Chapitre 13.

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Folle, pleurnicharde, suicidaire. Voilà ce qu'ils disaient de moi au lycée. Comme je le savais? C'est simple, j'y étais retournée, ne me demandez pas pourquoi. J'avais passé deux jours à l'hôpital ( c'est à dire le weekend ) et un autre à la maison et je peux vous dire que cela m'avait enchantée au début. Pas de lycée, pas d'élèves qui vous observent, vous insultent et vous lancent des trucs à la figure, pas de Christopher. En parlant de lui, je ne l'avais pas vu pendant tout ce temps. Pas que je m'en plaignais, bien sur. Il n'y avait rien susceptible de me permettre de me suicider dans la chambre d'hôpital, tout comme dans ma chambre quand je suis retournée à la maison, rien de tranchant et aucuns médicaments, sans doute ma mère était passée par là. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui me manquait. En fait, durant ces trois jours, je n'avais pas réellement eu le temps de me morfondre ou de penser à des choses sinistres, parce que voyez vous, ma mère avait décidé que je ne resterais plus du tout seule ne serait-ce qu'une seconde, comme si cela pouvait m'aider. Du coup, ma chambre d'hôpital s'était transformée en une garderie grâce à mes frères que mes parents avaient sûrement soudoyés pour qu'ils acceptent de passer du temps avec moi, vu qu'ils me détestaient. Et, en tant que petits frères exemplaires qui font tout ce que maman veut, ils ne m'avaient laissée aucuns moments de répit.

Ils criaient par ci, sautaient par là, dans l'espoir de me changer les idées, ce qui -je le reconnais-avait assez bien marché. Je passais plutôt le plus clair de mon temps à essayer d'ignorer les aboiements agaçants de Diamond, la chienne récemment nommée ainsi, ainsi que Allie et Annie, qui m'avait transformée en pot de peinture avec le maquillage de leur mère et des perruques. Tom lui, envoyait sans cesse ses avions en papier s'écraser sur mon front comme quoi celui ci serait une montagne qui aurait causer un crash monumental desdits avions dans lesquels se trouvaient toujours de grandes personnalités dans le monde. Et apparemment, à cause de mon front, les Bisounours seraient tous morts asphyxiés par les toxines du crash. Leur mort aura été lente et douloureuse et à la fin, il ne restait plus rien de leurs pauvres carcasses. Les jumelles avaient bien essayé d'appeler Docteur la Peluche, mais Tom leur a dit qu'elle était occupée à sauver un poisson de la noyade. Nous avions tous organisé un enterrement digne de ce nom et j'avais été obligée de force ( je n'exagère pas ) à lire le discours bourré de fautes que Tom avait rédigé pour moi. Même Halley s'y était mise, elle m'avait fait tout un monologue sur la nouvelle coupe de cheveux de Chris Brown, en passant par le tout nouveau clip de Rihanna, et autres potins de stars auxquels j'étais assez indifférente. Charlie, lui, en tant que petit génie de la maison, m'avait parlé sans arrêt de la politique en Russie, ce qui était fort passionnant. Notez le sarcasme.

J'avais vécu un enfer. Et, quand ils devaient travailler où partaient à l'école, ma mère me faisait regarder des films et me parlaient de choses sans importance. C'était sans doute en partie pour ça que je n'avais pas trop bronché quand ma mère m'avait dit que je pourrais retourner au lycée. Je n'aurais pas supporté une seule journée de plus dans cet atmosphère, c'était trop... Joyeux et... Bizarre.

Je laissai échapper un soupir de soulagement tandis que j'atteignais les marches du bâtiment. J'étais tellement soulagée d'avoir réussi à traverser la cours en entendant à peine les conversations des autres élèves qui portaient essentiellement sur moi depuis ce fameux jour où une jeune fille avait tenté de se suicider dans les toilettes du plus prestigieux lycée de Londres. J'étais tant obnubilée par le fait d'être loin de ma famille plus qu'encombrante que je ne sentais pas non plus les regards lourds. Je pénétrai dans la bâtisse et allai directement à mon casier où je me dépêchai de prendre mes affaires de peur de croiser encore ces personnes désagréables.

Malheureusement, elles étaient là quand je me suis retournée pour aller en cours, toujours avec leurs sourires espiègles et mauvais. Pendant une minute, je fus effrayée et puis je me suis dite : à quoi bon? Ils allaient me faire du mal? Plus rien ne pouvait m'atteindre, pas là où j'en étais à présent. J'avais beau avoir passé trois jours dans la bonne humeur de ma famille et sans me morfondre réellement, en revenant ici, j'avais tout re-déclenché. Je m'enfonçais un peu plus dans le trou, un trou sans fin apparemment.

Affliction.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant