Voyage Retour

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Belle était la matinée.
Ma compagne épuisée s'est assoupie à l'autre bout du lit, comblée de l'activité extasiante que nous avons pratiqués.
Maintenant que le marché a été conclu avec Jímenez et que mes amis sont libres, rien ne me retient ici.
J'ose espérer que le notaire sataniste Ambassa a aussi dégelé mes comptes,
une chose est certaine, je suis resolu à l'affronter, tôt ou tard.

Je me revêtis très délicatement, de peur de ne réveiller Maria, c'est comme cela qu'elle se prénomme. Une douce musique hyspanique se fait entendre depuis les plantations, à l'autre bout de la propriété. Ils me semble que ce sont les ouvriers, chantant en coeur : c'est une chanson que je n'avais point entendu auparavant, mais dont les paroles s'adressent directement à mon moi intérieur... " je suis le feu qui brûle ta peau, je suis l'eau qui ruisselle sur tes pieds, le royaume et la tour, je suis, l'espoir qui chantonne en toi"(traduction française). Allez savoir pourquoi cette chanson me parle..

Une fois vêtu, je regagne la véranda sur pilotis. Des hommes du cartel y sont postés, à croire qu'ils m'attendaient.. Le mystérieux mafioso aux lunettes noires s'adresse à moi :

"Le patron a du s'absenter précipitamment. Nous afons pour ordre de fous ramener al Cameroun" ( avec un accent boiteux, mdr).

Sans dire un mot, je rallume le cigare que m'a offert le baron à mon arrivée hier et suis ceux qui me serviront de garde rapprochée pour ce voyage retour. Nous avançons vers un cortège de trois voitures, en position de départ. J'entre dans une de ces grosses cylindrées, celle du mileu précisément. Je me laisse conduire, et absorbe tranquillement des bouffées de tabac provenant de mon cigare de taille xxl.
Alors que nous sortons de la demeure, je jette un dernier regard sur ce lieu hors du commun, où les lois de l'état et la morale semblent avoir été emprisonnés au fond d'un cachot oublié. J'aperçois Maria, la jolie hôtesse. Elle esquisse un sourire depuis la fenêtre de notre chambre nuptiale, elle vole un bisou à ses pulpeuses lèvres, qu'elle me lance aussitôt d'un revers de la main.
Je baisse presque entièrement la vitre du véhicule, et fait mine de retirer mon sombrero, en guise d'aurevoir...

Cette fois, nous parvenons à l'aérodrome sans grande difficulté. Il semblerait qu'après l'incident tumultueux d'hier, les sicarios du cartel de Cali aient fait le ménage sur cette voie parsemée de forêt.
Mes gorilles Colombiens et moi gagnons le jet privé, chargés des nombreux sacs remplis de cocaïne et d'armes. Un peu anxieux du fait de ces bagages illégaux, j'essaie tant bien que mal de m'apaiser.

Je me fais servir un verre de champagne par une de ces jolies hôtesses latines, je savoure ainsi cet éphémère délice.

Un peu avant minuit, nous foulons le sol camerounais. Je descends précipitamment du gigantesque engin. Des hommes s'attellent sur le tarmac, disposant deux camions, visiblement de déménagement. Ils commencent à décharger les colis, semblent-t-ils bien organisés. Un homme se rapproche de moi, il connaît mon nom :

" Monsieur de Lycel ! Monsieur de Lycel !
  On se charge de tout, gagnez votre véhicule dans le hangar, le grand patron vous y attend..
  -- Le grand patron ? Mais qui est-il ?"

J'ai à peine achevé de formuler ma question que mon interlocuteur s'est déjà bien éloigné..
" Attendeeez ! "
Indifférent, l'homme retourne à ses tâches. Il semblerait qu'il ne soit qu'un messager.
Tout intrigué, je me dirige vers le hangar, à l'intérieur duquel je vois une voiture que je ne reconnais point, c'est une Mercedes-Benz de classe AMG. Elle est faite d'une peinture noire chromée, cela lui confère un aspect robuste, précieux. Les vitres sont fumées de noir, ma tentative d'entrevoir "le grand patron" est donc veine.
J'ouvre donc la portière droite, et m'enfonce dans cette auto de luxe. Ma surprise est grande lorsque je vois qui est installé à l'intérieur !

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