- Mon cœur tu ne manges pas? M'interrogea ma mère.
- Non. Répondis-je, un peu lasse d'entendre cette même question tous les matins. Pourrions-nous y aller maintenant?
Mon père lâcha brusquement ses couverts sur son assiette, un tintement s'en suivit puis il me lança un regard béat.
- Tu... Tu veux aller au lycée?
- Bien... Je... Hm... O-oui. J'omets "accidentellement" de préciser la raison pour laquelle je veux y aller.
Je n'avais jamais réellement su résister à une surprise. Quelque part, j'avais encore cet esprit enfantin que l'on trouve généralement si charmant. Puis, ma mère afficha un sourire rayonnant avant de s'exclamer :
- C'est génial! J'étais sûre que tu finirais par apprécier cet endroit! Tu vois, Patrick, j'avais raison!
- Maman, passes moi le pot de confiture. Réclama soudainement Halley.
- Tu oublies le mot magique.
- Quoi? "Je suis une pauvre fille paumée qui en a marre de la vie et décide de me suicider parce qu'un psychopathe m'a enlevée quand j'avais trois ans" ? Sûrement, parce que ça marche toujours pour elle. Elle m'indexa. Elle n'a jamais eu besoin de faire quoique ce soit, je me trompe?
- Je t'interdis de parler ainsi Halley! Cria ma mère.
- Sinon quoi?! Tu vas m'oublier dans un parc?
- Je... Je...
Elle ne termina pas sa phrase et se leva de table avant de s'en aller, ne voulant certainement pas pleurer devant ses enfants. Quant à moi je me retins de laisser couler quelques larmes. Pas parce que ma petite sœur semblait me haïr mais parce que ces dires me rappelaient trop de choses que j'aurais aimé oublier. Soudain, la perspective de découvrir une quelconque surprise avait beaucoup moins d'importance.
- Que ce soit la dernière fois que je t'entende parler de la sorte à ta mère ou à quiconque jeune fille, me suis-je bien fait comprendre? La prévînt son père.
Elle se contenta de faire grincer sa chaise avant de se lever.
- Oh, tu es devenu une sorcière toi aussi? S'enquiert l'une des jumelles.
- Elle t'a lancé un sort!!! S'écrie l'autre en me pointant du doigt.
- On va trouver un contre-sort! Renchérit alors Tom.
Halley leva les yeux au ciel et je l'entendis marmonner entre ses dents : " bande de crétins" avant de faire basculer son sac sur son dos et de sortir en trombe de la cuisine. Mon père soupira avant de nous inviter à sortir à notre tour pour aller s'installer dans la voiture, le tout dans une atmosphère pesante. La journée risquait d'être longue.
***
Je rangeais mes affaires dans mon casier tout en jetant un œil vers la sortie, au cas où le bouclé ferait son apparition, mais rien. Je refermai le casier et vérifiai l'heure sur mon téléphone. Encore une petite minute et la sonnerie annonçant la rentrée en classe retentira. Je soupirai de soulagement en voyant qu'aucun malheur ne m'était encore arrivé, c'était encore à savoir si j'allais supporter cinq heures de cours. Quand j'entendis enfin la cloche sonner, je me mordis la lèvre. Ma surprise serait sans doutes pour une autre fois, sachant pertinemment que je ne resterais pas jusqu'à l'heure du déjeuner. Mais bon, qui ne tente rien n'a rien, n'est ce pas? J'attendis donc que les couloirs se vident peu à peu pour ne pas avoir à me faire bousculer et, quand je me décidai à pénétrer dans la classe, une main s'enroula autour de mon poignet pour me tirer un peu plus loin. Je lâchai un hoquet de surprise et, comme par réflexe, je retins ma respiration.
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Affliction.
General FictionJ'étais dans un gouffre, un gouffre sans fond, dans lequel je ne cessais de m'abîmer. Un gouffre qui m'engloutissait dans ses abysses sombres et lugubres, pour m'y retenir, à jamais. Et, j'avais beau me débattre, il continuerait toujours de m'enfonc...