13. L'antiphrase

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      Lorsque j'ai ouvert mes yeux en entendant la maison s'agiter sous le grenier, mon premier réflexe a été de voir si Lou dormait toujours. J'aimais le regarder le matin comme ça, jusqu'à ce qu'il se réveille à son tour et que nous descendions pour déjeuner. La nuit dernière nous nous étions endormis l'un contre l'autre, Sid essayant de s'immiscer entre nous. Mais ce matin-là je n'ai trouvé personne sur le matelas à mes côtés. J'ai regardé l'heure sur mon téléphone, ça n'avait rien d'étonnant, il était plus de onze heures. Je me suis rapidement habillé et je suis descendu jusqu'au rez-de-chaussée. Le parquet a grincé sous mes pieds. Je n'y ai trouvé personne, ils devaient être sur la terrasse. J'ai tendu l'oreille, je n'ai rien entendu.

Prenant mon courage à deux mains, je suis sorti sur la terrasse. La lumière du jour a agressé mes yeux. J'ai laissé traîner mes pieds sur les graviers pour m'avancer jusqu'à l'escalier qui descendait jusqu'au potager. Mamie Paul y était en plein travail. Mais pourquoi n'y avait-il personne d'autre ?

Je suis allé m'asseoir sur un transat sur la terrasse et j'ai sorti mon téléphone pour appeler Agathe. Nous n'avions conversé que par texto ces derniers jours et son enthousiasme commençait à me manquer.

- Ani-chouuu, comment ça va ? a résonné sa voix à travers le téléphone.

Qu'est-ce que je disais, toujours enthousiaste.

- La montagne va bien ? Mamie Paulette ne te fait pas trop manger ? Lou a arrêté d'être sage comme une image et t'apporte une source d'inspiration directe pour mon Drarry ? D'ailleurs, j'ai commencé un Gimione, il faut que tu lises ça.

- Tu es ta propre source d'inspiration cette fois ?

- Non, je n'ai pas encore trouvé une femme digne d'être ma muse.

- Et le réalisme qu'aiment tes lecteurs ?

- Ils s'en passeront. Au pire mes rêves avec Scarlett suffiront amplement.

J'ai ri, puis j'ai déclaré :

- Il faut que je te parle d'un truc.

Agathe a laissé échapper un long « O » de surprise.

- Ne me dit pas que ça a un rapport avec l'oncle Picsou. J'EN ÉTAIS SÛRE ! Une semaine à dormir dans la même chambre, que dis-je, tout serrés, ça rapproche forcément ! Alors quoi, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous avez couché ensemble ? OMG, VOUS AVEZ COUCHÉ ENSEMBLE. Pauvre Sami-sère. Vous vous êtes protégés au moins ? TOUJOURS se protéger les enfants, écoutez tata Agathe.

- Est-ce que tata Agathe pourrait prendre le temps de m'écouter, moi ?

- Zut, vous n'avez pas couché ensemble.

- Non.

- Vraiment dommage. J'aurais aimé une scène torride dans le bureau de Rogue. Imagine le délire.

Elle s'est prise d'un fou-rire. Elle n'était pas nette ce matin.

- Mais on s'est embrassés, lui ai-je dit.

- GRANDIOSE. Qui a fait le premier pas ? Lui ou toi ?

- Je ne sais pas, nous deux je crois.

- Pourquoi tu as l'air si dépité alors ?

- J'ai un mauvais pressentiment. Je ne l'ai pas vu ce matin, il n'était pas à la maison quand je me suis levé.

- Il est peut-être allé faire des courses.

- Je l'espère.

Comme si parler de lui l'avait attiré, Lou est apparu en contrebat dans le potager. Il a grimpé les marches et a déboulé sur la terrasse. Il portait un short de sport et transpirait de tout son corps.

La Métaphore du CaméléonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant