoir enfin Lou, un grand blond à la carrure bien trop musclée et imposante pour qu'on ne le remarque pas a fait une bombe pour entrer dans la piscine. Son saut nous a tous éclaboussé et lorsqu'il a sorti sa tête de l'eau ma gorge s'est nouée, mes poumons se sont bloqués, mon cœur a tressailli. Émeric.

La Métaphore du CaméléonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant