Chapitre 9: Dans le regard du monstre.

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J'entre en silence. Le soleil qui luit à travers les carreaux ne semble pas éveiller la maison. Ni ma tante. Il est pourtant tard. J'ai pris soin de rendre sa robe à Alaïs, qui m'a accompagnée une partie du chemin, jusque sur le territoire d'Elwen. Là, j'y ai retrouvé mes vêtements sales, déchirés et je m'en suis vêtue. Puis, comme une évidence, elle m'a prise dans ses bras. Et je suis partie seule, tremblante,moins de froid que de peur, jusqu'au village.

-Où étais-tu ??

Ma tante surgit derrière moi et me prend dans ses bras. Elle me serre si fort que je manque d'étouffer. Je réalise alors que le soleil vient à peine de se lever...c'est impossible...

-Ma chérie...Tu as mis plus de temps à revenir, cette fois-ci...Que s'est-il passé ?

C'est alors que mon esprit se met à chercher une excuse à toute allure. Une explication plausible. Je m'assieds alors difficilement sur son lit.

-Je l'ai vu. Je l'ai vu cette nuit. Le loup...

Je ne sais pas si je dois en parler, mais Alaïs ne m'a pas demandé de garder le silence à ce sujet. Je sais que je ne la connais qu'à peine, mais....Quelque chose me dit que je peux avoir confiance en elle...alors...

-C'est lui qui a tué Guillaume. Je ne l'ai aperçu qu'en ombre mais il était gigantesque.Je crois que c'est lui qui a voulu me...

-Comment peux-tu être sûre, ma chérie ? Tu ne l'as pas vu le dévo...

-Non ! Mais...mais je suppose...je suppose...Il était vraiment monstrueux, tu sais !Je...Il ne ressemble pas aux autres. Je ne saurais te dire pourquoi,mais...Ce n'est pas un loup ordinaire...

-Il y a quelques années de cela, quand tu étais encore petite, nous avions entendu parler d'une telle bête qui attaquait principalement des troupeaux. Mais nous n'avions jamais eu à déplorer d'attaques. Jamais de disparitions. Sauf celle de la petite dont nous t'avons parlé. Puis un jour, plus de nouvelles...Comme si cette monstruosité avait disparu. Cette histoire était passée au rang de légende,d'histoire pour faire peur aux enfants, mais...Cette forêt recèle bien des mystères, Marie...en tout cas, je le crois.

Je ne parviens pas à ajouter un mot de plus...Je ne sais pas quoi dire, quoi cacher. About, je fonds en larmes. Ma tante se penche alors vers moi et me prend tendrement dans ses bras et me caresse les cheveux, comme quand j'étais petite.

-Tu sens très bon, murmure-t-elle. Et tu as mal...je le sens...

Elle s'écarte de moi, un peu étonnée et une vague de panique m'envahit. Mais j'essaye de ne pas le montrer.

-J'ai...j'ai découvert un ruisseau pas loin. Je m'y suis baignée, et...

-Il y avait de la lavande, dans ton ruisseau ?

Nous nous regardons alors. Ses yeux trahissent un trouble étrange, mais elle ne dit rien et baisse le regard. Elle n'attend même pas véritablement de réponse. Elle sait que je cache quelque chose. Mais elle a confiance...et cela me sert le cœur. Mais elle s'approche un peu plus près et remonte mes manches. Ses yeux se ferment douloureusement.

-Tu devrais en parler à ton père...Quoi que tu aies vu...Tu as encore été blessée. Ça ne peut plus durer...

-Mais il va savoir !Il va savoir que je suis sortie !

-Non, chérie. Pas si nous lui disons que ce monstre s'est rapproché du village. Que nous l'avons vu, toutes les deux, en allant cueillir des herbes...

Je ne réponds rien, mais je souris faiblement.

-Très bien !Allons-y tout de suite. Mais avant, change donc de robe, ma chérie.

La Louve et la SorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant