Lorsque j'ai ouvert mes yeux en entendant la maison s'agiter sous le grenier, mon premier réflexe a été de voir si Lou dormait toujours. J'aimais le regarder le matin comme ça, jusqu'à ce qu'il se réveille à son tour et que nous descendions pour déjeuner. La nuit dernière nous nous étions endormis l'un contre l'autre, Sid essayant de s'immiscer entre nous. Mais ce matin-là je n'ai trouvé personne sur le matelas à mes côtés. J'ai regardé l'heure sur mon téléphone, ça n'avait rien d'étonnant, il était plus de onze heures. Je me suis rapidement habillé et je suis descendu jusqu'au rez-de-chaussée. Le parquet a grincé sous mes pieds. Je n'y ai trouvé personne, ils devaient être sur la terrasse. J'ai tendu l'oreille, je n'ai rien entendu.
Prenant mon courage à deux mains, je suis sorti sur la terrasse. La lumière du jour a agressé mes yeux. J'ai laissé traîner mes pieds sur les graviers pour m'avancer jusqu'à l'escalier qui descendait jusqu'au potager. Mamie Paul y était en plein travail. Mais pourquoi n'y avait-il personne d'autre ?
Je suis allé m'asseoir sur un transat sur la terrasse et j'ai sorti mon téléphone pour appeler Agathe. Nous n'avions conversé que par texto ces derniers jours et son enthousiasme commençait à me manquer.
- Ani-chouuu, comment ça va ? a résonné sa voix à travers le téléphone.
Qu'est-ce que je disais, toujours enthousiaste.
- La montagne va bien ? Mamie Paulette ne te fait pas trop manger ? Lou a arrêté d'être sage comme une image et t'apporte une source d'inspiration directe pour mon Drarry ? D'ailleurs, j'ai commencé un Gimione, il faut que tu lises ça.
- Tu es ta propre source d'inspiration cette fois ?
- Non, je n'ai pas encore trouvé une femme digne d'être ma muse.
- Et le réalisme qu'aiment tes lecteurs ?
- Ils s'en passeront. Au pire mes rêves avec Scarlett suffiront amplement.
J'ai ri, puis j'ai déclaré :
- Il faut que je te parle d'un truc.
Agathe a laissé échapper un long « O » de surprise.
- Ne me dit pas que ça a un rapport avec l'oncle Picsou. J'EN ÉTAIS SÛRE ! Une semaine à dormir dans la même chambre, que dis-je, tout serrés, ça rapproche forcément ! Alors quoi, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous avez couché ensemble ? OMG, VOUS AVEZ COUCHÉ ENSEMBLE. Pauvre Sami-sère. Vous vous êtes protégés au moins ? TOUJOURS se protéger les enfants, écoutez tata Agathe.
- Est-ce que tata Agathe pourrait prendre le temps de m'écouter, moi ?
- Zut, vous n'avez pas couché ensemble.
- Non.
- Vraiment dommage. J'aurais aimé une scène torride dans le bureau de Rogue. Imagine le délire.
Elle s'est prise d'un fou-rire. Elle n'était pas nette ce matin.
- Mais on s'est embrassés, lui ai-je dit.
- GRANDIOSE. Qui a fait le premier pas ? Lui ou toi ?
- Je ne sais pas, nous deux je crois.
- Pourquoi tu as l'air si dépité alors ?
- J'ai un mauvais pressentiment. Je ne l'ai pas vu ce matin, il n'était pas à la maison quand je me suis levé.
- Il est peut-être allé faire des courses.
- Je l'espère.
Comme si parler de lui l'avait attiré, Lou est apparu en contrebat dans le potager. Il a grimpé les marches et a déboulé sur la terrasse. Il portait un short de sport et transpirait de tout son corps.
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La Métaphore du Caméléon
Genç KurguTOME 2 de La théorie de la converse. Quatre ans après sa brutale disparition, Anatole Franklin revient dans sa ville d'origine pour les vacances. Forcé de quitter l'internat et ses camarades de chambre vides d'intérêt, il retombe par hasard sur...