En émergeant des méandres de l'inconscience, je pris d'abord soin de renforcer tous mes boucliers psychiques, couche par couche, chacune de nature différente pour rendre le schéma imprévisible. Je me mis ensuite à l'écoute de tous mes sens, les amplifiant un par un : la respiration des autres détenus parfois sifflante et difficile, les gardes qui parlaient derrière la porte de la salle qui leur était dédiée, l'odeur métallique et glacée du sang, le sol dur sous mes doigts, les barreaux contre ma tête. J'ouvris doucement les yeux, et observait le plafond. Je laissais mon œil psychique prendre le dessus petit à petit et observait les empreintes émotionnelles des gardes dans la salle. Ils étaient tendus, mais vibraient d'une excitation malsaine et je frissonnais, sachant que c'était de mauvais augure pour mon futur proche. Je décelais également une énergie conflictuelle, et la vue de l'esprit qui en était l'épicentre me glaçât le sang.
Cet homme-là n'aurait pas dû être là, n'aurait pas dû se trouver dans un banal centre de détention, même en ne l'ayant croisé qu'une seule fois, la vue de son esprit fit perler la sueur le long de mon dos, la peur étreignant mon corps comme un étau d'acier qui se resserrait inéluctablement sur mon corps à chaque respiration. Je fermais à nouveau les yeux, mon cœur cognant violemment contre mes côtes quand j'entendis la porte s'ouvrir, la conversation qui suivit acheva de congeler jusqu'à mes os:
- Quand elle sera réveillée, envoyez-la chez le médecin, puis amenez-la moi.
- Monsieur, si je peux me permettre, nous étions près de la briser la dernière fois, nous pouvons toujours y arriver.
- Elle en sait trop pour que vous la tuiez accidentellement, je m'occuperais personnellement de son cas. Vous pouvez disposer, merci.
- Bien monsieur.
J'attendis avec angoisse que leurs pas s'éloignent, puis me plongeait immédiatement dans mon centre psychique afin de m'élever mentalement au-dessus de la mer, très haut, puis à avancer rapidement vers le Nord. Je priais silencieusement pour qu'il soit déjà arrivé à l'Académie durant le temps que j'avais passée inconsciente. Le voyage astral ne me serait pas possible pendant très longtemps, affaiblie comme je l'étais, mais je pourrais avertir Dorian du changement de lieu de détention. En arrivant vers son appartement, je me laissais tomber plus bas, profitant de la sensation de hauteur que m'offrait ce mode de transport. Traversant les murs jusqu'au troisième étage je me laissais flotter dans sa chambre, ne voulant pas faire peur à Eliana, et masquais mon empreinte psychique. M'ayant détecté avant que je relève mes boucliers, il entra et me demanda immédiatement dans quel état physique je me trouvais et j'analysais mon état en même temps que je lui répondais :
- J'ai besoin de sutures en urgence sur mon dos, ma jambe et mon épaule mais à part ça, pas de blessures internes ou d'os cassé, donc ça va.
Il prit son air exaspéré qui signifiait que je sous-évaluais la gravité de mes blessures et voulut poser ses mains sur mes tempes pour me permettre de sceller les blessures un minimum avant que je l'en empêche d'un ton ferme :
- La possibilité du voyage astral est le seul garde-fou que j'ai, s'ils voient que j'ai guéri anormalement, ils tenteront d'empêcher que ça arrive de nouveau. Ce n'est pas la raison de ma venue.
- Tes blessures doivent être traitées dans l'immédiat, tu l'as dis toi-même, alors laisse-moi faire, tu me donneras tes informations plus tard, insista-t-il avec une lueur de culpabilité dans les yeux.
- Non, dis-je avec fermeté, ne te flagelle pas pour ça, c'était mon choix et je savais dans quoi je m'embarquais. Maintenant écoute-moi, j'ai très peu de temps avant qu'ils ne me réveillent de force. Leur dirigeant, Alek Patel, a exigé de s'occuper de moi personnellement et j'ai besoin que tu me sortes de là au plus vite. Je pourrais te lier à moi pour que tu connaisses ma position une fois que j'y serais et je me débrouillerais pour déterminer le système de sécurité qu'ils utilisent. Ils vont m'emmener chez le médecin avant, donc considère-moi complètement opérationnelle à partir du moment où j'aurais établi le lien.
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The tears we hide
Paranormal"Alors, tu joues les gardes du corps maintenant ?" me demanda Dorian, un sourire moqueur dansant sur ses lèvres, très calmement, en poussant sa magie contre mes défenses. "Que pourrais-tu possiblement en avoir à faire ? La seule chose qui t'intéress...