Contre toute attente, Théa avait apprécié le repas avec la famille d'Adam. Elle qui d'habitude, faisait presque une crise de panique. Contrairement à tous les autres repas avec des invités qui avaient mal tournés, elle avait pris la parole. Certes, moins souvent que sa mère, qui comme à son habitude, avait le monopole de la parole et de l'attention, mais elle avait pris la parole quand même.
On lui avait même posé des questions. La famille d'Adam trouva sa famille fort sympathique, et ils finirent même par tisser une amitié. Les parents avaient des points communs, des passions qu'ils partageaient tous, et des sujets de discussion sans fin.
Ils étaient restés ensemble pendant quatre heures.
Théa ne s'était jamais sentie aussi intéressante. Et pour son plus grand bonheur, le repas était rythmé par les éclats de rire de son père.
Personne ne lui avait posé de questions indiscrètes, personne n'avait fait de remarques pénibles. Même sa mère sembla oublier qu'elle avait donné naissance à une fille aveugle. Ainsi Théa avait l'impression d'être une fille banale. Elle avait l'impression d'être traitée comme elle méritait de l'être.
Elle trouva de nombreuses ressemblances entre Adam et ses parents : la mère d'Adam lui avait transmis son humour communicatif, Adam avait hérité de l'odeur de son père, la tante d'Adam avait le même intérêt pour l'art que son neveu, et l'oncle d'Adam aimait autant la mer que lui.
Plus les jours passaient, plus Théa pensait à Adam, plus elle pensait à son départ qui se rapprochait, plus elle voulait le voir.
Avec l'aide d'Adam et de Talia, elle organisa un autre dîner avec a famille d'Adam, cette fois-ci dans la maison de la tante et de l'oncle d'Adam, située derrière le camping. Le dîner se passa toujours aussi bien que l'autre, mais cette fois-ci, Adam était à côté de Théa.
Il sentait si bon. Un mélange de lavande, de lessive, de shampoing et d'eau salée.
Après le dessert, le père de Théa resta parler à table avec le père d'Adam et son oncle, Talia et la mère d'Adam jouaient au piano en chantant Someone like you, pendant que Sylvie parlait d'un livre qu'une de ses amies avaient écrit à Florence, la mère de Théa.
Ce qui signifie que Adam et elle étaient seuls.
- Ça te dit une ballade sur la plage ? proposa Adam
Théa ne pouvait pas rêver mieux, alors après avoir annoncé aux adultes qu'ils allaient se promener, ils s'en allèrent en direction de la mer.
Il devait être 22 heures, peut-être 23, le soleil s'était couché depuis peu. Le sable était chaud sous leurs pieds nus et il régnait une ambiance féerique.
- Adam, appela Théa d'une voix suave
- Oui, répondit-il
- Merci, murmura simplement Théa.
Adam souffla du nez puis lui demanda pourquoi il la remercia. Ce à quoi Théa répondit sincèrement :
- Merci d'être là.
Adam ne répondit pas. A la place il prit la main de Théa dans la sienne et lui caressa la paume avec son pouce.
- Je t'aime.
Théa arrêta de marcher. Il se passait trop de choses dans sa tête. Un garçon qui s'interressait à elle, c'était déjà nouveau pour elle. Mais recevoir un je t'aime de la part de quelqu'un d'autre que sa famille, c'était presque inimaginable. Elle ne pouvait pas plaire, non. Ce n'était pas possible. Il mentait, elle aurait aimé que ce soit vrai, mais c'est faux. C'est faux, pas vrai ?
- Tu quoi ? bégailla faiblement Théa.
Adam ria, puis avoua à Théa :
- Il y a beaucoup de choses que j'aime chez toi, ton sourire, cette habitude de remettre tes cheveux derrière ton oreille, ton ironie, la façon dont tes mains caressent les livres que tu lis...
- Il y en a encore plus que j'aime chez toi, renchérit Théa avant qu'elle soit trop gênée pour accepter ses compliments.
Sans prévenir, Adam prit Théa et la renversa sur son épaule, la tête en bas.
- Mais t'es fou toi ! hurla Théa
- Nan je suis juste amoureux ! cria à son tour Adam
Théa sourit bêtement. Elle avait l'impression d'être dans ses livres d'adolescents où les personnages principaux tombent amoureux l'un de l'autre trois jours après s'être rencontrés.
Elle se releva et posa sa tête entre ses mains, coudes appuyés sur les épaules d'Adam :
- Faux, tu es niais.
Et alors qu'Adam courait sur le sable en riant, elle ne put s'empêcher de penser qu'elle avait pris sa revanche sur la vie. Elle se sentait tellement bien avec Adam. Elle aurait voulu crier au monde entier à quel point elle l'aimait et à quel point elle était aimée.
Adam vit un couple de personnes agées qui se promenaient au bord de l'eau main dans la main et en fit part à Théa. La plage n'était donc pas déserte, dommage. Et soudainement, comme si Adam n'avait pas pu se retenir, il cria fort pour que le couple l'entende :
- Madame, Monsieur, je suis fou amoureux de cette personne !
Théa explosa de rire, et comprit que le couple était parti.
Adam reposa Théa sur la terre ferme. Théa prit Adam dans ses bras et fût embrassée par son parfum et ce sentiment d'être intouchable.
Adam chuchota à l'oreille de Théa :
- J'aimerais te rendre heureuse.
- C'est déjà le cas crétin.
Et Théa comprit qu'il n'y avait pas besoin de voir pour être aimé. Elle avait repris sa revanche sur la vie.
Et ils continuèrent leur promenade à deux, comme dans un conte de fée.
Il était une fois une petite fille. Elle était née avec un fardeau sur les épaules qui s'alourdissait au fil des années. Son chemin était parsemé d'embûches et de cailloux. Mais elle rencontra une personne qui lui ôta son fardeau, changea les embûches en miracles, et les cailloux en ponts.
Ils prirent ces ponts ensemble, et côtoyèrent le paradis. Bien sûr toutes les vipères continuèrent à cracher leur venin. Mais peu importe, ensemble ils avaient trouvé le remède.
L'amour.
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Et on parlera des nuages
RandomThéa est aveugle. Adam est artiste. Et si Théa et Adam tombaient amoureux ?