Chapitre n°4

47 4 0
                                    


Les rayons de soleil me tirèrent de mon profond sommeil. Je demeurais désorientée quelques instants, ne sachant plus où je me trouvais ni ce qu'il s'était passé. Soudain, je me redressais vivement alors que tout me revenait en bloc, je jurais sous cape en regardant l'heure, j'étais foutrement en retard et je n'avais réalisé aucun des devoirs que j'aurais dû faire la nuit dernière. Je n'étais JAMAIS en retard et je faisais TOUJOURS mes devoirs, mêmes ceux qui étaient facultatifs. La honte et la panique me submergèrent, l'Académie était très stricte sur les retards et autres oublis en tout genre. Je pris, à contrecœur croyez-moi, la décision de me faire porter pâle.

Je demeurais toute la journée dans ma chambre, à rattraper tout le travail d'hier soir ainsi que la journée de cours et les devoirs que j'aurais dû faire tranquillement ce soir, mais comme il était hors de question que je n'aille pas travailler au sous-sol, je me retrouvais à bachoter du matin au soir. Étudier autant ne m'embêtait pas, pour la simple et bonne raison que cela m'aidait à intégrer des connaissances et à assimiler des pratiques qui me sauveraient peut-être la vie et qui, accessoirement, me passionnaient.

J'eu tout d'un coup une idée folle, risible, contre laquelle tous par le passé avaient mis en garde. C'était de la folie pure, dans presque tous les cas, ça ne servait qu'à semer la confusion dans le cerveau d'une personne cherchant de l'aide. Néanmoins, ce presque était ce qui me faisait garder espoir, parce que j'étais perdue sans cela, je n'avais aucune idée de la manière dont je pouvais procéder pour sauver cette enfant. Vous vous demandez sûrement quelle est cette fameuse option insensée, peut-être certains d'entre vous l'ont-ils même deviné ! Il s'agit tout simplement d'aller dans le couloir dédié au département de divination de l'école pour demander au directeur de celui-ci de lire mon avenir, de me donner une prophétie. 

Oui oui, je suis désespérée au point de vouloir déchiffrer des vers incompréhensible qui n'ont jamais qu'un seul sens. Avant de me rendre compte de la stupidité profonde de ce que je m'apprêtais à faire, je filais discrètement vers le fameux couloir où je mettais autrement rarement les pieds. Lorsque j'entrais dans son bureau, le professeur Osborne m'observa avec surprise, n'ayant pas pour habitude de me voir dans son bureau. Avant que son regard perçant ne rende l'atmosphère trop embarrassante je lui résumai rapidement la situation tandis qu'il semblait dévoiler tous mes secrets de son regard, ce qu'il faisait probablement d'ailleurs. 

Toutefois, il arriva un moment où il se mit à écrire frénétiquement, comme si sa vie en dépendait, l'interrompre à ce moment aurait surement résulté en un stylo planté dans la main, ou l'œil selon son humeur. Après cette démonstration de ses dons, il releva la tête et lu ce qu'il avait couché sur le papier, il me le tendit ensuite et me déclara bien trop sombrement à mon goût :

- Prends garde, la souffrance ne viendra peut-être pas de là où tu l'attends. Pars maintenant, je ne révélerai pas ta présence ici, évite les canapés à la bibliothèque la prochaine fois.

Sans trop réfléchir au fait qu'il savait exactement pourquoi je n'étais pas censée être ici, je me dépêchais de retourner dans ma chambre avant l'intercours, tenant mon précieux papier avec un soin extrême, ressentant jusque dans mes os le pouvoir qu'il contenait. Cela transcendait l'espace et le temps, ce pouvoir était immuable, juste en le sentant effleurer sa peau, n'importe qui serait convaincu de sa vérité, et de son danger, parce que lorsqu'un pouvoir comme celui-ci vous parlait de souffrance, vous ne pouviez pas y échapper, jamais, c'était écrit sur la toile de l'Univers, marqué au fer rouge, et la seule échappatoire était la mort.

Alors que je me préparais pour me rendre au service de sécurité, je reçus l'appel du directeur qui commença ainsi :

- Tu n'étais pas malade aujourd'hui.

Je maudis intérieurement les forces ayant offert à cet homme des dons de perception pareils et répondis :

- Non, mais j'avais besoin d'être seule, et je n'ai pris aucun retard.

Au moins c'était la vérité, il enchaîna :

- Tu n'es pas obligée de venir ce soir, mais tu le feras, donc je te prie d'apporter ce que tu as découvert avec toi s'il te plaît. À tout de suite ! s'exclama-t-il sur un ton enjoué.

J'avais envie de m'arracher les cheveux, j'adorais le directeur, mais il était tellement frustrant à tout savoir tout le temps et à n'être jamais déraisonnable. Il réfléchissais toujours avec une distance critique, avec raison, tandis que moi, j'avais beau savoir faire ça, je ne le faisais jamais et j'agissais impulsivement en écoutant mes émotions plutôt que ma raison sur, disons un certain nombre de sujets. Finissant de me préparer en jurant dans ma barbe, je partis précipitamment vers mon bureau en emportant tout de même avec précaution la fine feuille enchantée.

The tears we hideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant