Chapitre 8.

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- Chr... Christopher? Je dis d'une voix à peine audible en fixant le garçon devant moi.

- Vous vous connaissez déjà alors ! Me sourit mon père, assis sur le canapé en cuir noir.

Je fronçai les sourcils avant de diriger mon regard vers ma mère. Tant de questions me trottaient dans la tête, mais une seule me semblait appropriée à cette situation quelque peu étrange.

- Qu'est ce qu'il fait là? Je demande, la peur s'entendait dans ma voix.

J'avais beau savoir qui c'était, je n'avais toujours aucune idée du pourquoi il était là et, les mots de ma mère résonnaient toujours dans ma tête : < Nous avons fait venir quelqu'un pour toi > et ce quelqu'un étant ce garçon si peu commun qui semblait se donner un malin plaisir à s'infiltrer dans ma misérable vie.

- Oh, allons nous assoir, nous allons tout t'expliquer. Réponds ma mère en m'emmenant sur le fauteuil en face de mon père qui se trouvait près de Christopher.

Un silence s'installa, durant lequel l'angoisse me rongeait de l'intérieur, la peur de ce qu'il pourrait me faire s'emparant de tout mon être, jusqu'à ce que ma mère décide enfin de le briser.

- Compte tenu de tes difficultés au lycée, ton père et moi avons pris l'initiative de demander de l'aide à l'un de tes camarades de classe afin que tu rattrapes ton retard. M'explique t-elle en me souriant.

Je sentais Christopher me regarder, fixement, comme si j'étais une énigme qu'il essayait de résoudre. Il surveillait chaque mouvements, chaque faits et gestes que je faisais, me donnant ainsi la chair de poule. Mais contrairement aux regards des élèves de mon lycée, le sien n'était pas plein de moquerie, de méchanceté ou de pitié, non, il y avait cette lueur étrange que je ne saurais décrire dans ses yeux légèrement recouverts par quelques mèches de cheveux bruns. Je dois avouer qu'il me faisait un peu flipper, si ça se trouve lui aussi avait des troubles psychologiques, sinon pourquoi m'observer à ce point?

- Je... Mais... On est pas dans la même classe. Bredouillais-je en me frottant frénétiquement le bras, les yeux rivés sur la femme assise à côté de moi.

- En effet, tu es dans la salle A et lui dans la B mais vous avez les mêmes cours, mieux, il est en avance dans le programme et c'est l'un des meilleurs élèves paraît-il.

- Et c'est le seul qui a bien voulu te donner des cours de soutien. Ajoute mon père.

Justement, pourquoi? Pourquoi lui il a accepté au lieu d'essayer de m'éviter comme tous les autres?

Ma mère lança un regard noir à mon père, comme s'il avait dit quelque chose de mal. Peut être pensait-elle que ça m'avait blessée d'entendre la vérité. Ce qui est assez étrange parce que tout le monde se plaint quand le mensonge prime, mais se vexe à l'entente de la vérité pure et simple.

< Il n'y a que la vérité qui blesse. > avais-je entendu, peut être devrais-je me sentir mal? Mais pourquoi? Après tout qu'est ce que j'en ai à faire de l'avis de ces gens pour qui je ne suis qu'une folle à éviter? Tout ce que je demande de la part de ces gens, c'est qu'ils ne me tuent pas ou ne me violent pas, parce que, même si j'ai longuement considéré la mort comme issue potentielle, je reste tout de même légèrement réticente. D'un côté, j'ai envi de trouver la réponse, la réponse à cette question qui paraît si simple pour certaines personnes mais qui pour moi, est synonyme d'un défi redoutable à surmonter : est ce que je veux guérir?

- Alors, tu veux bien essayer? La voix douce de ma mère me fait sortir de ma rêverie.

Je déglutis. Je n'avais même pas réfléchi à la question, comme s'il n'y en avait pas assez dans ma tête comme ça.

Affliction.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant