Chapitre 29 : C'est décidé, je m'en vais

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- Il venait... de me libérer.

J'observe le visage sous le choc de Lucien. Il me regarde comme s'il pensait que je lui faisais une blague. Mais je secoue la tête. Il prend quelques minutes pour se remettre les idées en place.

- Il est quand même coupable de plusieurs crimes. Même s'il voulait te libérer, nous n'avons pas d'autres choix que de l'emmener.

Je soupire.

- C'est quoi ce soupire ? Ne me dis pas que tu l'aimes et que tu veux le garder près de toi ?

Si..?

- Bien sûr que non ! Tu me prends pour qui ?

Il soupire aussi, mais de soulagement.
Je remarque que P315 est aussi ici et qu'il m'observe de loin. Lorsqu'il s'aperçoit que je le regarde, il détourne rapidement son regard.
Nous sortons de l'appartement dans le calme. J'observe Mathis, déjà enfermé dans une voiture de police. Il fixe ses pieds, l'air tout triste. Il me fait pitié.

- Tu veux aller fêter ta libération au bar du coin ?

- Avec plaisir ! J'ai juste un truc à faire avant si ça ne te dérange pas.

- Bien sûr que non ! Je te dépose où ?

Je lui donne l'adresse de Mathiew et il m'emmène aussitôt chez lui.

/ PDV Mathiew /

Je regarde ma série tranquille. Ça fait maintenant 2 mois que Claire n'a donné aucuns signes de vie. Je m'inquiète toujours, mais à part attendre, je ne peux malheureusement rien faire...
Ça me soule, mais bon. C'est frustrant surtout. Vous savez cette sensation quand on veut aider ou faire quelque chose, mais on ne peut rien faire. On ne sert à rien. Ou quand on dépose sa coloc chez un psychopathe en espérant la retrouver ensuite et emmener le fameux psychopathe en prison en amenant la police chez lui sauf que, entre le temps où on a déposé la coloc et le temps que l'on met pour revenir avec la police, il s'est barré on ne sait où et on veut tout faire pour retrouver la coloc en sachant que c'est de notre faute et que, même si on la retrouve, elle ne nous le pardonnera jamais... C'est en gros ce que j'ai fait le "on" signifie en réalité "je" en parlant de moi. Quel con je vous jure...
Je m'en voudrai à jamais. Elle m'a déjà pardonné le fait de l'avoir humiliée alors me pardonner le fait de l'avoir déposée chez un psychopathe en lui faisant croire que je ne voulais plus d'elle et que je la ramenais chez sa grand-mère ou sa tante ou qui vous voulez, un membre de sa famille quoi. Son tuteur. Et non tueur si on retire le "T". Là dans ce cas je suis juste l'assistant du tueur... de l'assassin... bref de qui vous voulez ! Je suis l'assistant de Mathis dans son enlèvement !
Je crois que je ne m'en remettrai jamais...
Je suis plongé dans mes pensées quand j'entends toquer à la porte. Personne n'a sonné pour entrer dans l'immeuble... ou la personne veut juste aller chez les voisins et elle s'est trompée d'appart ?
Je me décide enfin à me lever lorsque les coups de poings contre ma porte se font de plus en plus insistants.

- Ça va, doucement pas la peine de me casser la porte non...

Ma bouche reste ouverte et refuse de se fermer lorsque je vois la personne qui insistait pour entrer.

- Non plus. Ne me remercie pas d'avoir finis ta phrase.

Je ne bouge plus. Toutes mes pensées se sont arrêtées d'un coup. Je reste là, à la regarder de haut en bas comme si elle était irréelle.

- Les bons accueils, tu connais ? Ou Mathis ne t'as pas appris à accueillir les gens après leur avoir menti et emmené de force chez un psychopathe ?

Je me reprends d'un seul coup lorsqu'elle me ramène sur terre.

- Claire... écoute, s'il te plaît...

- Apparemment tu en as des choses à me dire alors je refuse de t'écouter sans un verre d'eau, une chaise et des cookies. Spécialement des cookies.

En temps normal j'aurais ricané à sa passion pour les cookies, mais là... c'est à peine si j'arrive à me croire dans la réalité. Je suis dans un rêve, c'est pas possible !
Je me pince plusieurs fois, de plus en plus fort, mais non. C'est bien réel.
Je la fais entrer et lui serre un verre d'eau avec une assiette remplie de cookies maison que j'avais préparé avant de commencer ma série.
Nous nous installons dans le canap et restons silencieux.
Je me décide à lancer la conversation.

- C'était soit je te ramenais chez lui en douceur, sois il venait te chercher de force et il allait te torturer...

- C'est pas ce qu'il m'a dit.

- Et il t'a dit quoi ?

- Il m'a dit qu'il t'avait menacé de te violer.

- Quoi ?! Et tu crois vraiment que je t'aurais livré à lui pour ça ?! Je sais me défendre quand même ! Je ne voulais juste pas qu'il te fasse du mal... c'est tout. Crois-le ou non, je ne dis que la pure vérité. Après si tu décides de croire ce con, c'est ton problème.

Elle reste silencieuse. Non, s'il-vous-plait... Ne me dites pas qu'elle va le croire lui et pas moi..?

- Il ne t'a pas torturé malgré tout au moins ?! Dis-je l'air tout d'un coup inquiet.

- Si tu parles seulement des appareils chez lui avec lesquels il aurait pu le faire, non il ne m'a pas torturé.

Je soupire de soulagement.

- Mais il m'a pas mal torturé mentalement. Il m'a forcé à porter des fringues de pute, à aller dans des bars avec lui et tous ses potes qui buvaient au moins 5 litres de bières par minutes. J'avais carrément un bracelet qui risquait de m'électrocuter si jamais j'étais trop loin de lui !

Il lui a vraiment fait subir ça ?
Quand il sortira de prison, ce type est mort.

- Tu ne lui feras rien.

À mon air incompréhensible, elle continue.

- Lorsqu'il sortira de prison, tu ne lui feras rien sinon tu risques d'y aller à ton tour. Ce serait ballot. Et c'est certainement pas moi qui te paierai ta sortie.

J'ai dû parler à voix haute. Et elle n'a pas tort, mais je sais que ce n'est pas que pour ça qu'elle ne veut pas que je le touche. Il y a forcément quelque chose d'autre.

- Et sinon, si tu me détestes à ce point, pourquoi être venue ici ?

Elle prend une grande inspiration qui ne m'inspire pas vraiment confiance et répond une phrase que je ne l'aurais jamais cru capable de dire.

- Je ne reviendrai plus jamais ici, je ne répondrai plus à tes appels, ni à tes messages. Je compte aller vivre chez Mathis définitivement lorsqu'il sortira de prison et je vais me battre pour l'aider à sortir plus vite. Et c'est pareil pour tout ton groupe de potes et mes frères. Je ne veux plus jamais entendre parler de vous.

Devenir Coloc Avec Son Pire Ennemi T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant