𝗳𝗿𝗶𝗲𝗻𝗱𝘀 𝗼𝗿 𝘄𝗵𝗮𝘁𝗲𝘃𝗲𝗿 → 𝗈𝗎𝗍𝖾𝗋 𝖻𝖺𝗇𝗄𝗌 ¹

𝗁𝗎𝗂𝗍

Cette fois, c'était JJ qui n'avait pas réussi à trouver le sommeil. Cela ne lui arrivait pourtant jamais, il n'était pas du genre à se torturer avec ses propres pensées pendant des heures jusqu'à s'empêcher lui-même de dormir.

À croire que les choses changeaient, parce qu'il avait passé tout le reste de la nuit assis près du feu, son regard posé fixement sur la tente où Kiara s'était finalement endormie en compagnie de Sarah. Cette dernière s'était proposée pour la veiller, pour qu'elle ne soit pas seule en cas de problème. Et personne n'avait trouvé de quoi protester.

Cela n'avait pourtant pas empêché JJ de tendre l'oreille toute la nuit, attentif au moindre bruit provenant de la tente ou au moindre mouvement, prêt à intervenir. Il ne savait pas vraiment comment il aurait pu aider s'il se passait quelque chose, mais il préférait être paré à toute éventualité.

Comme si tu n'en avais pas déjà assez fait, lui rappela violemment une voix mesquine dans sa tête, qui avait bizarrement le même timbre que celle de son père.

Tout en grattant les braises rougeoyantes restantes dans le foyer avec un bâton, il se passa une main lasse dans sa tignasse blonde qui avait séché un peu n'importe comment, à l'air libre. Le soleil était levé depuis un petit moment, peut-être deux heures. Les autres n'allaient pas tarder à se réveiller, alors il entreprit de raviver le feu mourant pour le petit-déjeuner. Ce fut John B qui apparut le premier dans le silence du campement. Il vint s'asseoir à côté de son meilleur ami, qui semblait être une vraie loque après une nuit blanche et la panique de la veille.

— Ça va, vieux ? Chuchota-t-il en regardant attentivement JJ.

Mais le blond avait toujours été doué pour cacher ce qu'il ressentait vraiment, alors John B ne reçut qu'un haussement d'épaules nonchalant en réponse et aucune émotion à analyser sur son visage. Un masque neutre l'habillait parfaitement, alors qu'il restait fixé sur le feu devant lui.

— J'espère que tu ne penses pas que c'est de ta faute, tenta tout de même John B. Parce que tu n'y es pour rien. Ce qui est arrivé à Kie, c'était un stupide accident.

JJ ne répondit pas, mais sembla tourner les braises avec plus de vigueur. Comme si le bout de son bâton exprimait sa rage dans l'âtre brûlant.

— Ça aurait pu m'arriver avec Sarah, continua John B. Ça aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre nous.

JJ releva soudainement son regard bleu sur son meilleur ami. Ses yeux étaient cernés et rougis, mais pour une fois, ce n'était pas à cause de la consommation abusive d'herbe. Non, cette fois, c'était par la fatigue et la culpabilité.

— Faux, grogna-t-il d'une voix presque cassée. J'attire la merde et les problèmes comme un aimant, et cette fois, c'est Kie qui a pris. C'était ma faute, point.

Il rabaissa son regard, fixant à nouveau le feu qui produisait désormais de belles flammes. John B ne sut pas quoi répondre. D'habitude, JJ n'était pas du style à prendre la faute sur lui. C'était même la première fois qu'il l'entendait culpabiliser de la sorte, et surtout qu'il l'exprimait tout haut.

— C'est théoriquement impossible que ça soit de ta faute, résonna soudain la voix de Pope derrière eux, les faisant sursauter.

Le torse nu, il se tenait devant sa tente et semblait avoir tout entendu de leur conversation. Il vint s'asseoir près d'eux, se calant de l'autre côté de JJ avant de tourner sa tête vers lui, bien que ce dernier continuât de perdre son regard dans les flammes. Comme pour tenter d'ignorer ses deux meilleurs amis qui l'entouraient, qui voulaient lui montrer qu'il n'était pas seul par leur simple présence.