Chapitre 11.

142 9 1
                                    

~FLASHBACK~

Je suis étendue sur le sol froid depuis maintenant... Je ne sais pas vraiment. Il faut croire que j'ai perdu la notion du temps. Oh, si, je me souviens. J'ai passé la journée là, sans bouger d'un poil. Je n'ose même pas le faire, je sais que je vais le regretter sinon.

Je ne sens presque pas la douleur, est-il possible qu'après 13 ans mon corps se soit habitué à toutes les agressions auxquels il est sujet tous les jours? Il faut croire que oui. C'est pour ça que je suis toujours là, à fixer le plafond, c'est une sorte de méthode que j'ai développé au cours des années pour ne pas avoir mal. Ou du moins trop.

Maurice est parti plus tôt ce matin et n'a toujours pas fait signe de vie, heureusement pour moi. Je décide donc, après une quinzaine de minutes de réflexions, de me lever. Maurice n'aime pas rentrer à la maison et me voir dans cet état et moi, je ne veux rien faire de plus pour attiser sa colère. J'ai l'impression que c'est une bombe à retardement. À chaque petites secousses ou si non ne s'y prend pas bien, elle finit par exploser, et en l'occurrence, sur moi.

J'essaye de me relever mais un mal de crâne atroce me résigna à laisser tomber. J'ai l'impression qu'un éléphant me marche sur tout le corps. Je savais bien que je n'aurais pas dû bouger! Mais en y réfléchissant bien, cela vaut mieux que ce que je risque si je ne le fais pas. Alors, après quatre dures tentatives, je finis par me mettre sur mes deux pieds malgré tous mes muscles qui m'interdisaient de le faire. Avec le peu de force qu'il me reste, je ramasse mes vêtements à moitié déchirés sur le sol crasseux et marche d'une lenteur propice à mon état jusqu'à la minuscule salle de bain. Il y a à peine assez de place pour moi mais je m'en contente, certaines personnes n'en ont même pas et je suis incroyablement chanceuse d'avoir quelqu'un comme Maurice pour veiller sur moi, même si les fois comme aujourd'hui je le hais de tout mon être. Je passe ma main sur le petit miroir au dessus du lavabo pour enlever toutes traces de crasse dessus puis je regarde mon reflet. Le même reflet que j'ai toujours vu, mais celui là paraît plus âgé et plus en mauvais état qu'avant. J'ai cinq ans? Franchement? En tout cas je n'en ai pas l'apparence, mais bon, si Maurice le dit...

Mes yeux, généralement verts, ne montraient qu'une seule couleur, rouge.

< Une hémorragie interne, je présume. > je pense. J'ai un œil au beurre noir et la lèvre fendue. Un trait qui paraît un peu profond longe le long de ma tempe. Je pris pour ne pas avoir perdu une ou plusieurs dents, ce qui m'ait déjà arrivé quand je devais avoir dix ans, heureusement que c'étaient des dents laits. J'ouvre la bouche pour vérifier cela et découvre avec soulagement qu'il n'y a que du sang. Je tâte ensuite le haut de mon crâne avec le bout de mes doigts et grimace de douleur avant de les retirer pour les découvrir couverts d'un liquide rouge. Je fais un pas en avant, ce qui me suffit pour arriver devant la douche et tourne le robinet pour voir de l'eau couler. Je passe ma main à travers les gouttes et sens des frissons me parcourir le corps quand je me rends compte qu'elle est froide. Encore.

- Comme d'habitude. Je soupire avant de pénétrer directement sous la douche, sans prendre le temps d'enlever mes vêtements.

Oh, m'ais que dis-je?! Quels vêtements? Ceux imaginaires peut être?

Je me savonne de partout, pendant au moins une trentaine de minutes. Je veux effacer tous souvenirs de la nuit que je viens de passer. Je fais abstraction des plaies sur l'ensemble de mon corps qui sont assez douloureuses. Je suis habituée de les toutes façons, du coup j'ai moins mal que je le devrais normalement. J'ai arrêté de pleurer depuis un moment, je supporte, j'encaisse, je ne dis rien. Que dire de toutes façons? Je ne ferais qu'aggraver mon cas.

Des larmes se mélangèrent à l'eau coulant sur mon visage. Des larmes, pourquoi je pleure? Je suis censée encaisser, pas pleurer! Oui, mais le problème, c'est que j'encaisse les coups, pas le fait que Maurice se sert de moi ainsi pour satisfaire ses envies perverses et que moi, je n'ai pas d'autres choix que de me laisser faire. C'est bien la seule chose depuis trois ans qui me fait encore pleurer, même si cela est une sorte de routine, un quotidien.

Affliction.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant