Chapitre 23: Le conseil.

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- Je t'aime aussi, Kirua.

Ces mots, je les ai entendu. As-tu ne serait ce qu'une petite idée à quel point ces mots me font du bien ? À quel point j'ai aimé le contact de tes lèvres sur mon front ? À quel point cet acte est significatif pour moi ? Te connaissant, tu dois trouver ça naturel.

Mes yeux s'ouvrent, la fatigue ne m'a pas encore quitté et mon corps me le fait comprendre. La pièce est plongée dans l'obscurité. Gon a pris soin d'y éliminer chaque source de lumière, à l'exception d'une située dans une sorte de cristal violet.

Ma vision de chat est pratique lorsqu'on a du Nen, ce qui n'est pas mon cas. J'ai pris l'habitude de voir dans le néant en échange d'un peu d'énergie. Maintenant, je suis une taupe, je n'y vois presque rien. Je prends rapidement conscience que mon corps est fatigué, vidé. Une action aussi banale que la vision féline est un véritable défi pour moi. J'aperçois à peine certains angles des meubles les plus proches, c'est sur l'un d'eux que ce trouve la seule lueur de la pièce.

Mon réveil est doux, lent. Je remarque, non pas ce qui ne fonctionne pas mais plutôt ce qui fonctionne. Un seul mouvement m'a rappelé que je suis, actuellement, aussi faible qu'un nouveau né, à tel point que je me demande combien de temps je suis resté endormi.

Deux heures ? Plus ? Après réflexion, c'est beaucoup plus, la difficulté avec laquelle ma tête se sépare de l'oreiller ne me ment pas.

Si un jour, on m'avait dit qu'il était possible de se sentir faible et fort simultanément, je ne l'aurais pas cru. C'est pourtant ma réalité, la sensation d'être à bout d'énergie mais aussi d'être plus puissant. Mon corps tente de me faire comprendre qu'une limite a été repoussée, détruite.

Mon instinct me chuchote que la chose qu'il m'a retiré, me bridait affreusement. Je peux affirmer que ce que je considérais comme mes pleines capacités représentent désormais vingts pourcent de mes capacités actuelles. Seconde après seconde, je sens mes forces augmenter, se décupler, mais ma vulnérabilité ne s'enlève pas pour autant.

Mes membres sont angourdis, anormalement lourds, massif, bouger normalement est une tâche rude.

Tendre ma main vers l'interrupteur et actionner celui-ci est une véritable épreuve pour le jeune homme que je suis. Après un effort comparable aux travaux d'Hercule, la lueur de ma lampe de chevet se répand rapidement dans la pièce.

Dans un premier temps, mes yeux se posent sur une pièce désordonnée, les décorations de certains meubles sont au sol, brisés, comme les plus petits mobiliers. Après observation, je me dis que ma lampe est probablement l'une des rares choses encore intacte dans tout le complex. Il faut dire que l'aura de Gon a dépassé un seuil époustouflant, j'espère qu'elle ne nous a pas détecté.

Dans un deuxième temps, mes yeux se perdent sur la garde-robe en face du lit, plus particulièrement sur le miroir qu'elle possède. Je me rends rapidement compte que mon débardeur est porté disparu. Gon me l'a sûrement enlevé avant de me coucher. Peut être dans l'optique que je transpire moins durant mon sommeil.

Dans un acte totalement irréfléchi, je rassemble les forces à ma disposition, me débarrasse des draps qui me recouvrent et tente de me lever. Soyons réaliste, réussir à poser les pieds au sol est déjà un calvaire, on attendra encore un peu pour se lever. Ma tête tourne, mon estomac est un véritable mixeur, je suis vraiment pas bien.

Je comprends parfaitement ce qu'il m'arrive mais c'est vraiment perturbant et frustrant. Mon corps tente de combler le gigantesque vide en moi aussi rapidement qu'il peut, ce qui explique ma fatigue. D'une manière imagée, mon corps remplit les sept océans avec un robinet qui coule goûte par goûte. Des jours, si ce n'est des semaines, seront nécessaires pour remplir mes réserves à fonds.

Ce que tu es pour moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant