Chapitre 14: le chêne

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Coucou!!

Mille excuses pour mon petit retard, j'ai eu beaucoup d'imprévus...

Mais voici mon nouveau chapitre et j'espère qu'il vous plaira!

La suite est programmée pour ce dimanche. N'hésitez pas, comme d'habitude, à me laisser des messages et à voter (uniquement si le chapitre vous plait!) pour que je puisse savoir si je suis sur la bonne voie...Merci beaucoup! :)

Alaïs ne voulait pas que nous partions si tôt. Mais le temps presse. Plus vite je lui montrerai l'endroit où tout a démarré, plus vite nous pourrons trouver une issue à tout ce cauchemar. Mais tout en marchant, mon esprit se met à survoler des pensées que je ne veux pas avoir. Si je trouve le moyen de me libérer de cette malédiction, serai-je prête à sacrifier Elwen? Elle est innocente, elle aussi...Elle ne mérite pas de mourir. Mais j'aimerais tellement que mon corps m'appartienne à nouveau. Ne plus le partager avec une créature qu'au fond, je ne connais pas vraiment...J'aimerais au moins partager sa vie, savoir ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent...et m'assurer qu'elle ne soit pas un danger pour les miens...Et pourquoi pas, trouver une solution pour la sauver, elle aussi?

Je soupire à ces quelques pensées. Je sens alors la main d'Alaïs se glisser dans la mienne...Je la regarde alors, elle me sourit. Et nous continuons à marcher en silence.

Peu de temps après, alors que le soleil commence à être bien haut dans le ciel, nous arrivons devant une forêt de sapin dense...Je m'arrête soudain.

-On était près d'ici, quand je l'ai vu avec mon père. Un peu plus loin en contrebas...

-Il n'y a pas de souci. Nous allons contourner. Et s'il y a le moindre problème...

Elle relève alors un pan de sa grande cape et un éclat blanc illumine mes yeux. Une lame....Elle y a pensé...

Je respire un peu plus difficilement. L'angoisse me monte aux lèvres...Devoir affronter un danger si nous tombons sur lui, ou même regarder en face un passé extrêmement douloureux, me fait si peur, tout à coup! Semblant sentir mon malaise, sa main serre la mienne un peu plus fort. Et je souris à mon tour.

Peu à peu, il se dévoile, entre les branchages des arbres autour de lui. Il n'est pas très grand, il parait encore très jeune. Mon chêne. Malgré son jeune âge, son tronc s'est comme scindé en deux.

-Pas du tout, murmure Alaïs. Ce sont juste deux arbres qui ont fusionné ensemble en poussant...

Je la regarde, estomaquée, car je n'ai rien dit. Je le jure, je n'ai rien dit. Comment a-t-elle pu deviner? Elle me regarde un instant. Ses yeux ont pris une couleur verte, comme celle de la mousse gorgée d'eau après la pluie.

-Il doit avoir une centaine d'années...

Elle touche son tronc un instant et ferme les paupières. Le temps semble alors s'arrêter...

-Beaucoup de chaleur, de vie...de l'énergie...Cet arbre est tellement vivant...Tellement...

-Alaïs...

Je m'approche d'elle, inquiète. Des larmes coulent sur ses joues.

-Que se passe...

Elle secoue alors la tête pour m'encourager à garder le silence. Puis, ce dernier retombe doucement et j'attends. Elle lève alors les yeux vers lui.

-Les arbres savent raconter leur histoire, Marie. A leur façon...Tu le vois? Ils étaient deux, avant. Mais ils se sont tellement aimés, tous les deux, qu'ils ont décidé d'unir leur vie ensemble. Comme Thomas et toi.

Elle a raison...Tellement raison.

-Il renferme en son cœur une magie incroyable, Marie! continue-t-elle en apposant ses mains sur lui.

-Tu veux dire que c'est un arbre qui m'a transformée?

Elle me regarde alors. Ses pupilles sont devenues marron, couleur de terre.

-Non, Marie. C'est la forêt tout entière qui a œuvré pour cela. Mais c'est lui qui a été le messager.

Je le regarde. Mes yeux fixent le haut de ses branches. Peu à peu, un chagrin immense monte en moi.

-Peut-être...Mais alors...Pourquoi ont-ils accordé la même chose à Antoine, alors? Ce n'est pas juste...La forêt aurait dû le laisser mourir...

-Tu ne comprends pas...Tu n'as jamais vu Elwen, Marie. Elle est immense. Grande. Blanche et grise avec une fourrure abondante. Un regard de chiot. Elle est puissante. Rapide. Extrêmement intelligente. Mais lui...Tu sais comment il est...Et je ne suis même pas sûre qu'il reprenne forme humaine aussi longtemps que toi à chaque fois. Il a été puni, Marie...

-Peut-être, mais sa punition nous met tous en danger.

Le vent passe dans les branches. Je relève les yeux un instant et regarde les feuilles couleur or du chêne se balancer mollement...

-Comment arrives-tu à savoir tout cela, Alaïs? Comment...

-J'entends et je vois des choses que personne d'autre ne peut percevoir. Ma grand-mère me le disait souvent.

-Elle était comme toi?

-Non...Je suis la seule.

-Et ton père?

-Je ne sais pas qui c'est. Personne n'a jamais voulu me parler de lui...

Elle baisse la tête et je réalise que je suis en train de la blesser.

-Non, Alaïs! dis-je en m'approchant d'elle. Je ne voulais pas...Pardonne-moi...

Je fais alors un léger mouvement de recul lorsque je m'aperçois que ses pupilles ont pris une couleur dorée intense. Comme une flamme...Je lève alors une main. L'une de ses mèches la frôle sous l'effet du vent. Mes doigts effleurent sa joue pour la consoler. Des larmes coulent de ses yeux qui semblent alors s'embraser.

Un oiseau piaille quelque part. Mais je n'y fais pas attention.

Je ne sens que ses larmes sur ma joue. Je ne sens que son baiser, douloureux et chaud.



La Louve et la SorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant