Adam et Théa avaient critiqué toute la famille de Théa. Adam n'en était pas fier au début, mais il faut avouer qu'il aimait ça. Et puis ça avait l'air de soulager Théa.
Adam devait reconnaître que la famille de Théa pouvait se comporter comme une plaie, Théa saignait, et Talia était un désinfectant.
Elle pique, mais après, elle fait du bien.
Enfin, elle ne pique pas Théa.
- Et toi ça va avec ta famille ? questionna Talia
- Franchement j'ai pas à me plaindre, on a les mêmes passions, ils aiment tous mes amis, on rigole ensemble...
- Mais ? fit Théa qui le sentait venir
Adam s'interrompit pour regarder le ciel bleuté constellé d'étoiles.
- Il y a un mais ? relança Théa
- Oui, il y a un mais.
Adam soupira et réfléchit aux mots adaptés pour décrire sa situation.
- Depuis le début de mon adolescence, j'ai pas l'impression que mes parents me voient comme leur fils, mais plutôt comme un ado rebelle et flemmard qu'on voit dans la plupart des films. Insolent, qui fait que de la merde et tout...
- Toi tu fais que de la merde ? plaisanta Théa
- Non mais c'est ce que mes parents croient, fit Adam avec un sourire. Ils savent que j'adore la peinture, mais ils pensaient pas que je voulaient en faire mon métier, quand je leur ai annoncé que je voulais faire les Beaux-Arts et pas une grande école de commerce, de droit ou de médécine, ils étaient à la limite de l'infarctus. Comme si je leur disais que je me reconvertissais dans un cartel de drogue.
- Ils imaginaient un autre avenir pour toi, compléta Théa.
- Ouais, et maintenant à chaque fois je dis un truc, ils ont l'impression que je conteste leur autorité ou que je leur manque de respect, alors que je suis juste pas d'accord avec eux. Bullshit.
- C'est un peu pareil pour moi, mais je crois que tu avais déjà compris ça. On dirait que les parents ont tellement l'habitude d'entendre que l'adolescence change leurs enfants qu'ils le croient avant même de l'avoir vécu, et maintenant ils comprennent chaque désaccord comme de la rébellion.
- Pas que les désaccords, précisa Adam, la plupart des blagues que je fais se finissent en leçons de vie ou en morale.
L'air était frais mais il ne faisait pas froid, pourtant Adam avait la chair de poule.
- Ma meilleure amie s'appelle Margot, déclara-t-il. A une fête d'anniversaire qui s'était terminée en action ou vérité, elle avait dû embrasser une fille. Ses parents en avaient entendu parler et l'ont engueuler parce que si elle était lesbienne elle aurait dû leur en parler.
- Elle a le droit de garder ses secrets, objecta Théa.
- Bien sûr, mais en plus il n'y avait pas d'amour dans ce baiser, elle est hétéro et maintenant la fille qu'elle a embrassée est en couple, c'était juste un jeu. Mais tu sais c'est quoi le pire ?
- Non mais tu vas me le dire, fit Théa avec un large sourire.
- Pendant près de trois mois ses parents lui ont interdit de dormir chez des amies ou de les faire dormir chez elle, par peur qu'elle soit vraiment lesbienne.
- Mais c'est horrible ! s'insurgea Théa. Ils sont homophobes ?
- Il se pourrait bien que oui. Elle mérite pas de parents comme ça. Elle est une personne trop bien pour ça. D'ailleurs elle m'a donné plein de conseils pour notre relation, ricana Adam.
- Moi je pense qu'un parent devrait toujours aimer son enfant, peut importe qui il aime.
- Moi je pense que t'as raison mais que les gens sont trop dérangés par la différence qu'ils deviennent des connards.
- Ils sont dérangés par ma différence aussi, mais sont trop lâches pour se mettre à ma place. Heureusement t'es pas comme eux.
Adam regarda Théa et ses yeux magnifiques qui reflétaient le ciel tel un miroir.
Et pendant une fraction de seconde il y vit une lueur d'espoir.
- Je serais jamais un connard avec toi. Mais je garantis rien pour ceux qui te veulent du mal.
Théa rit :
- Tu vas les frapper avec tes tableaux de bateaux ? Leur enfoncer des pinceaux dans le nez ?
- Mieux que ça !! Je vais leur prouver que n'importe qui est bien plus heureux avec toi qu'en se moquant de toi, et là...
Adam fut coupé par Théa qui lui avait sauté dans les bras.
- Merci pour tout ce que tu fais pour moi, lui chuchota-t-elle.
- Merci d'être toi, lui répondit-il.
Théa sentait tellement bon : elle sentait la fraîcheur, l'empathie, la liberté, l'amitié et l'amour.
- T'as pas le sentiment d'être épiée ? demanda Adam
- Adam mes yeux ne fonctionnent pas, lui rappela Théa.
- Je sais qui nous regarde !
- Qui ? demanda Théa
- Les étoiles ! cria simplement Adam
- Mais qu'est-ce qu'il me sort encore lui ?
- Les étoiles nous regardent et elles sont jalouses de nous ! Elles restent tout le temps dans le ciel seules même si elles sont nombreuses ! Alors que nous, on est heureux et amoureux !
- Mais les étoiles filantes ? demanda Théa
- C'est les étoiles qui ont brisé les codes pour rejoindre celles qu'elles aimaient !
- Alors on peut dire que tu es mon étoile filante ? fit Théa pour Adam
- Exact je suis ton étoile filante, et entre toutes les belles étoiles qu'il y avait dans le ciel, j'ai choisi de rejoindre celle qui brillait le plus !
- Faux ! s'interposa Théa. Tu as choisis celle qui brillait le moins, mais quand tu l'as rejoint, elle s'est mise à briller encore plus fort que toutes les autres !
- Elle est belle cette histoire, fit remarquer Adam.
C'était son histoire, leur histoire. Adam ne pouvait s'empêcher de dire :
- N'importe qui qui laisserait la vie écrire sa propre histoire au lieu de l'écrire lui-même n'est pas réellement libre.
- Bravo champion, qui a dit ça ?
- Moi-même, j'aime me prendre pour un philosophe, dit Adam non sans fierté.
- Monsieur Lumineau, laissez-moi vous annoncer que vous êtes mon philosophe préféré.
- Non, non, non, non Théa ! Tu n'y es pas du tout là ! Je suis ton étoile filante !
- Mais Adam ! Tu peux être tout ce que tu veux et plusieurs choses à la fois, gros bêta.
- Alors parmi toutes les choses que je peux être, je veux être ton amoureux, fit-il en lui prenant la main.
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Et on parlera des nuages
RandomThéa est aveugle. Adam est artiste. Et si Théa et Adam tombaient amoureux ?