5. L'hyperbole

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         J'ai reçu un mail du supermarché à côté de chez moi le mardi matin de la deuxième semaine de Juillet m'annonçant que j'avais été accepté pour le poste de caissier, et que j'étais invité à venir mercredi à huit heures pour faire un essai. Je n'ai pas compris. Je n'avais jamais fait aucune demande pour avoir ce job. J'ai aussitôt attrapé mon téléphone et j'ai appelé ma mère qui était au travail.

- C'est toi qui a déposé mon cv au supermarché ? l'ai-je de suite accusé.

Elle n'a même pas tenté de nier.

- Tu as été accepté ? m'a-t-elle seulement questionné froidement.

- Oui, ai-je marmonné. Je suis à l'essai demain matin.

- Très bien, ça t'occupera et tu nous ramèneras un peu d'argent.

J'ai aussitôt objecté :

- Je préfère le garder pour l'année prochaine.

Je ne lui avais pas encore parlé de mon idée de colocation avec Agathe. Elle savait juste que j'avais été accepté en prépa scientifique et que je partais pour le sud l'année prochaine. Mais il n'était pas question que je vive seul, et encore moins dans une chambre étudiante de 9m².

- On en parlera ce soir, m'a-t-elle dit avec humeur.

Je n'ai pas aimé ce ton, je n'ai pas aimé ce besoin qu'elle avait de nouveau de contrôler ma vie alors qu'elle ne l'avait jamais fait, j'ai raccroché.

       Le soir, le niveau sonore a très vite monté. Ma mère m'a dit qu'elle ne supportait plus mon égoïsme et mes caprices quand je leur ai dit que je voulais vivre avec Agathe l'année prochaine, mon père m'a fait comprendre qu'il en avait assez que je m'éloigne sans arrêt d'eux. Je leur ai dit que s'ils avaient été un peu plus compréhensifs, peut-être que je serais resté, mais que me forcer à passer deux mois au milieu de leur vie ne me réjouissais pas et que je préférais mille fois la compagnie d'Agathe. Puis je leur ai annoncé que j'allais aller travailler au supermarché, et qu'ils n'avaient pas à s'en faire pour ma vie d'étudiant, j'allais me débrouiller tout seul avec ce que j'aurai.

Je suis sorti de table et je n'ai plus quitté ma chambre jusqu'au lendemain matin pour me présenter devant le magasin. Agathe m'avait aidé au téléphone pour le choix de ma tenue vestimentaire et elle avait fait de son mieux pour m'encourager. J'avais finalement accepté le choix de ma mère mais j'étais paniqué à l'idée que ma maladresse naturelle fasse encore des siennes. Mon amie m'avait assuré que l'Anatole 2.0 que j'étais devenu allait y arriver haut la main.

J'ai rentré ma chemise à carreaux dans mon pantalon et je suis entré dans le magasin. L'assistante de direction m'y attendait, un chewing-gum dans la bouche et un bas de training en guise de pantalon. À côté d'elle, la jeune vendeuse qui m'avait encaissé la dernière fois semblait plus qu'ennuyée. Le tableau a aussitôt donné envie à mes converses de prendre la fuite.

- Alors c'est toi Anatole ? a lâché l'assistante d'un air négligé. T'as l'air plus soigné que ce que je pensais.

J'ai rougi et j'ai bredouillé un bonjour peu assuré. Agathe m'avait expliqué que, règle n°1 : la première impression que tu allais donner à ton chef allait tout jouer sur la débouchée de l'entretient.

La dame au bas de training m'a demandé :

- Tu es libres quand pour le boulot ?

- Tous les jours, à toutes heures.

Règle n°2 : donne l'air d'être toujours disponible, même lorsque tu ne l'es pas.

- Tu préfères les petits princes ou les granolas ?

La Métaphore du CaméléonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant