pdv : Isaiah
Vingt-deux heure sonna au clocher de Small Heath. La nuit n'était pas très avancée et je sortais juste d'une réunion des Peaky Blinders. Avec l'entrée de Thomas au parlement, la situation changeait radicalement et notre organisation aussi. Je décidai d'aller finir la nuit au Garrison, prévoyant de rentrer chez mon père aux alentours de minuit. J'entrai dans le pub et, comme à mon habitude, m'assis au bar, commandant un wiskey. Je restai immobile quelques instants, mon verre dans la main, repensant aux évènements de la soirée. Si Tommy disait vrai, le semblant de calme que nous avions retrouvé à la mort de Luca Changretta n'allais pas tarder à prendre fin. Mais je n'eus le temps d'approfondir mes pensées car un cri de détresse retentit dans la salle :
- Isaiah !
Je connaissais trop bien cette voix pour ne pas la reconnaitre et me retournais, prêt à intervenir. Derrière moi, assis sur l'un des fauteuils qui meublaient le pub, Finn était recroquevillé sur lui-même, deux hommes debout face à lui, menaçants. Je me levai d'un bond et me plaçai entre eux, rendant leurs regards aux inconnus.
- Tu le défends ? Dirent-ils en riant, Tu es comme lui certainement !
- Qu'est-ce que vous voulez dire comme lui ?
- Tu ne lui as pas dit ? Demanda le plus grand des deux à mon ami avant de se retourner vers moi, Il aime les hommes ton ami ! Et il va attendre ici bien sagement que les flics arrivent pour l'emmener là où ceux comme lui doivent être !
Finn se releva à mes côtés, criant que tout était faux, les larmes aux yeux. Mais je n'y fis pas attention, trop occupé à me battre avec cet homme qui n'aurait jamais dû parler ainsi de mon ami. Je l'empoignai par le col de sa chemise et le plaquai contre le bar dans les éclats de verres. Il tenta de se défendre comme il put mais j'étais bien plus entrainé à ce genre d'exercices. Ma rage finit par retomber et je reculai de quelques pas, prenant conscience de ce que je venais de faire. Je me retournai vers Finn, ne sachant quelle émotion j'étais supposé ressentir. Je l'agrippai par le bras et l'emmenai hors du Garrison sous les regards insistants des autres clients.
Nous déambulâmes dans Birmingham durant un long moment, silencieux. Je voulais lui parler, que nous puissions nous expliquer sur les évènements de la soirée mais je ne trouvais pas les mots. Trop de questions se bousculaient dans ma tête et j'avais peur de le blesser. Qui étaient ces hommes et que voulaient-ils à mon ami ? Comment pouvaient-ils savoir sa sexualité alors qu'il n'en avait jamais parlé à personne ? Nous étions meilleurs amis et je savais qu'il me faisait confiance ! Pourquoi ne m'avait-il rien dit ? Et malgré tout ce qu'il affirmait, aimait-il vraiment les hommes ? Si c'était le cas, peut-être avais-je une chance pour que mes rêves deviennent réalités et que nous pourrions être plus que de simple amis...
Mes pensées furent interrompues par les premières gouttes de pluie qui commençaient à tomber.
- Tu veux venir t'abriter chez moi le temps que l'averse passe ? Me demanda Finn, brisant ainsi le silence.
Je souris en acquiesçant, heureux de pouvoir passer plus de temps avec lui.
Lorsque nous poussâmes la porte du petit appartement vétuste, je me sentis chez moi. Depuis que mon ami vivait ici, j'y passais des journées entières à ses côtés, parlant et s'amusant d'un rien. Je n'avais jamais ressenti quelque chose de semblable chez mon père où régnait toujours la tension créée par son autorité.
Finn se changea rapidement, mettant des vêtements secs et je ne pus m'empêcher de le regarder faire. Heureusement, il ne sembla pas s'en rendre compte. Toujours sans parler, il me tendit une toilette propre. Mon ami était plus grand que moi mais j'étais plus musclé ; le costume m'allait donc parfaitement. Tandis que je me retournais pour passer la tenue, je sentis le poids d'un regard dans mon dos et me retournai précipitamment. Finn rougit instantanément et partit se refugier dans la salle de bain. En le voyant ainsi, ma première pensée fut de me dire qu'il était vraiment magnifique mais, en y réfléchissant mieux, je me surpris à espérer une seconde fois que cela puisse signifier qu'il pourrait peut-être y avoir plus que de l'amitié entre nous.
Après tant d'années passées à ses côtés, je savais qu'il valait mieux le laisser seul et qu'il finirait par revenir lorsqu'il irait mieux. Je m'assis donc sur le petit canapé présent dans la pièce et entrepris de lire le premier livre que je trouvai pour passer le temps. Une dizaine de minutes plus tard, la porte de la salle de bain s'ouvrit lentement et Finn apparut. Ses joues étaient toujours rouges et il semblait avoir pleuré. Je me redressai, l'incitant à me parler mais il vint simplement s'asseoir à mes côtés.
- I... Isaiah, Bégaya-t-il, Peut-être que tu ne voudras plus me voir après ça ou peut-être que tu le sais déjà mais il faut que je te parle de quelque chose.
Je hochai la tête silencieusement. Je ne savais comment réagir ! Fallait-il que je réponde ou au contraire que je le laisse parler ? Fallait-il que je le réconforte d'un geste ou cela le mettrait-il mal à l'aise ? Je n'eu le temps d'approfondir mes réflexions qu'il reprit déjà la parole pour ne murmurer que trois mots :
- C'est vrai.
Je n'étais pas sûr de comprendre. Voyant que je ne répondais pas, il s'expliqua :
- Ce qu'ont dit les hommes au Garrison, c'est la vérité.
Mon cœur rata un battement à ces mots. J'avais rêvé d'entendre ce garçon me dire cela mais je n'avais jamais osé espérer que cela arrive réellement un jour.
- Tu t'en doutais non ? Chuchota-t-il entre deux sanglots.
Si je m'en doutais ?
- J'espérais... Répondis-je avec un sourire en coin.
Du bout des doigts, j'essuyai les larmes qui avaient entrepris une nouvelle fois de tremper ses joues et me penchai vers lui. Il sembla d'abord apeuré et s'éloigna légèrement en me sentant si près de son visage ce qui me fit immédiatement regretter mon geste. Qu'avais-je bien pus penser ? Ce n'était pas parce que le garçon que j'aimais était attiré par les hommes qu'il m'aimait forcément en retour!
Je reculai à mon tour, mon regard lâchant le sien pour aller se fixer au sol.
- Excuse-moi. Murmurai-je, ne sachant que dire pour qu'il oublie ce qu'il venait de se passer et que, bien que je ne le veuille pas tout à fait, notre relation redevienne comme avant.
Malgré tout, je ne pouvais m'empêcher d'être déçu ; j'avais attendu ce moment durant si longtemps et y avais cru si fort ! Un élan de tristesse me parcourut à cette pensée et je dus lutter contre les gouttelettes qui menaçaient de s'écouler de mes yeux. Je refusais de montrer à Finn la peine que provoquait chez moi son refus alors que je savais pertinemment que ses sentiments ne changeraient pas selon mon désir.
Plus que par ses tentatives d'explications bafouillées, je fus tiré de mes pensées par la main de mon ami se posant timidement sur ma jambe. Mon cœur rata un nouveau battement et mon regard se releva d'un coup d'un seul vers le sien. Dans un espoir nouveau et bien que me promettant de ne jamais retenter quoi que ce soit s'il me repoussait à nouveau, je me penchai une seconde fois vers celui qui m'obsédait depuis si longtemps et l'embrassait.
Contrairement à quelques minutes plus tôt, il se laissa d'abord faire avant de me rendre mon baiser. Après quelques instants inoubliables, je me séparai de lui à contre cœur. Ses yeux verts scintillaient d'un éclat qui m'était jusqu'alors inconnu et je ne pus m'empêcher de rire en le voyant ainsi. Il sembla tout d'abord vexé puis, lorsque je le pris dans mes bras pour le rassurer, il se blottit contre moi, souriant à son tour.
Sachant que tout cela était nouveau pour lui, je ne cherchai pas à aller plus loin et raccompagnai celui qui était à présent mon amant jusqu'à son lit où il s'endormit en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire.
Lorsque je rentrai enfin chez mon père, minuit était passé depuis bien longtemps mais peu m'importaient les remontrances qu'il aurait le plaisir de m'adresser, seul comptait le moment que je venais de vivre et les futurs que je pourrais enfin vivre ailleurs qu'en rêves.

VOUS LISEZ
Fisaiah
FanficFinn et Isaiah sont meilleurs amis. Ou peut-être sont-ils plus que cela. À vrai dire ils n'en sont pas bien sûrs eux-mêmes. Sans compter que ce monde dans lequel ils évoluent depuis toujours est loin de les aider. Mais bien que l'avenir puisse faire...