Chapitre n°9

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Je plongeais la tête entre mes mains, frottant mes yeux fatigués. J'avais passé près de huit heures à étudier, et même avec huit tasses de café, je bloquais. J'avais beau m'échiner à comprendre mon cours les différents niveaux d'existence, les fréquences d'énergie et autres concepts à s'arracher les cheveux, je n'y arrivais plus. J'avais définitivement besoin de me reposer et de manger quelque chose de consistant, pas nécessairement dans cet ordre-là d'ailleurs. Je me torturerais un peu plus avec tout ça demain matin.

Je rassemblais mes affaires et m'installais sur les fauteuils du hall de la bibliothèque. J'envoyais un message à Dorian pour qu'il vienne me chercher, les transports en commun étaient trop surveillés pour que je puisse y mettre un pied sans être remarquée. J'aurais pu créer une illusion pour échapper aux technologies de reconnaissance faciale, mais c'aurait été une perte considérable d'énergie qui n'en valait pas la peine.

Dix minutes plus tard, deux mains chaudes se posèrent sur mes épaules, je ne sursautais pas, j'avais senti sa signature aurique depuis qu'il avait passé les portes du bâtiment. Je me détendis lorsque ses mains commencèrent à dénouer les nœuds dans mon dos, accompagnées de la chaleur caractéristique de la magie guérisseuse. Je fermais les yeux et me penchais en arrière, profitant de pouvoir enfin me reposer. Au bout de quelques minutes, il retira ses mains et me demanda avec une nonchalance amusée :

- Alors, tu as réussi à trouver quelque chose que tu puisses cuisiner ou bien on commande chez le japonais ?

- C'est bon, j'ai trouvé quelque chose qui ne t'empoisonnera pas, ne t'en fais pas ! dis-je en riant.

Je me remis d'aplomb, sortit de mon état d'esprit relaxé et remis mes sens en alerte. Nous partîmes vers sa voiture et je m'endormis à nouveau sur le trajet.

Il me réveilla de la même manière que ce matin et je le suivis sans un mot jusqu'à son appartement, l'épuisement du trajet et de la journée me rattrapant. Heureuse d'avoir finalement fini ma journée, je demandai distraitement à Dorian :

- Tu penses que tu pourrais me lier aux protections de l'appart ? Ce serait utile si jamais il y avait une intrusion, ça répartirait la demande d'énergie sur nous deux plutôt que de saper l'intégralité de la tienne. Et puis, je pourrais voir quels types de boucliers tu veux que je te mette en place dans ton prochain chez-toi. Où est-ce que tu vas t'installer d'ailleurs ?

Nous étions assis sur le canapé, j'avais les yeux fermés. Dorian était un nomade, il voyageait partout, s'installait dans les grandes villes pour éviter de faire parler de lui, travaillait comme mercenaire et venait parfois me rendre visite à l'Académie. C'est bien pour cette raison que je sortis brutalement de mon cocon de relaxation lorsque j'entendis sa réponse nonchalante :

- Je vais t'y lier tout à l'heure, tu seras plus reposée, c'est une bonne idée. Je vais m'installer quelques années à Édimbourg.

Je faillis me taper la tête contre un mur mais il n'y en avait malheureusement aucun à portée de main et j'étais trop fatiguée pour me lever du canapé. Je me résignais donc à lui faire comprendre à quel point ce qu'il faisait allait contre sa nature et contre la prudence qui était nécessaire à sa survie, bref, à quel point c'était stupide :

- Quelques années ? Tu seras incapable de ne pas te faire remarquer aussi longtemps, c'est une petite ville. En plus, tu ne trouveras pas beaucoup de travail, il n'y a que les élèves de l'Académie dans ce coin-là, peu de sorciers en-dehors. Et puis, on va finir par créer une catastrophe si on reste aussi proches l'un de l'autre aussi longtemps, tu te rappelles de l'arbre n'est-ce pas ? Tu étais resté trois jours ! Qu'est-ce que ça va donner sur plusieurs années ? On va finir par tout brûler !

The tears we hideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant