Chapitre 33 : Bonjour Mathis

131 13 2
                                    

Je me réveille bien plus tôt qu'hier. Je regarde l'heure : 13h. Oui, bah c'est plus tôt... Je descends les marches 2 par 2 et fonce dans la cuisine pour trouver un truc à avaler vite fait. Je prends un morceau de pain avec un peu de fromage, ça fera l'affaire. Je finis de manger et tombe nez à nez avec Lucien.

- Hey, comment tu vas ? Dis-je sur mon ton le plus neutre possible.

- Bien et toi ? T'es pressée ?

- Ouais, moi ça va. Et oui, je me suis levée un peu tard et on devait faire une petite sortie avec Cameron.

- Oh, vous allez où ?

Je cherche le plus rapidement possible la réponse la plus crédible de mon répertoire, mais je me fais devancer.

- On va lui chercher des tampons. Je préfère ne pas la laisser y aller seule, vu le nombre de tarés...

Je lui jette un regard noir malgré le fait qu'il vienne de me sauver la mise. Il me fait un clin d'œil.

- Ah ok. Quand tu m'as dit sortie je pensais que vous alliez dans le parc à quelques kilomètres, excuse-moi. Mais faut pas que tu aies honte de me le dire, on est 2 garçons donc c'est normal que tu n'aies pas un stock énorme.

Je suis toute rouge. Merci Cameron. Merci énormément.

- Oui, je le saurai pour la prochaine fois... 

Je m'éloigne le plus possible d'eux et vais me préparer à sortir. Je mets une petite robe et une paire d'escarpin, me boucle les cheveux et retourne dans le salon afin de rejoindre Cameron qui m'attends sur le canap, déjà prêt à partir.

- Enfin prête ?

- Rooh ça va, j'ai mis que 20 minutes.

- "Que". Souligne-t-il.

- Tu préfères que je mette au minimum 1 heure comme toutes les autres pimbêches ?

- C'est bien tu t'es dépêché t'as mis que 20 minutes. Se corrige-t-il.

On explose de rire avant de se diriger vers la voiture. Nous nous installons et je me sens rougir.

- Ca va ? Tu veux que je mette la clim ?

- Non, c'est pas ça... C'est que pour être crédible, il faudrait vraiment aller en chercher... Merci Cameron.

- C'est vrai que j'y ai pas vraiment pensé... Mais t'aurais préféré qu'il propose de venir et de devoir lui dire non ?

Il marque un point. Nous nous dirigeons donc d'abord à la prison où se trouve Mathis, notre objectif prioritaire. Nous arrivons devant, je stresse un peu et me demande comment ça va se passer. Je suis Cameron jusqu'à l'accueil tout en continuant de stresser. Il se présente en montrant son badge et précise que je suis avec lui. La dame de l'accueil me regarde d'un mauvais œil et insiste pour faire en sorte que je ne puisse pas venir, comme quoi je n'en ai pas le droit et tout le tralala... Cameron finit par lui chuchoter quelque chose à l'oreille, ce qui la fait changer totalement de comportement.

- Évidement ! Quelle truffe je suis... excusez-moi. Il va falloir que je relise ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas ! Cellule 13. Celle qui est isolé, enfin tu connais.

- Merci, Natacha.

- Je t'en pris ! Dit-elle en lui faisant le sourire le moins pire qu'elle puisse faire, je n'ai jamais vu d'aussi horrible sourire ! Même ma grand-mère sourit mieux...

Je suis Cameron parmis les cellules et nous nous retrouvons face à une grande porte en métal d'au moins 2 mètre de haut. Elle est à l'écart de toutes les autres cellules avec un grand 13 marqué  dessus, je suppose que ça doit être celle-là.

- Petit rappel de ce dont tu as le droit et pas le droit dans la cellule : t'approcher de trop près de la vitre, tu n'as pas le droit. Lui parler, t'as le droit. Essayer de le faire sortir, t'as pas le droit. Et tous les trucs logiques. De toute manière, je te dirai à l'intérieur si tu...

- Non.

- Non ? Répète-il.

- J'aimerai être seule à seul avec Mathis. Reste devant la porte, s'il te plaît.

Il fait mine de réfléchir. Je le harcèle du regard pour qu'il accepte. Il soupire.

- Très bien... mais fais vite, j'ai pas toute la journée à poiroter devant une porte.

Je lui fais mon plus beau sourire.

- Merci !! Et ne t'inquiètes pas, je ne devrai pas prendre trop de temps.

Je lui fais un petit bisou vite fait sur la joue et je crois le voir rougir et ne plus pouvoir bouger quelques secondes, mais il se reprend vite.

- De rien, c'est normal. Aller vas-y.

Je hoche la tête et il m'ouvre la porte.

- Première fois que je vois la porte s'ouvrir depuis ce matin ! Vous avez oublié mon...

La voix dans la cellule s'arrête net lorsqu'il me voit. Il est sous le choc. Il ouvre et ferme la bouche comme s'il voulait dire quelque chose, mais qu'il n'osait pas.

- Qu'est-ce qu'ils ont oublié ? Je demande doucement.

- C... Cl...

- Claire, c'est effectivement mon prénom, oui.

Il me regarde, bouché bée, tandis que je l'observe d'un regard et d'une expression neutre.

- Qu'est-ce que tu viens faire ici..? Je ne t'ai pas assez fait de mal comme ça..? Il faudrait en plus que je t'en fasse, même dans une cellule..?

Je reste silencieuse. Il essaye de décrypter mon expression, mais semble avoir du mal. Même moi, je ne sais pas ce que je ressens de le revoir... je ne sais pas moi-même si je suis heureuse, triste, énervée... je sais juste que je suis en face de lui, l'homme qui m'a volé ma liberté un certain temps, privé de mes amis, forcé à faire des choses dont je n'avais aucune envie et la liste est longue...

- Claire... qu'est-ce que tu fais ici..?

- Ça paraît logique : je viens rendre visite à un prisonnier tellement dangereux et recherché depuis des millénaires qu'il est dans la cellule la plus à l'écart et la plus sécurisée et est carrément interdit de sortir avec les autres. Il ne peut accéder à dehors que par la petite porte derrière lui qui mène dans une cours privée.

Il applaudit.

- Joli résumé. Tu peux le refaire à la... mmmh... à la James Bond, tiens !

Je soupire.

- Très bien. Puisque tu ne me prends pas au sérieux, je vais y aller et revenir sur mes pas en repassant par cette jolie porte en métal et ne plus jamais remettre les pieds ici.

Il semble hésiter. Je commence à reculer et à faire demi-tour, mais il m'arrête à 5 pas de la porte.

- Non, Claire ! Reste, s'il te plaît... ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas rigolé qu'il fallait bien que je te taquine un peu...

Je lui tourne le dos et l'écoute sans me retourner.

- Il faut que je t'avoue quelque chose... quelque chose que j'allais te dire avant que les flics débarquent.

Je lui lance un regard en biais, qu'il n'a sûrement pas remarqué car il regarde le sol.

- Je t'aime.

Devenir Coloc Avec Son Pire Ennemi T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant