J'ouvris les yeux, réveillée par la touche familière de la magie de Dorian sur la mienne. Je me rappelais les événements de la veille et grognais, une migraine bourdonnant à l'arrière de mon crâne. Je connaissais cette sensation, c'était ce que l'on ressentait lorsqu'on avait perdu le contrôle sur la magie qui circulait dans son corps.
Je me retournais dans le lit, surprise de sentir les bras de Dorian autour de moi, pour me retrouver nez à nez avec lui, ses yeux noisettes inquiets me fixant d'un air interrogatif. Je fermais mes yeux et appuyait ma tête contre son torse en murmurant le plus doucement possible :
- Ma tête.
Sans un mot, il orienta sa magie curatrice vers moi, soulageant instantanément la douleur. Je soupirais de soulagement, m'enfonçant encore plus profondément dans les bras de Dorian. La voix de Dorian interrompit ce moment heureux, hors du temps, après quelques secondes :
- Crois-moi, je n'ai aucune envie de me lever non plus mais le taxi de l'Académie t'attends en bas et je sais que tu ne veux pas louper les cours, annonça-t-il, le regret teintant sa voix.
Je grognais à nouveau, enfouissant ma tête dans l'oreiller tandis que je répondis en plaisantant :
- Je n'entends rien ce matin, je ne vois absolument pas de quoi tu parles.
Il me chatouilla pour me forcer à sortir du lit et je hurlais, riant librement. Je me préparais rapidement et m'armait des pieds à la tête sous le regard amusé de Dorian. Je partis rapidement de l'appartement et lançais un regard noir au conducteur lorsqu'il posa un regard insistant sur mes cheveux en bataille.
Je rentrais quelques heures plus tard ce soir-là à cause de mon entraînement au combat et d'une réunion stratégique durant laquelle j'avais transmis la proposition d'aide de Dorian ainsi que la nature particulière de ses compétences.
Entrant dans l'appartement épuisée par ma journée bien remplie et mon entraînement, je me dirigeais vers la salle de bain quand des bras m'entourèrent la taille et me firent tournoyer au milieu du salon. Nous rîmes allègrement, profitant de ce moment volé, heureux.
Je m'arrêtais de travailler autour de vingt-trois heures, m'installant sur la canapé, la tête sur les genoux de Dorian, pendant que nous discutions de la stratégie à adopter pour secourir Eliana :
- Si tu es conscient de ce qui t'entoure et que tu peux me couvrir quand tu partages votre lien avec moi, tu pourras le partager et je nous guiderais, suggérais-je.
- Il y a juste un problème, tu ne supporteras pas le partage constant.
Je baissais les yeux, la honte m'envahit, je n'étais même pas capable de contrôler les effets de mon traumatisme pour sauver une pauvre enfant, la sœur de Dorian bon sang ! Une idée germa dans mon esprit et je relevais la tête, pleine d'espoir :
- Hier soir, tu as mis en place le lien petit à petit, au début je supportais plutôt bien, je ne faisais que voir. C'est quand ses sensations ont envahies les miennes que j'ai perdu pied.
- Tu vas te faire encore plus de mal, rétorqua-t-il, énervé de mon refus de me préserver.
- Je me ferais du mal en y allant de toute manière et on n'aura pas de seconde chance, si on se rate, c'est sur ta sœur que ça retombera. Ils empireront ce qu'ils lui infligent déjà.
Son visage perdit de ses couleurs à vue d'œil lorsqu'il déclara :
- Ce n'est pas possible de faire pire.
Les souvenirs me frappèrent tel un tsunami, ils ne me submergèrent pas quand je répondis d'une voix blanche, hantée :
- Fais-moi confiance, ils peuvent faire bien pire.
Les dernières couleurs s'évanouirent instantanément, il avait vu, compris que je savais précisément de quoi ils étaient capables et finalement, il acquiesça silencieusement.
Ayant envie de lui remonter le moral, je lui proposais :
- Tu veux qu'on s'entraîne ensemble avant de dormir ?
- Et moi qui croyait que tu voulais éviter de tout détruire ici, rétorqua-t-il en riant, ses couleurs lui revenant peu à peu.
- Au pire, on créé un incendie géant, rien de bien grave, le taquinais-je.
- C'est d'accord mais juste un ou deux couteaux sinon on va vraiment augmenter les probabilités de catastrophe, et pas de magie, imposa-t-il.
- Ok.
Nous savions tous les deux que sa dernière requête était toute relative, nos magies se mêlaient, se défiaient dès que l'on combattait ensemble, c'était une chose inexplicable, incontrôlable et sauvage, à notre image. Je sortis mes couteaux de leur gaines et traversais le salon jusqu'à la pièce réservée à l'entraînement. J'offris un vrai combat à Dorian, pas de contrôle, pas de protection, pas de pitié, je le laissais évacuer toute la colère qu'il avait accumulée et j'évacuais la douleur des souvenirs en même temps. Nous ne nous arrêtâmes que lorsque la danse d'acier que nous menions perdit de sa vitesse et de son éclat, nous ramenant à la conscience du monde extérieur.
Je pris ma douche après lui et le rejoignais dans le lit, me pelotonnant contre lui, les couettes serrées autour de nos corps mêlés. Je sentis sa magie me recouvrir d'un doux manteau de protection et m'endormis rapidement après avoir déposé un baiser sur sa joue et lui sur mon front.
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The tears we hide
Paranormal"Alors, tu joues les gardes du corps maintenant ?" me demanda Dorian, un sourire moqueur dansant sur ses lèvres, très calmement, en poussant sa magie contre mes défenses. "Que pourrais-tu possiblement en avoir à faire ? La seule chose qui t'intéress...