Chapitre n°5

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Après avoir consulté à de nombreuses reprises la représentante du département d'arts psychiques présente ce soir-là, j'en conclus qu'il n'y avait presque aucun moyen de ne pas physiquement entrer dans l'enceinte de la base militaire située en bordure de la capitale. Une réunion exceptionnelle était prévue demain soir, rassemblant tous les membres du département et du conseil d'éthique de l'école pour valider l'opération. Le responsable du département de magie noire, et par conséquent de majeurs dans cette discipline, m'avait inscrit d'office à des leçons de tir, combat à mains nues, combat à l'épée, au couteau et autres techniques meurtrières. J'étais déjà formée à ces techniques, j'en avais fait la demande à mon arrivée, néanmoins, je ne les avaient pas pratiquées depuis environ un an.

Épuisée après m'être occupée de toutes les autres tâches qui m'incombaient, je rentrai sur la pointe des pieds dans mon dortoir et m'endormit immédiatement.

La journée suivante fut l'une des plus chargées de la semaine, entre les neuf heures de cours de la journée, le déjeuner passé à étudier à la bibliothèque et le conseil extraordinaire à la sortie des cours, je ne savais plus où donner de la tête. Mon casier ne parvenait presque plus à contenir tous les dossiers, livres, feuilles et autres choses réjouissantes dont j'avais besoin. Lorsque j'avais énoncé mes conclusions préliminaires devant le conseil, cela avait jeté un froid, l'obligation d'une présence physique sur la base rendait toute l'opération nettement plus dangereuse et compliquée.

Ces sombres préoccupations devraient attendre cela dit, en effet, le service avait également de nombreuses tâches à moindre risque à remplir. Voici donc la raison pour laquelle je me trouvais désormais devant le bureau de l'administration pour récupérer tous mes cours de la semaine prochaine en avance. Une élève, Céline White, devait rentrer chez elle, sa plus jeune sœur, en internat, ne revenait chez elle que rarement alors l'Académie s'assurait que quelqu'un soit toujours disponible pour accompagner Céline chez elle à ce moment-là. Mes cours et devoirs récupérés, j'allais rapidement préparer les quelques affaires que je devais emmener. Nous partions en avion pour le Wyoming à 23h ce soir. Tout en finissant de me préparer, je dissimulais quelques lames le long de mon corps ainsi que deux ou trois shuriken, enfin, je bouclais ma ceinture et y accrochais deux pochettes contenant tout ce qui était nécessaire pour parer aux urgences ainsi qu'un poignard et un katana. Si nous ne prenions pas le jet de l'Académie, j'aurais fait exploser la sécurité de l'aéroport. Je m'assurais de correctement fermer mon long manteau afin de dissimuler le sabre et d'être suffisamment couverte avant de sortir, ma petite valise à la main, en direction des hautes grilles de l'école, en attendant paisiblement ma compagne de voyage sous la neige. L'Académie me manquerait, son manteau protecteur était devenu mon foyer depuis que j'étais revenue, une vraie maison, même si je me sentais seule parfois. Cela m'arrivait d'aller me balader dans une ville à quelques heures de voiture, d'y passer quelques jours pour me changer les idées, mais je revenais toujours, la magie particulière qui régnait sur le château me manquant trop pour être ignorée.

Céline arriva avec plus d'enthousiasme qu'à l'accoutumée, cela dit je n'avais pour référence que les deux autres fois où l'on m'avait confié sa protection donc je n'étais pas tout à fait en mesure de juger. Je la saluais brièvement et nous nous installâmes dans la camionnette de l'Académie. Je regardais le paysage familier du terrain de l'école s'évanouir par la fenêtre, une mélancolie familière me saisissant à la gorge, ma peur irrationnelle de perdre cet endroit pour toujours revenant à la charge. 

The tears we hideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant