Chapitre 10.

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Je regardais les rues défiler sous mes yeux depuis la vitre de la voiture de ma mère. Je venais encore de rater toute une journée de cours, mais, comment dire ça de manière sophistiquée? Ah oui, je m'en fichais complètement.

- C'est aussi important que ça les études? Je questionnai soudainement, les yeux rivés sur ma mère qui avait les siens sur la route.

Je n'arrêtais pas de poser la même question à Maurice à chaque fois qu'il me faisait apprendre des tables de multiplications ou qu'il m'obligeait à faire des équations, des exercices de grammaire etc, mais il n'avait jamais daigné voulu me répondre. Je ne comprenais même pas pourquoi il me faisait faire ça, j'étais censée n'être qu'un jouet pour lui, un objet dont il se servait pour se défouler et rien de plus, alors pourquoi m'enseigner toutes ces choses?

Ma mère se racla la gorge avant de répondre.

- Bien... Oui c'est important, surtout pour t'assurer un bel avenir, c'est pour ça que nous tenons à ce que tu ailles au lycée, tu es notre fille et... C'est ce qu'on fait pour ses enfants.

Elle me sourit.

Maurice me voyait-il comme sa fille? C'était étrange de penser ça, mais il était vrai qu'à plusieurs moments je l'avais vu se comporter avec moi comme un père le ferait avec sa fille, mais pour le reste... Ça serait une raison plausible pour qu'il ait voulu que j'étudie, non? Mais c'était insensé! Un père n'est pas censé faire tout ce qu'il m'avait fait à son enfant! Mais il se souciait donc de mon avenir, c'est bien ce que m'avait dit ma mère! La question est là : sans l'intervention de la police, est ce qu'il avait l'intention de me relâcher à un moment donné? En même temps, si c'était le cas, il l'aurait fait depuis longtemps, pas après 14 ans!

J'hochai simplement la tête et reportai mon attention sur la vue en face de moi.

***

- Heaven, je peux entrer?

Une voix retentit de derrière la porte de ma chambre, je la reconnus comme étant celle de ma mère.

Je me relevai du sol sur lequel j'étais assise depuis maintenant une heure et allai ouvrir lentement la porte, laissant entrer la lumière du couloir dans la pièce sombre. Ma mère se tenait devant moi, un sourire sur les lèvres mais celui ci disparu pour laisser prendre place à de l'inquiétude.

- Ma puce, tu vas bien? S'enquit-elle en plaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille pour mieux distinguer les traits de mon visage.

Je n'aimais pas cette question, mais pourquoi diable fallait-il qu'on me la pose à chaque fois?

J'aurais aimé pouvoir répondre par l'affirmatif à ma mère, pour faire partir cette inquiétude que je lisais sur son si doux visage, pourtant ça aurait été mentir et l'épisode du jour passé me restait en travers de la gorge.

- C'est l'heure du déjeuner? Je demandai, pour changer de sujet.

Elle soupira.

- Non, je me suis dit qu'on pourrait regarder un film toutes les deux, en attendant ton père et tes frères. Tu veux bien?

Je ne comprenais pas ce qui la poussait à vouloir passer du temps avec moi alors que moi, tout ce que je voulais c'était qu'on me laisse tranquille. Je voulais juste être seule, comme je l'avais toujours été, était-ce si dur à comprendre? Si dur à accepter?

Ce que je voulais, c'était ressentir cet étrange sentiment de paix, que j'éprouvais quand lorsque tout disparaissait. Mon seul désir, était la solitude. C'est peut être triste, c'est vrai, mais j'en avais l'habitude, car dès l'enfance je n'ai pas ressenti cette chaleur, qu'insufflent les personnes pouvant attendrir mon cœur.

Affliction.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant