L'épisode Avant La Fin

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10h25,

J'ai voulu revêtir un costard tout noir. Je n'en avais pas... J'ai donc dû me rendre dans une boutique de vêtement, place à laquelle je me suis accoutré pour le cimetière. Mes cheveux longs et foncés africains me donnent vraiment l'air gothique qui concorde avec un cimetière.
Un seul détail attisait mon inquiétude : nous n'avions pas de nouvelle du tueur à gage. Selon le deal, nous ne devions pas essayer de le contacter, afin de ne pas laisser de trace électronique.. Lui, nous contacterait quand le travail serait fait. Mais cela ne m'empêchait pas de me faire du souci. Avec du recul, ce plan me paraissait absurde, comme tout droit sorti d'une bande dessinée.
Mais qu'importe, nous ne pouvons plus faire marche arrière..

Je sors donc du shop, tout élégant et regagne la voiture. Karel en démembré blanc et short hawaïen m'y attend. Nous décidons de faire une virée dans un café pas très loin, histoire d'attendre le coup de fil du gangster et de prendre un petit apéritif.

25 minutes se sont écoulés depuis,
Et l'anxiété se fait lourdement ressentir dans l'air. Karel allume une cigarette défraîchie qu'il sort du fin fond de sa poche droite, "la cigarette de la providence" dit-il, afin de susciter un peu d'humour sans doute.
Tandis, qu'il fume, la fumée me paraît alors comme un poison qui m'étouffe ardemment, c'est la première fois que j'ai cette sensation, de l'anxiété aiguë sans doute.

On se rapproche de 11h, et aucun appel, aucun signe. Là, j'ai à peine eu le temps de penser, que le téléphone située dans cette même poche droite du short de Karel se met à sonner avec grand échos, tellement nous l'attendions.
Après une seconde d'hésitation, Karel s'empare du téléphone et décroche.
Au bout du fil, un petit silence puis, un coup de fusil se fait bruyamment entendre. Encore un bref silence, puis un homme prend la parole. Je reconnais la voix au bout du fil et ça me donne des frissons, il s'agit de César Ambassa : "On ne pêche pas une requin des mers avec une canne à pêche, jeune homme".

Puis, l'homme se tait, et ni Karel ni moi n'avons le courage de raccrocher. À peine a-t-il fini de parler, un groupe d'hommes intimidants vêtus de noir et visiblement armés font irruption dans le petit café. Ils quadrillent à présent les lieux et l'un d'entre eux maintient la porte grande ouverte.
C'est alors que j'aperçois une limousine noire se garer à l'extérieur du lieu. C'est la première fois que je vois une telle limousine à Douala ! Nonobstant la situation flippante dans laquelle nous nous trouvons, ca me frappe..
Un homme ouvre la portière du véhicule et s'en extirpe. C'est notre célèbre bourreau.
Ambassa pénètre en grand maître dans ce petit coin de fortune, protégé par un véritable escadron. Il est toujours élégant, cette fois il a opté pour un long boubou de soie noir. Il arrive à notre hauteur et prend place à l'autre bout de la table.
"Alors ! Voici mes deux héros du jour.
Ah, les jeunes, comme vous êtes naïfs.
Votre agent avait entendu parler de moi dans les médias, alors il m'a contacté afin de surenchérir. Je l'ai effectivement payé pour toutes ses bonnes informations, mais hélas il nous a quitté il y a seulement quelques minutes. Son corps inerte git dans la limousine... ".

Figé, j'entendais ces déclarations comme des coups de machines, qui sonnent et abîment la tempe.
Après s'être servi de mon café, Ambassa reprend la parole :

" Maintenant, je contrôle tout. Absolument tout. Premièrement, vous vous êtes associés à des malfaiteurs étrangers afin de monter une organisation criminelle internationale, j'en ai les preuves, des photos et même une marchandise froduleuse, qui est liée à vous.
Ensuite, vous avez complotés contre moi, bâtonnier de l'ordre national des avocats et homme très influent de ce pays. Vous savez comment ça se passe ici, il suffit que je pèse de mon important poids sur cette affaire et je peux assurer que vous allez certainement passer à la chaise électrique. Vous n'avez personne pour vous défendre, petits poussins.
Où alors, une fois de plus, je peux être miséricordieux. Je peux attribuer votre complot au compte de l'inconscience et de la drogue. Mais alors, ça signifie que Ankh va arrêter de jouer les chefs de cartel, et va rejoindre tout gentiment la FRATRIE.

Quant à toi, Karel, c'est ça ?
J'ai appris que tu as entamé de brillantes études de droit. Je peux te trouver un stage bien rémunéré en attendant la fin de ta scolarité, et que tu commences à travailler avec la famille, qu'en penses-tu ? N'est-ce pas une bonne idée ? (Karel muet regarde la table, sans trahir d'émotion) ".

L'homme termine de boire mon café, et dit " vous voyez les amis, la balle est entrain vos mains. L'argent ou le cimetière... ".

Après cette menacente déclaration, Ambassa se lève, prend un mouchoir disposé à table et sort du bistrot en marmonant," je vous attends dans la limousine".

Sidérés, mon ami et moi ne disons point de mot.
Au bout de cinq secondes, Karel se lève et rejoint la limousine stationnée dehors, silencieux.

Cependant, il a laissé un objet inattendu sur son siège.

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