Fatalité

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Toujours élégamment vêtu, confortablement installé à l'arrière dans ce qui présente comme son dernier joujou, César Ambassa me salut posément, à croire que nous avions un rendez-vous.

"--Bonsoir, jeune homme.
   As-tu fais un bon périple ?
  -- Hun..
  -- Écoutes, aussi étonnant que cela puisse te sembler, je me fais du souci pour toi.
--....
-- Tu ne peux fuir ton propre sang, jeune homme. Rentrons à la maison, on a matière à discuter ".

Désinvolte, je demeure inerte, sans réaction aucune. C'est ainsi que le chauffeur nous conduit vers le domicile familiale.
Je ne m'inquiète plus tellement. C'est presque comme ci l'inquiétude n'était qu'une grippe saisonnière. Maintenant, je retrouve ma légendaire sérénité.. En plus, mes amis sont sains et saufs, et de surcroît, une bonne fortune se pofine à l'horizon.

Peu de temps après, nous pénétrons  dans la demeure de mes parents. Cette fois, elle paraît étrangement calme.
Nous avons vite fait de nous installer dans le séjour. Le vieux monsieur s'empare d'une bouteille de whisky entamée rangée dans le massif meuble fait de marbre, il rempli près de la moitié deux verres et y ajoute des glaçons, sans même me demander mon avis.
Nous ingurgitons à tour de rôle un peu de ce breuvage, comme pour s'activer, puis Ambassa engage un long monologue :
" Toi et moi nous avons bien des particularités en commun. Et ce, au delà de toute considération familiale ou spirituelle. J'étais aussi rebelle que toi lors de mon retour au Cameroun, il y a de cela 35 ans. Je n'étais qu'un jeune homme, fraîchement lauréat diplômé, tout empli de rêves et d'ambitions. Comme toi aujourd'hui, la réalité ma très vite rattrapée. Ma famille, ou plutôt notre famille m'a très vite interrompue dans mes élans révolutionnaires. Et impossible de fuir, cette famille a toujours eut des bras très longs et plongés dans toutes les casseroles.. Alors, rien ne servait de cavaler, j'ai dû me ranger et j'ai travaillé au service de tes parents dans la gestion des affaires du clan.
Par de-là toutes les cérémonies folkloriques et les règles s'assisimilant plus à de la comédie qu'à de véritables connexions démoniaques, les relations que nous partageons sont véritablement affectueuses. Nous sommes une vraie famille atypique.
Il suffit juste pour toi de rejoindre les tiens ".

Il s'arrête de parler, comme s'il en avait terminé. Il avale le contenu de son verre d'un coup rapide puis, s'adoce confortablement sur le grand canapé en fourure d'ours blanc.
J'allume le cigare que j'avais rangé dans la poche gauche de mon pantalon espagnol, et me détends.
Cinq minutes environ s'écoulent, sans que point de mot ne se fasse entendre dans la pièce. Au terme de ce néant, je me redresse, satisfait et apporte un essai de réponse :
"--J'ai besoin de trois jours aux termes desquels, je serai en mesure de te répondre.
-- Ils te sont accordés".

L'avocat se lève et semble vouloir quitter les lieux.

"-- Avant que tu ne t'en ailles, puis-je savoir qu'en est-il advenu de ta fille, j'ai appris qu'elle serait morte et que j'en serais le meurtrier ?
  -- Tout cela n'est que subterfuge et balivernes, sois sans crainte. Dès demain on en parlera plus. Ma fille, ta cousine et future épouse traditionnelle se porte bien, personne n'est mort ni même blessé.
-- Bien, d'accord".

Sans dire point de plus, l'homme sort de la maison et se dirige vers le parking. Peu après, je perçois la fameuse Mercedes, manoeuvrant puis  s'éloignant de la propriété.

Je suis certes serein, toutefois un millier de question dans mon cerveau restent sans réponse. Retissant à toute réflexion contrariante, je m'endors naïvement sur le spacieux et doux divan du séjour.

On réfléchira demain ! Me dis-je certainement dans mon rêve, mdr.

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