24 Décembre, 2004.
Une petite fille, du haut de ses sept ans était confortablement installée, sur le sol froid de sa demeure, regardant un film à la télévision. Ce jour devait être spécial, car jamais, ou du moins presque jamais, elle n'avait le droit de regarder la télé. Elle s'extasiait devant chaque images du film de Noël diffusé ce soir là. Ses yeux brillaient de milles feux à la vue de cet arbre, magnifiquement décoré par les membres de la charmante famille. Une mère souriante, un père toujours présent, des enfants mignons comme tout. Elle aussi rêvait d'avoir une famille ainsi, pourtant elle savait que c'était impossible.
Soudain, la porte s'ouvrit brusquement, accompagnée d'un vacarme assourdissant, telles étaient les entrées hautes en couleur de Maurice. Cependant, il y avait quelque chose de différent chez lui. Peut être était-ce le fait qu'il n'avait pas l'air ivre, ou qu'il portait même l'un de ces ridicules mais si mignons, bonnets rouges.
- Bonjour, Maurice. Dit la petite fille d'une voix timide.
Il lui adressa un bref regard avant de se diriger à grandes enjambées dans la petite pièce sombre et malodorante servant de cuisine. Il déposa, sur une table en bois mal faite, les sacs en papier qu'il avait en main et commença à les vider.
Heaven, ou plutôt Ashley se leva et marcha lentement jusqu'à l'homme qu'elle considérait comme un père et resta à quelques mètres de lui, pour l'observer. Elle portait une robe blanche au départ, mais qui a fini par se recouvrir de crasse et de traces de sang -de son sang- et déchirée au bas de la robe. Son corps, si petit et si frêle, caché derrière ce bout de tissu trop ample pour elle, semblait vouloir s'effondrer au moindre mouvement qu'elle faisait. Il était la preuve de tous les traumatismes dont la fillette avait été victime depuis les quatre années qu'elle avait vécues avec cet homme. Son visage, si angélique, était meurtri par de nombreux bleus, égratignures et cicatrices, tout comme le reste de sa masse corporelle. Elle avait des joues creuses, des cotes visibles sous sa peau et aucun signe qu'elle mangeait régulièrement, ou même qu'elle mangeait tout court.
Elle se sentait si faible, si fatiguée, mais eu le courage de s'approcher de Maurice, la seule personne qu'elle avait pour compagnie, parfois bonne, très souvent mauvaise.
- Qu'est ce que tu fais? Questionne t-elle, une fois près de lui.
Elle s'assit sur une chaise en plastique, les mains jointes, elle l'observait discrètement, en priant pour qu'elle ne fasse rien capable d'attiser sa colère.
- Je range quelques courses. Tu veux m'aider?
Elle hocha la tête puis sourit, ravie de retrouver le Maurice qu'elle aimait.
Elle prit fébrilement les bouteilles d'eau de la table puis alla les placer dans le petit réfrigérateur avant de revenir près de la table.
- Il est rigolo ton bonnet! S'exclame t-elle en riant légèrement.
Il fronça les sourcils avant de soupirer d'exaspération et d'arracher le chapeau de sur sa tête pour le jeter un peu plus loin. Ashley suivit du regard le bonnet valser dans un coin de la pièce avant de poser ses yeux sur son kidnappeur. La pièce était très sombre en raison de toutes les ouvertures closes afin de ne laisser paraître aucune once de lumière. Cependant, elle voyait bien que dans les prunelles de Maurice, se trouvait une petite lueur de colère qui menaçait de s'agrandir et qu'il vaudrait mieux pour elle de ne plus rajouter un mot, pourtant, elle s'y risqua.
- On est pas le 24 Décembre? La veille de Noël? Interroge t-elle en contempla avec appétit ce qui se trouvait sur la table.
Ce n'était rien d'autre qu'une boîte de lentilles en conserve et une autre de saucisses ainsi qu'un pot de yaourt à la fraise mais pour elle, ceci ressemblait à un véritable festin. Elle avait enfin la preuve que ce jour n'était pas comme les autres, qu'il était spécial.
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Affliction.
General FictionJ'étais dans un gouffre, un gouffre sans fond, dans lequel je ne cessais de m'abîmer. Un gouffre qui m'engloutissait dans ses abysses sombres et lugubres, pour m'y retenir, à jamais. Et, j'avais beau me débattre, il continuerait toujours de m'enfonc...