- C'est quoi ton histoire, en fait?Ces mots, sortis tout droit des lèvres de Christopher me perturbaient quelque peu.
Je ne comprenais pas vraiment leur sens, que voulait-il dire par là? Mon histoire? Voyait-il en moi une sorte de livre? J'imagine que chacun de nous a une histoire, certaines toutes aussi insignifiantes les unes que les autres, d'autres touchantes à en faire pâlir le plus dur des gangsters, ou tout simplement des histoires renfermant des sombres secrets attisants ainsi la curiosité du premier venu. Faisais-je partie de l'une d'elle? Mon histoire avait-elle l'air aussi attirante que cela pour qu'il veuille la découvrir?
Cela expliquerait cette lueur dans ces yeux, cette lueur qui ne reflétaient ni de la pitié, de l'amertume ou encore de l'animosité, mais quelque chose qui s'avoisinait à une soif de connaissance.
Je savais bien qu'il n'y avait rien de choquant dans sa question et que celle ci doit trotter dans les têtes des personnes ayant déjà fait ma connaissance. Pour eux, il était impossible d'être comme moi, renfermée, toujours triste et apeurée, alors bien sur, ils se diront que tout cela a été provoquer par un événement perturbateur. Le monde, en plus d'être plein d'amertume, renferme des êtres rongés par la curiosité, le besoin de savoir, de comprendre. Pourtant, il y a des choses qui ne s'expliquent pas, des choses dont la compréhension nous échappe.
Je sentis les larmes me monter aux yeux tandis que je fixais toujours le cahier. Je n'étais pas prête à affronter la réalité, je savais qu'elle s'abattait sur moi, mais l'affronter ne faisait pas partie de mes capacités. Je n'arrivais même pas à parler de cette histoire à mes parents, parce que d'un côté, je ne voulais pas y croire, je ne voulais pas croire que j'avais vraiment vécu ça et, en le disant à voix haute, j'admettais que c'était bel et bien la vérité.
Tant de sentiments se bousculaient en moi, tant de raisons pour lesquelles je voulais garder cette histoire pour moi. Tout d'abord parce qu'une partie de moi se disait que ça n'avait pas de sens, que Maurice ne m'avait fait aucun mal et que de toute façon, il reviendrait me chercher et que j'oublierais tout ceci une fois retournée dans mon vrai chez moi. L'autre raison était que je n'avais aucune envie de recevoir les regards de pitié des gens s'ils étaient au courant.
C'étaient eux qui me font pitié en fait, ils me faisaient pitié car je voyais qu'ils se rattachaient à des valeurs sans queue ni tête, car ils croyaient encore que la vie à tant de choses à leur rapporter et qu'elle est un cadeau dont on doit en profiter. Pour moi, c'était une preuve irréfutable de leur naïveté à croire qu'ils sont à l'abris de tous et de tout. Oui, ils étaient naïfs, naïfs et incroyablement stupides jusqu'à m'en faire de la peine pour eux. Ils croient tout savoir de la vie, et bien ils se foutent le doigt dans l'œil.
Non, je n'exagérais pas. Le peu que j'avais vu depuis que j'étais là me donnais une impression de dégoût. C'était comme s'ils étaient aveugles et qu'ils ne voyaient pas le mal qui les entourait tellement ils étaient occupés à nager dans leur < bonheur >. Dégueulasse.
Voilà mots pour mots ce que je me disais : La vision des hommes et de la vie que j'ai pour l'instant me répugne au plus haut point. Vous vous direz que je ne connais pratiquement personne, que je n'ai pas le droit de juger, mais détrompez vous, je sais de quoi je parle, et vous aussi, seulement vous refusez de l'admettre. Certains se disent croyants mais à peine ont-ils mis un pied hors de l'église qu'ils se noient dans des propos malveillants auprès d'autrui, dans des pensées peu judicieuses, l'hypocrisie, la jalousie, l'orgueil et j'en passe. Un jour vous croyez connaître votre ami, et le jour d'après il vous plante un couteau dans le dos, classique non? Oh, et je ne parle même pas des meurtres, agressions, viols et toutes sortes de violence dont vous même êtes témoins presque tous les jours, et malgré ça, vous continuez à vous extasier une pseudo beauté de cette vie.
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Affliction.
General FictionJ'étais dans un gouffre, un gouffre sans fond, dans lequel je ne cessais de m'abîmer. Un gouffre qui m'engloutissait dans ses abysses sombres et lugubres, pour m'y retenir, à jamais. Et, j'avais beau me débattre, il continuerait toujours de m'enfonc...