Chapitre n°3

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La brûlure glaciale de l'acier, la douleur cuisante qui enflammait mon dos. Les fils métalliques qui ne cessaient d'entailler mes poignets depuis des jours. Je hurlais de ma voix éraillée alors qu'ils faisaient couler mon sang encore et encore, sans relâche. Je pleurais et suppliais mais rien n'y faisait, ils voulaient que j'utilise ma magie.

- Arrête de te faire du mal pour rien, sorcière, dès que tu montreras ton vrai visage, tout sera fini, dit l'un d'eux d'une voix doucereuse

Je continuais à les supplier inlassablement, consciente qu'au moment où je leur donnerais raison, je signerais mon arrêt de mort :

- S'il vous plaît, je ne sais pas de quoi vous parlez, je ne comprends pas.

Les larmes roulaient doucement sur mon visage au milieu du chaos de douleur, je voulais juste trouver ma place en apprenant la magie, je n'étais pas préparée à tout ça, je ne savais plus quoi faire, comment tenir, comment supporter la douleur.

Un jour, ma mère et mon père sont partis en voyage d'affaires, me laissant seule à la maison, ça ne me dérangeait absolument pas, j'aimais ce sentiment d'autonomie. J'étais allée étudier à la bibliothèque et lorsque je suis rentrée chez moi, au lieu de me retrouver seule, quelqu'un était assis tranquillement dans le salon, une arme à feu et un poignard à la main. Il s'est levé nonchalamment et m'a fait la conversation comme si tout était normal, comme si il était supposé se trouver là. Mon esprit ne voulait pas comprendre, ne voulait pas renoncer à tout ce qui constituait ma vie, ne voulait pas faire face à la souffrance, à la peur. Alors que j'allais me débarrasser de mon sac de cours dans ma chambre, le diable qui se trouvait dans ma maison m'enfonça avec une précision chirurgicale le poignard dans l'abdomen et me chuchota à l'oreille :

- Tu pensais être cachée, dissimulée sous un masque, mais on n'échappe pas à sa vraie nature. Et la tienne est abominable, et elle te fera souffrir.

Depuis ce jour-là j'étais enfermée dans cette pièce, à souffrir toujours, constamment, partout. J'avais perdu la notion du temps. Ils m'avaient infligé tant de tortures différentes, parfois juste pour leur bon plaisir, que je ne parvenais pas à me rappeler de tout. Ils m'avaient humiliée, me laissant avec des vêtements déchirés et couverts de sang, me jetant de la nourriture par terre et m'affamant. Il m'arrivait de m'échapper, j'utilisais la projection astrale mais cela demeurait rare, j'étais trop faible la plupart du temps. Une partie de moi est morte dans cette pièce et ce qui restait y était toujours, parce que la douleur ne cessait de me hanter, certaines cicatrices visibles sur ma peau tandis que d'autres avaient détruit mon âme.

The tears we hideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant