Silver of Darkness - Tome 3: Le voyage de l'anneau [Terminée]

{𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 5} - 𝐴𝑛𝑐𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑛𝑎𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒

Je ne saurais dire combien de temps nous restâmes là, plantés l'un en face de l'autre, à se regarder dans le blanc des yeux, sous le regard curieux des quelques elfes présents, ainsi que des hommes qui arrivaient à cheval.

Mon regard à moi, il était sûrement figé. Le sien aussi, mais je percevais une lueur d'émotion. Du soulagement, de l'étonnement... et peut être même de la tristesse et du regret.

La première chose que mon instinct me dictait de faire, c'était de partir en courant. Mais c'était lâche et ridicule. La deuxième, de lui hurler dessus pour je ne savais quelle raison. Ça aussi, c'était bien ridicule et incensé. La troisième, bah de rester là, ce que je fis.

Je ne vis pas tout de suite Ilmana arriver tranquillement, et s'arrêter brusquement en nous voyant. Je ne tournai même pas la tête, le regard rivé sur l'elfe en face de moi. Et je vis une nouvelle option se présenter: dire quelque chose. Mais quoi? Ou bien...

Je fis quelques pas hésitants. Au même moment, il avança aussi. Quand nous nous retrouvâmes à deux mètres de distance, nous nous arrêtâmes. Tout cela sans se lâcher du regard... la scène devait être bien hilarante, vue de l'extérieur.

Cela devint très embarrassant, surtout au moment où d'autres personnes arrivèrent, que je reconnus du coin de l'œil comme Arwen et les cinq petits hobbits.

Je m'apprêtai à lâcher quelque chose, n'importe quoi, tout pour faire cesser ce malaise, mais il fit un mouvement. D'abord hésitant, il franchit d'un pas la distance qui nous séparait; et il me prit dans ses bras.

Je clignais des yeux plusieurs fois d'affilé. Que...? Mais je réagis aussitôt en entourant ses épaules de mes bras. Par les Valar, c'était bien lui... mon camarade d'il y a soixante ans, qui m'avait sauvé la vie...

- Legolas, fis je.

- Isilya, dit il en reculant d'un pas après de longues secondes. C'est bien vous?

- Évidemment, qui d'autre? Répliquai je en souriant.

J'essayais de faire de l'humour pour cacher toutes les émotions qui m'envahissaient. J'étais -à mon goût- bien trop contente de le revoir. Je ne l'avais connu que durant la guerre d'Erebor, mais il avait compté parmi mes plus proches alliés. 

- Vous... vous avez changé, fis je remarquer.

C'était bien vrai. Tout d'abord, il souriait. Même quand il venait d'arriver, il semblait bien plus détendu, amical... Il n'avait plus l'air renfermé, ni froid. C'était déroutant... mais il était tel que je l'avais vu dans le miroir de Galadriel il y avait quarante ans. Il était différent.

- Et vous, bien moins que je ne l'imaginais, répondit il. Je pensais que vous commenceriez une vie de mortelle.

- Ça ne s'est pas passé comme prévu, marmonnai je.

- Je ne vais pas m'en plaindre, murmura le blond en replongeant son regard dans le mien.

- Et si nous continuions cette discussion dans un endroit moins... fréquenté? Dis je en désignant du regard les curieux qui nous observaient.

Il hocha la tête et nous nous éloignâmes de la cour pour aller marcher dans les rues de la cité, en direction de la forêt.

- Je... je suis désolé, déclara t'il au bout d'un moment.

- Désolé pour quoi? M'étonnai je.

- Pour tout, admit il. J'ai été odieux avec vous, tout au long, sans aucune raison.

- Moi non plus, je n'ai pas été très amicale... rétorquai je. J'ai essayé de vous tuer!

Il éclata de rire, à ma grande surprise.

- J'ai mis des années à l'accepter, mais je dois bien avouer que vous êtes extrêmement douée, me dit il. J'ai de la chance d'être encore en vie...

- Vous auriez pu me laisser mourir, aussi, rappelai je. Vous m'avez même sauvé la vie. À deux reprises.

- Vous aussi! S'exclama t'il. Rien ne vous obligeait à me venir en aide à Dale. Et ensuite, vous auriez très bien pu me laisser en plan dans cette ruelle. Mais vous ne l'avez pas fait, alors que vous me détestiez.

- Je ne vous détestais pas.

Il me lança un regard surpris. Je baissai la tête. Comment interprétait il cette phrase? Pas d'un sens dérivé, je l'espère.

- Je... commençai je. Quand vous avez tué cet... orque. Étais ce pour une raison... personnelle?

- En partie, avoua t'il. Mais aussi pour ce qu'il vous avait fait et ce qu'il allait vous faire. Je ne pouvais pas...

Il soupira et détourna le regard. Cependant, je sentis qu'il voulait me dire quelque chose d'autre.

- Je... commença t'il d'un air hésitant.