Nos regards se croisent. Le sien est devenu bleu comme un ciel d'été. Je ne saurais dire si mon souffle est coupé ou si je respire. Tout ce que je sais, c'est que j'ai l'étrange sentiment d'être exactement là où je devrais être. Dans ses bras.
Elle me serre contre elle et me dépose un long baiser sur ma joue. Je m'appuie légèrement contre ses lèvres en fermant les yeux un instant. Je ne veux pas parler. Pas la première. Mais peu à peu, une infinie tristesse s'empare de moi. Mes lèvres tremblent légèrement. Et avec douceur, je la repousse.
-Je suis désolée, murmuré-je. Je...Je ne peux pas...Je...
-Thomas...
Elle prononce son prénom avec un sourire triste. Elle comprend. J'acquiesce faiblement. Sa main tenant encore la mienne la serre alors tendrement. Je ne peux plus ignorer pourquoi je pensais si fort à elle. Pourquoi je voulais tant la revoir...Mais tout cela est si soudain. Et surtout...c'est une femme...
Nous restons ainsi un long moment à nous regarder. Son regard s'est assombri. Le bleu azuré s'est transformé en un vert éclatant. Elle est si belle...Elle baisse le regard, lâche ma main et se met à marcher en silence. Elle se retourne un instant.
-Nous devons rentrer. Viens...
Et elle ne m'attend pas. Je me mets alors en mouvement, étourdie par ce qu'il vient de se passer et je marche derrière elle, sans dire un mot. En avançant, au bout de quelques instants, je remarque quelque chose d'étrange. Les herbes, pourtant encore vertes, meurent sous ses pas. Elle est triste. Je peux le sentir, à présent. Et j'ai mal.
Au bout d'un long moment, sa maison apparait entre les arbres. Sa présence silencieuse me tranche comme la lame d'un couteau. Elle s'arrête un instant devant la porte, en tire la chevillette. Et au moment ou la bobinette choit, j'arrête son geste et je l'entoure de mes bras. Elle se laisse faire, parfaitement immobile. Je pose ma tête sur son épaule, pétrie de tendresse et de douleur, aussi. Ainsi, dans un murmure à peine audible, j'arrive à articuler quelques mots.
-Laisse-moi du temps. C'est trop tôt. Je voudrais, mais...
Elle se retourne alors, dégage un bras de mon étreinte, pose sa main sur ma nuque et dépose un baiser sur mon front.
-J'attendrai, Marie...Ou au moins, j'aurais eu ce baiser...Viens...Rentrons...
Je me lèche les pattes avec application. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais j'ai mal. Mais pas aux pattes. Non. Dans ma poitrine. Je ne me sens pas bien, mais je ne comprends pas pourquoi. Je m'étends un instant, pousse un gros soupir de contentement, puis je baille très fort, en faisant du bruit. Je me sens contente de moi. Je me sens coquine. Joueuse. J'ai envie de faire des bêtises...
Mon humaine m'a bien soignée. Je n'ai presque plus mal. Elle prend soin de moi, alors dois-je à présent la considérer comme mon alpha? Oui, je crois que oui. Mais ça ne m'empêche pas de jouer un peu, non?
Je me lève et je contourne son terrier. Elle est là, juste derrière, dans un grand habit. Elle ne me voit pas. Je m'approche alors d'un pas feutré, j'ouvre ma gueule et...Paf! Je mords gentiment sa jambe! Elle se retourne en hurlant, je suis folle de joie!! Je saute dans tous les sens! Elle commence à émettre ce son saccadé, elle est contente! Allez, viens jouer!! Viens! Je n'ai pas faim ce soir, je peux rester avec toi, si tu veux...Je rechigne à aller dans la forêt...Avec lui qui rôde...
Elle s'approche et passe sa patte tout fine dans ma fourrure...J'adore quand elle me gratte, comme ça. Mais viens, Amie. Viens! J'ai envie d'aller courir avec toi...
Elle me prend contre elle et me parle à l'oreille...Je ne comprends pas les sons que j'entends...je ne...je ne...Je n'arrive plus à...Amie, je ne tiens plus debout...je m'effondre...Je....Je tombe lourdement...Je ne me sens pas bien, pas bien du tout. Je la sens qui m'empoigne...Elle me soulève...Mais comment peut-elle, cette faible créature? Je ne...Je pars...Amie, sais-tu pourquoi j'ai mal à mon cœur?
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La Louve et la Sorcière
ParanormalAu Moyen Age, au plus profond de la forêt, Marie, une jeune femme, supplie de devenir une bête à la nuit tombée pour qu'aucun homme ne la touche plus jamais. Son jeune mari vient d'être assassiné et sa souffrance est indicible. Elle veut juste se pr...