𝗅'𝖺𝗉𝗋𝖾̀𝗌

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( 𝐪𝐮𝐚𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐭𝐚𝐫𝐝 )

C'était une belle journée de décembre malgré la fraîcheur qui avait envahi Chicago depuis le début de l'hiver. Une belle journée sous un grand soleil et un ciel sans nuage, une belle journée pour

ne rien faire.

Si depuis son retour chez elle, Kiara s'était tenue très occupée – entre la rentrée à la fac où elle faisait un double cursus littérature et histoire de l'art, les sorties avec ses potes, son job comme serveuse dans un petit café éthique et son emménagement dans son premier appartement, les jours, semaines, mois s'étaient succédés et avaient gardé son esprit bien occupé ;

assez occupé pour ne pas réellement penser à tout ce qui lui manquait.

Elle n'avait jamais autant parlé avec les Pogues que depuis son retour – messages sms réseaux sociaux appels vidéos et tout ce qui permettait de les garder connectés malgré les centaines de kilomètres qui les séparaient – et pourtant elle avait l'impression d'être plus loin que jamais.

Après tout, chacun avait repris sa vie après l'été qu'ils avaient passé.

Sarah avait fait le choix de partir à Londres comme l'avait exigé son père, parce qu'elle avait l'opportunité d'étudier dans la meilleure université du pays – après les évènements, il lui était impensable de rester à Miami et l'Angleterre l'avait toujours attirée. John B l'avait suivi sans y réfléchir à deux fois et travaillait dans un garage spécialisé dans la restauration de vieux Combi Volkswagen. Pope, lui, avait commencé ses études comme prévu à Stanford, au cœur de la Silicon Valley, après avoir brillamment passé les exams de sa prépa à la fin de l'été – le mystère avait été de savoir où il avait trouvé le temps de réviser et rendre les devoirs au vu des deux mois qu'ils avaient passé. Il leur parlait souvent d'une meuf avec qui il avait été associé en binôme et qui lui tapait sur les nerfs – il leur parlait même trop de Cleo pour qu'elle ne soit que ça.

JJ était celui qui avait le plus disparu de la circulation. Dire qu'elle était surprise aurait été se bercer d'illusions – mais il était presque impossible pour Kie de ne pas être déçue. Elle savait juste qu'il avait écopé de travaux d'intérêt général au suite de ses chefs d'accusation pour destruction de biens privés chez les Thornton.

Mais elle ne savait rien de plus – rien par rapport à son père, rien par rapport à ses dettes,

rien.

Il lui manquait, à chaque instant – et la seule idée que ce ne soit pas réciproque la dépitait au plus profond d'elle-même ; assez pour qu'elle se persuade par déni de ne pas y penser.

Emmitouflée dans un plaid, cette belle journée de décembre, elle alla se blottir sur son canapé chiné en brocante et attrapa le dernier bouquin qu'elle devait lire pour les cours. Le soleil rentrait à flots par les trop grandes fenêtres de son séjour et c'était uniquement lors de temps comme celui-ci qu'elle les appréciait ; autrement, elles l'angoissait avec leur immense envergure qu'elle couvrait généralement avec des rideaux pour ne pas sentir épiée.

Elle avait à peine entamé un nouveau chapitre de son livre, qu'on toqua à sa porte quelques coups. Sûrement sa mère qui, comme tout les week-ends, passait à l'improviste pour s'assurer qu'elle ne manquait de rien – et qu'elle ne se retrouvait pas de nouveau impliquée dans des emmerdes ingérables pour elle. Ça avait été un miracle qu'elle la laisse d'ailleurs emménager seule après tout ce qui lui était arrivé à Miami.

En soufflant elle se tira de son assise et traîna des pieds jusqu'à l'entrée avant d'ouvrir la porte sans relever la tête de son livre, juste pour pouvoir terminer la page entamée, avant de souffler :

𝗳𝗿𝗶𝗲𝗻𝗱𝘀 𝗼𝗿 𝘄𝗵𝗮𝘁𝗲𝘃𝗲𝗿  → 𝗈𝗎𝗍𝖾𝗋 𝖻𝖺𝗇𝗄𝗌 ¹Où les histoires vivent. Découvrez maintenant